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Une enveloppe de 413 Md€ pour « transformer » les armées d’ici 2030

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La France consacrera 413 Md€ à son outil de défense entre 2024 et 2030, a annoncé hier le président de la République Emmanuel Macron lors de ses traditionnels vœux aux Armées. Depuis la base aérienne 118 de Mont de Marsan, il a présenté les grandes lignes d’une nouvelle loi de programmation de « transformation ». 

Vers des Armées « transformées »

« Après avoir réparé nos armées, nous allons les transformer », déclarait le chef de l’État. Une transformation dont l’anticipation était devenue nécessaire au vu de la dégradation de l’environnement sécuritaire européen. « Comme la Revue nationale stratégique le détaillait, les menaces sont multiples et s’agrègent plutôt qu’elle ne se succèdent », soulignait le président de la République. Le travail de remontée entamé en 2019, « le nouveau projet de loi de programmation militaire entend le poursuivre et l’amplifier » au travers d’efforts « à proportion du danger, c’est à dire considérables ».

« Je solliciterai de la représentation nationale que nous puissions consacrer sur la période 2024-2030 un effort budgétaire de 400 Md€ ». S’y ajouteront 13 Md€ issus de ressources extérieures pour porter la manne à 413 Md€ sur sept ans. Un chiffre à mi-chemin entre les espoirs des états-majors et la proposition de Bercy. Et surtout, selon la présidence, de quoi progresser sur quatre axes : le renforcement de la souveraineté, l’anticipation de la haute intensité, la défense des espaces communs et le renouvellement des partenariats. 

Les différentes marches annuelles ne sont pas encore connues mais le ministre des Armées, Sébastien Lecornu a d’ores et déjà donné précisé la finalité. « En 2030, le budget des armées aura doublé depuis 2017 », détaillait-il en marge du discours présidentiel. Soit plus de 65 Md€ en fin de LPM en euros constants 2017, contre 44 Md€ pour l’exercice en cours.

Ce sursaut financier, d’environ 30% par rapport à la LPM actuelle, sera-t-il suffisant pour répondre à l’éventail disparate d’objectifs de la RNS ? Rien n’est moins sûr au vue des nouveaux paramètres à prendre en compte. À la poursuite des grands programmes capacitaires s’ajoutent l’inflation des matériaux et énergies, la nécessaire question des stocks, l’entrée en service de matériels dont le soutien sera plus coûteux, mais aussi une réserve opérationnelle dédoublée et ses 100 000 réservistes à former, équiper et entretenir. 

Surtout, l’effort national demandé intervient sur fond de crise socio-économique et six mois après un remaniement parlementaire partiel moins confortable pour la majorité présidentielle. Que ce soit à l’égard de la représentation nationale ou des citoyens, les armées devront non seulement expliquer, mais aussi et surtout convaincre. 

Entre promesses…

En attendant le document proprement dit, les cycles d’auditions parlementaires et les rapports qui en découleront, quelques point clés et enjeux chiffres sont désormais connus. Là où la précédente LPM mettait l’accent sur la capacité expéditionnaire et la lutte contre le terrorisme dans, la prochaine doit amener les armées à pouvoir combattre « dans des environnements contestés, face à des adversaires aguerris, technologiquement redoutables sur tout le spectre de la conflictualité ». C’est ce que le président de la République a appelé « le pivot vers la haute intensité ». 

Face au spectre moins diffus d’un engagement majeur, « nous devons être capables d’agir plus vite, d’être plus réactifs ». En d’autres termes, désormais bien connus : rehausser la préparation opérationnelle, renforcer la disponibilité, adapter les échelons d’alerte, muscler les stocks, la logistique, le soutien opérationnel.

Ce pivot supposera de consolider la dissuasion, « notre cœur de souveraineté » et « un élément qui fait de la France un pays différent en Europe. Nous mesurons à nouveau, en analysant la guerre en Ukraine, son importance vitale », complétait Emmanuel Macron. La dissuasion, mais aussi le renforcement des postures permanentes et l’action dans les nouveaux champs de conflictualité, que sont l’espace, le cyber, l’information.

Parmi les quelques pointes d’effort relevées, « des capacités accrues de renseignement ». La prochaine LPM en augmentera « massivement » les crédits, de près de 60%. De quoi, entre autres, doubler les budgets de la Direction du renseignement militaire (DRM) et de la Direction du renseignement et de la sécurité de défense (DRSD). La résilience cyber n’est pas oubliée, avec un objectif de doublement de la capacité de traitement des attaques majeures. 

D’autres enseignements sont enfin pris en compte. La défense sol-air – ou « solaire » selon l’Élysée – sera augmentée d’au moins 50% dans toutes ses couches. Autre RETEX de la guerre en Ukraine, les feux longue portée disposeront de leur ligne budgétaire. Les armées devront, enfin, « intégrer l’ère du drone, investir dans le quantique, ne pas croire seulement en l’intelligence humaine (…) mais la compléter, la décupler par l’intelligence artificielle ». Autant de sujets pour lesquels la France n’est pas à l’avance.

Et exigences

La mise à jour du logiciel s’accompagne de contreparties. Emmanuel Macron l’a rappelé, cette LPM est le fruit de compromis. « Il y a eu des choix à faire forcément, des cibles à adapter, des modernisations à échelonner ». Hors de question par ailleurs de signer un chèque en blanc au vu du contexte socio-économique. Les promesses sont donc assorties d’ « attentes importantes ».

Pour les armées et la Direction générale de l’armement, il s’agira de « s’organiser pour raccourcir les cycles d’acquisition, accélérer l’expression du besoin, réduire drastiquement les contraintes normatives, développer l’innovation d’usage ». Depuis ceux qui expriment le besoin et le traduisent en programme à ceux qui y répondent industriellement, tous devront « faire beaucoup plus vite, beaucoup mieux, parfois à moindre coût ». 

Contre la visibilité promise, il conviendra dès lors de « faire autrement, raccourcir drastiquement les cycles de production, ne pas céder à la sur-sophistication comme dans d’autres secteurs technologiques, adapter plus vite nos équipements, nos cycles de production aux besoins de nos partenaires, aux exigences d’un conflit. Et ce, dans la durée ».

Entre haut du spectre et rudimentaire, « l’un des pièges serait de s’épuiser en ne cherchant que le raffinement technologique, l’autre serait de ne pas investir dans ces nouveaux moyens ». Des technologies quantiques au matériels « jetables », il y aura de nouveaux équilibres à définir en conservant à l’esprit « notre obsession » de l’exécution à la lettre, inatteignable sans efficacité, maîtrise et sincérité. 

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