CaMo : Acte II

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Comme annoncé sur FOB (ici), les forces terrestres française et belge se sont réunies mercredi à Paris pour un premier Comité Directeur « Scorpion/CaMo » (CODIR). Après l’acte politique inaugural, c’est maintenant aux opérationnels d’entamer concrètement « une coopération accrue, notamment opérationnelle, entre les forces terrestres des deux pays », a déclaré le ministère des Armées dans un communiqué officiel.
 

Officiers français et belges à l’issue de la première réunion du CODIR
(Crédit photo: Armée de Terre/Ministère des Armées)


 
Depuis mercredi, la gestion du volet « acquisition » de CaMo est officiellement confiée à la DGA, qui acquérra les 382 Griffon et 60 Jaguar destinés à la Composante Terre belge en coordination étroite avec Nexter, maître d’œuvre industriel du programme Scorpion.
 
Le PDG du groupe Nexter, Stéphane Mayer, s’est dit « heureux de voir le programme CaMo démarrer avec ce premier CODIR, à l’occasion duquel [il a] présenté l’organisation industrielle portée par Nexter, maître d’œuvre du programme, et ses partenaires français et belges. C’est une vraie fierté pour le groupe Nexter de contribuer aux côtés des deux ministères de la défense français et belge à un projet européen de défense. »
 
Liant étroitement État client et État mandataire, ce CODIR est co-présidé par le CEMA, le général d’armée François Lecointre et le DGA Joël Barre côté français, et le général-major Marc Thys, chef de la Composante Terre, et le lieutenant-général Rudy Debaene, Directeur national de l’armement et chef de la Direction générale des ressources matérielles (DGMR), côté belge.
 

L’EBRC Jaguar (G) et le VBMR Griffon (D)
(Crédit photo: Nexter)


 
De ce premier CODIR découle la création de trois comités de pilotage (COPIL), véritables maîtres d’orchestre de la coopération franco-belge. Dirigés par un duo binational d’officiers, ces comités sont depuis hier dotés d’une feuille de route qui guidera leur action pour les années à venir. Ainsi, le COPIL « Programme » est chargé de superviser au quotidien la conduite du programme commun et du contrat d’acquisition des systèmes Scorpion. Le COPIL « Capacitaire », quant à lui, coordonnera la convergence de doctrine et la cohérence capacitaire entre les deux armées. Enfin, le COPIL « Armement » aura pour tâche d’exploiter les nombreuses « portes » entrouvertes par l’accord intergouvernemental (AIG) signé le 7 novembre. Loin d’être hermétique, le programme CaMo n’est en réalité qu’un prélude à l’intégration d’autres capacités et de futures doctrines du domaine terrestre. Outres les co-directeurs, chaque COPIL accueillera « un certain nombre » d’officiers permanents et d’experts détachés en fonction du besoin. 
 
Mais l’intégration Scorpion/CaMo va bien au delà du CODIR et des COPIL. Derrière ces comités existe une véritable structure « miroir » mise en place par la Défense belge pour se greffer au schéma adopté par la France pour le programme Scorpion. Tant le directeur que l’officier programme français travaillent désormais en étroite collaboration avec leurs homologues belges respectifs. Et la logique se répète parmi les strates subordonnées avec pour objectif de faciliter les échanges bilatéraux dans l’ensemble du « spectre Scorpion », au bénéfice des deux armées.
 
De surcroît, trois officiers de la Composante Terre sont depuis longtemps déployés au sein de l’EMAT, du CFT de Lille et du Laboratoire du combat Scorpion (LCS). En tant que membres à part entière de l’équipe de projet binationale, ils exercent notamment des responsabilités dans le domaine de la doctrine, de l’exécution du projet et du déploiement du projet dans les unités. Certains de ces « insérés » auront par ailleurs un rôle de représentation au sein des différents COPIL en cas d’absence d’un co-directeur. À l’heure où nous écrivons ces lignes, l’officier intégré au LCS, par exemple, est à Mourmelon pour assister à un nouvel exercice virtuel Scorpion et participer étroitement à l’élaboration des préceptes du combat de demain.