Des Défense Angels pour soutenir la BITD et parer à la frilosité des banques

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Face un secteur bancaire de moins en moins enclin à soutenir l’innovation de défense, certains ont décidé de parier sur l’audace et l’investissement privé. Baptisée « Défense Angels » et soutenue par la Fédération Nationale des Business Angels (France Angels), l’initiative se concrétisera ce mois-ci en devenant le premier réseau de business angels dédié au financement des start-ups de défense. 

Un engagement autant financier que citoyen

L’idée a germé il y a près d’un an. Les conséquences économiques de la crise sanitaire venaient alors se superposer à un phénomène en hausse : la frilosité croissante du monde bancaire à l’égard de l’écosystème de défense, phénomène confirmé par le délégué général pour l’armement (DGA) Joël Barre en juillet dernier lors d’une audition parlementaire.

Les banques s’étant elles-mêmes mises hors-jeu, d’autres ont choisi de s’appuyer sur une épargne privée qui aura gonflé de 200 Md€ supplémentaires durant la pandémie de Covid-19. Dès lors, pourquoi, au lieu miser sur les monnaies virtuelles ou sur l’immobilier, ne pas consacrer une partie de ses économies au développement de la souveraineté française ?

Pour proposer une réponse tangible, France Angels s’est rapproché pendant plusieurs mois d’acteurs clés, dont le GICAT, un groupe de travail de l’Ecole de guerre ayant planché sur le sujet, et les députés Françoise Ballet-Blu (LREM) et Jean-Louis Thiériot (LR), auteurs d’un rapport remarqué sur le financement de la BITD. En résulte la création de deux dispositifs soutenus par France Angels : « Défense Angels », réseau de business angels dédié à ce secteur et une société d’investissements de business angels (SIBA). 

Tous deux sont destinés à « accompagner et à financer des jeunes entreprises duales, multisectorielles, souhaitant se développer particulièrement dans la défense », souligne France Angels. Ils viendront également combler un vide dans le panel de mécanismes de soutien, ajoutant une nouvelle piste là où il n’existait que trois voies possibles pour se lancer : l’investissement personnel sur fonds propres (love money), les banques et les subventions.

À qui s’adressent-ils ? « À des particuliers qui croient en un projet lié à la Défense. Ce sera toute personne disposant d’une épargne et souhaitant placer son argent ailleurs que dans l’immobilier ou les bitcoins, par exemple », précise François Mattens, directeur des affaires publiques et de l’innovation du GICAT et l’un des initiateurs du projet aux côtés de France Angels. La démarche, financière de prime abord, se veut également citoyenne. Soutenir une pépite innovante, c’est « participer à son niveau à l’effort de défense et à l’effort de réindustrialisation de la France ». 

L’un des drones gonflables développés par DIODON Drone Technology, exemple parmi beaucoup d’autres de start-ups innovantes dont le soutien est essentiel (Crédits : DIODON)

Le « premier étage de la fusée »

Dans un premier temps, la constitution du portefeuille d’investisseurs va néanmoins se concentrer sur les acteurs ayant déjà une appétence pour la défense. Un premier jalon nécessaire pour construire le message et ensuite, élargir progressivement le cercle jusqu’à toucher des populations n’ayant a priori pas de lien avec le monde militaire.

Une fois le réseau sur trajectoire, il s’agira ensuite de parvenir à soutenir environ 25 start-ups duales en trois à cinq ans ayant un intérêt à se développer dans le monde la défense. « Les critères seront ceux fixés par le comité d’investissement en lien avec les partenaires et acteurs de la défense (AID, etc.) ». 

Le ticket moyen devrait atteindre 500 000€ pouvant aller jusqu’à 1 million €. Si le niveau est inférieur à celui du Fonds innovation défense et ses tickets à plusieurs dizaines de millions d’euros, c’est parce que ce nouveau réseau vise des phases beaucoup plus amont de pré-amorçage et d’amorçage. 

« Nous sommes en quelque sorte le premier étage de la fusée, au même niveau que les banques », souligne François Mattens. Ou l’étincelle permettant d’allumer le moteur, quand DefInvest et le FID sont les carburants venant alimenter des entreprises en forte croissance ou en phase d’industrialisation. « Nous serons donc davantage vigilants sur l’aspect entrepreneurial du projet présenté », indique François Mattens.

Défense Angels se veut donc complémentaire et non concurrent des dispositifs existants comme le RAPID, FID ou Definvest. La démarche s’est faite en bonne intelligence et a d’ores et déjà été bien accueillie par l’AID et par Bpifrance. Les critères d’accès, de même que le board constitué de personnalités des mondes des entreprises et de la défense, seront précisés lors du lancement officiel le 26 octobre à l’Innovation Defense Lab.