En léger recul en 2020, MBDA mise sur l’innovation pour renouer avec la croissance

Share

Résilient face à la crise sanitaire, MBDA présentait hier un résultat en léger recul, à 3,6 Md€. Le groupe européen compte renouer dès cette année avec la croissance, porté par un premier trimestre en fanfare, la montée en puissance du pilier européen et de nouvelles solutions innovantes.  

Des performances qui « restent remarquables »

« 2020 restera une année mémorable, et pour longtemps », commentait Eric Béranger hier lors de la présentation des résultats annuels du groupe. La crise sanitaire « nous a tous affectés, nous affecte toujours », relevait-il.

Aux manettes de MBDA depuis 2019, celui-ci estime néanmoins que « nous nous en sommes très bien sortis en 2020 malgré les circonstances. Nous avons bien entendu subi les effets de cette pandémie en matière d’export mais globalement les performances restent remarquables ».

Le chiffre d’affaires de 2020 s’établit ainsi à 3,6 Md€ répartis à 50/50 entre l’export et le marché domestique. Soit un recul limité à 2,7% en comparaison au pic de 2019, mais un niveau malgré tout supérieur à 2018 (3,2 Md€). Les prises de commande « restent tout à fait honorables » et atteignent 3,3 Md€, portant le carnet de commandes à 16,6 Md€.

Entre autres contrats emblématiques décrochés en 2020, l’amélioration des capacités du missile air-sol Brimstone 3 au profit du Royaume-Uni pour environ 230 M€, le lancement en réalisation du missile haut de trame (MHT) pour la France, ou encore plusieurs packages d’armements navals pour des clients étrangers, dont le Sénégal.

Ces succès sont « le résultat d’une agilité extrême, d’une adaptation intense et d’un sens de l’innovation à une rapidité déconcertante et pas seulement de la part de nos employés, mais également de nos clients », souligne Éric Béranger. Signe de cette résilience, MBDA poursuivra une politique de recrutement à la hausse. Après 1100 engagements en 2020, MBDA espère attirer 1200 nouveaux employés cette année pour compenser les départs et en raison « de l’activité florissante ».

Entre autres succès engrangés en 2020, le contrat de développement et de production du missile haut de trame (MHT) pour le ministère des Armées, une commande évaluée à 700 M€ (Crédits : MBDA)

Un premier trimestre 2021 sur les chapeaux de roue

Après l’écueil de l’an dernier, MBDA veut retrouver la croissance dès 2021. Ici, aucun objectif précis mais des perspectives globalement positives. « Ce que je peux vous dire, c’est que nous sommes confiants sur le fait que 2021 devrait très bien se dérouler au vu de l’année 2020 », considère Eric Béranger. De fait, l’année « a très, très bien commencé » pour le missilier, tant à l’export qu’en France.

Avec l’Égypte premièrement, devenue en février le premier client export du missile de défense antiaérienne VL MICA NG. Début mars, l’entreprise décrochait un premier contrat pour l’Albatros NG, application navale du système CAMM-ER conçu en coopération avec le Royaume-Uni.

En France ensuite, avec la commande le 19 mars de 367 missiles air-air MICA NG. Le même jour, Paris et Rome officialisaient le lancement en réalisation du système de défense antiaérienne terrestre SAMP/T NG, pour lequel MBDA fournira le missile Aster 30 B1 NT. « Nous sommes extrêmement fiers de la confiance que nous portent nos clients », résumait Éric Béranger.

D’autres marchés sont annoncés à court terme. Le missilier projette par exemple « de signer et de continuer le projet FC/ASW entre le Royaume-Uni et la France », qui devrait remplacer plusieurs types de missiles anti-navire à l’horizon 2030. La phase de concept s’achève et doit laisser place à une phase d’évaluation durant l’été.

MBDA aura enfin de fortes attentes vis-à-vis du lancement effectif du Fonds européen de défense (FEDef). L’entreprise est déjà investie dans une dizaine de projets européens financés par les dispositifs amont PEDID (LynkEUs, FITS4TOP) et PADR (TALOS, OCEAN 2020, SALOMON, EXCEED, OPTIMISE, INTERACT).

Mais le groupe mise surtout sur les projets TWISTER et EU BLOS engagés dans le cadre de la Coopération structurée permanente (CSP/PESCO). Deux programmes qui seront éligibles à un financement du FEDef, doté de 8 Md€ sur sept ans.

Le système anti-drone Sky Warden, un écosystème modulaire de senseurs et d’effecteurs lancé en février (Crédits : MBDA)

Le rebond par l’innovation

En parallèle à l’activité commerciale, MBDA continue et continuera de développer son portfolio en misant sur les nouvelles technologies. « Comme je l’ai mentionné, nous observons des tensions stratégiques qui ne s’apaisent pas dans le monde. Bien au contraire, nous avons vu ce qu’il s’est passé dans le Karabagh, en mer Méditerranée, en mer de Chine, et je pourrais continuer la liste encore longtemps », énumérait Eric Béranger.

De nouvelles menaces pilotées ou non apparaissent ou prolifèrent, chacune nécessitant une réponse appropriée. Il faut désormais aussi compiler avec les technologies émergentes maîtrisées par des États potentiellement menaçants que sont les armes à énergie dirigée, les missiles hypersoniques, l’intelligence artificielle, l’interconnectivité. Pour les seules armes lasers, « nous avons observé l’existence de cinq programmes de développement déclarés, ce qui signifie qu’il y en a peut-être davantage ».

« Nous avons le devoir de protéger nos nations et de s’assurer que nous sommes toujours à l’avant-garde de ces évolutions technologiques », rappelle Eric Béranger. Son entreprise a donc un rôle essentiel à jouer en matière d’innovation, et sait s’en donner les moyens. Sans mentionner d’enveloppe précise, MBDA confirme allouer un investissement « tout à fait significatif » dans la conception de nouvelles capacités.

Pour MBDA, l’une des réponses tient en une combinaison d’effecteurs (contre-mesures, brouillage, laser, missile) que l’utilisateur peut reconfigurer en temps réel. « Les forces, de plus en plus, auront la possibilité de choisir (…) entre de multiples combinaisons d’effets et d’effecteurs ». Exemple concret dans la lutte anti-drones avec le système Sky Warden, dévoilé en février dernier. Modulaire, mobile, évolutif, Sky Warden est conçu comme un véritable « écosystème » capable de neutraliser toutes les classes de drones même lors de scénarios d’engagement complexes. Un écosystème constitué d’un éventail de senseurs, d’armements et de brouilleurs reliés au sein d’un système C2 unique, et pour lequel MBDA s’est notamment rapproché des Français CILAS et Cerbair.