La munition « airburst », programmée pour exploser après un temps de vol donné, permet d’atteindre des cibles abritées derrière des obstacles sans avoir à les toucher directement. Conséquence directe de l’aventure afghane, Nexter Munitions termine actuellement la mise au point de l’obus de 25mm en version airburst destiné au VBCI. Le scénario rencontré à maintes reprises par les opérationnels est connu : un groupe d’insurgés bien planqué derrière le mur d’un compound, harcelant les troupes de l’ISAF. A 1000m de distance, il faut compter trente à quarante obus de 25mm pour hacher menu un mur en terre de 80cm d’épaisseur pour in fine atteindre les cibles. Avec une munition airburst explosant à la verticale des insurgés, le nombre de coups nécessaires est réduit de 90% : un tir optimal trois ou quatre mètres au dessus du mur après avoir télémétré la cible et le tour est joué. La munition airburst serait 30 à 40% plus chère que la simple explosive, mais la seule réduction du nombre de coups nécessaires la rendrait rapidement rentable d’un point de vue comptable… Précisons que la tourelle du VBCI est équipée de deux magasins : le premier pour les obus flèches et le second pour les explosifs. L’airburst ayant également la capacité d’exploser à l’impact, son utilisation permettrait de cumuler les trois effets possibles en tourelle…
Après une première étude demandée par la DGA en 2005, la munition arrive aujourd’hui à un degré de maturité industrielle. La faisabilité a été démontrée, avec notamment plusieurs centaines de coups tirés l’an dernier contre des objectifs distants de 700 à 1200m. Reste à industrialiser le produit.
Toute la difficulté sur une arme automatique en moyen calibre est de programmer la munition à une cadence élevée : 400 coups par minute. La fusée chronométrique de chaque obus doit en effet être programmée en une fraction de seconde avant le tir pour ensuite exploser après un temps de vol donné. Cette programmation se fait par induction, avec un système intégré dans l’arme qui fait l’économie d’un contact direct avec la munition. La conduite de tir doit également être adaptée pour gérer cette programmation. Nexter envisage l’intégration de la fonction airburst dans la conduite de tir du VBCI d’ici 2014. L’industriel bénéficie également d’un autre PEA (programme d’études amont) avec la DGA pour accroitre l’efficacité terminale de la charge militaire de l’obus, en maitrisant la taille des éclats et leur dispersion. Ce PEA devrait courir sur 2012-2013 et déboucher sur une industrialisation complémentaire. La balle est dans le camp de la DGA avant d’être dans celui des insurgés…
Notre illustration : la tourelle du VBCI avec son canon de 25mm (photo Frédéric Lert)