Watchkeeper à Ascension

Parmi nos lecteurs vous êtes sûrement plusieurs à rêver de vacances sur une île paradisiaque : cocotiers, plages de sable blanc, plongées parmi les poissons tropicaux, boissons fraîches, etc. Une poignée de soldats britanniques, eux, passent une partie de leur été à apprendre à piloter le drone Watchkeeper sur une île qui, bien que tropicale, n’a rien d’un paradis pour vacanciers.
 
 

 

L’île de l’Ascension, située au sud de l’Equateur (7°57’S 14°22’O pour être précis), à 2250 km à l’est du Brésil et 1600 km à l’ouest de l’Afrique, est essentiellement couverte de coulées de lave et de cônes de cendres. La chaleur ambiante de son climat tropical désertique n’est soulagée en moyenne par la pluie qu’une trentaine de jours par an.  L’île n’a pas de population indigène, et les 880 personnes présentes sur place y sont essentiellement pour travailler soit à la base de la Royal Air Force, à la station de relais Atlantique de la BBC, à la base de l’US Air Force (qui, avec la NASA, opère un télescope chargé de traquer les débris spatiaux), à la station de suivi des fusées de l’Agence spatiale européenne, à l’installation SIGINT anglo-américaine,  pour l’une des quatre antennes au sol du Global Positioning System (GPS), ou, plus récemment, au laboratoire de recherche mobile du département de l’Énergie américain. Cette petite communauté à été rejointe, au cours des dernières semaines, par des membres du Tactical Unmanned Air Systems (TUAS) Regiment du 47 Regiment Royal Artillery de l’armée britannique, dont 16 s’entraînent cette année au pilotage du drone Watchkeeper.
 

 
L’île de l’Ascension n’est sans doute pas une destination de vacances

idéale (des lieux tels que Devil’s Ashpit – la fosse au diable – ou encore Comfortless Cove – la crique inhospitalière – ne sont que deux exemples de noms de lieux particulièrement rebutants !), mais l’armée britannique l’estime parfaite pour l’entraînement au pilotage des drones : le climat est idéal, la piste de décollage n’est jamais encombrée et le trafic aérien civil dans cette partie de l’Atlantique est négligeable comparé à celui de la Grande-Bretagne.
 
La formation au départ de l’aéroport Wideawake (‘Toutéveillé’ : quelle peut bien être l’origine de ce nom ?) situé sur la côte sud de l’île constitue l’étape finale de l’entraînement des pilotes. Celui-ci a démarré en janvier avec une phase de vols habités et un cours théorique au sein du centre de formation Watchkeeper à Larkhill, dans l’ouest de l’Angleterre.
 
L’armée britannique a désespérément besoin de ces pilotes pour mettre en œuvre des systèmes acquis pour 1,2Md£ auprès de Thales. Selon un article publié le 1er décembre 2015 par le Bureau of Investigative Journalism, l’armée britannique n’avait que six pilotes formés en septembre 2015, dont deux civils. « Je pense que vous serez stupéfaits par le peu de pilotes que nous avons », expliquait le commandant Tom Luker, commandant en second du 47 Regiment Royal Artillery, cité dans cet article. D’après ce dernier:  « Le Watchkeeper n’a été en action qu’une seule fois – lors d’un déploiement éphémère en Afghanistan durant lequel il a volé pendant 146 heures entre septembre et octobre 2014, juste avant la fin de la mission de combat britannique. »
 
Le Watchkeeper devait être entièrement opérationnel il y a trois ans. Selon le ministère de la Défense britannique, plusieurs facteurs expliqueraient le retard, dont la pénurie de pilotes qualifiés et de personnel de soutien logistique.
 

 
(Envie d’en savoir plus sur l’île de l’Ascension? Voici un site internet fascinant que je vous recommande)