Jean-Yves Le Drian doit annoncer les restructurations dans la journée du 3 octobre, lors d’une conférence de presse. Il ne faudra pas en attendre grand chose. Sans surprise l’armée de terre est la principale victime. Un régiment disparaîtra, à savoir le 4ème régiment de Dragon, qui sera remplacé à Carpiagne par le 1er REC (étranger cavalerie) d’Orange. L’annonce a été faite hier aux régiments concernés. Bref, c’est beaucoup de bruit pour pas grand chose… au moins dans l’immédiat. Car si ces premières déflations concernent environ 7000 soldats, au total c’est 34000 postes qui doivent être supprimés (dont 10 000 restant de la précédente réforme portée par le gouvernement Sarkozy). Mais voilà, les élections municipales arrivant (mars 2014), le soucis est de ne pas froisser ou mettre en mauvaise posture un parti socialiste qui risque d’être chahuté.
Le gros des dissolutions reste donc à venir, les choix et annonces des fermetures suivantes ne sont pas encore fixées. Les vagues suivantes seront donc annoncées après les municipales, soit en une seule annonce, soit annuellement jusqu’à 2017, (suppression en moyenne de 7000 postes par an) afin d’étaler les mauvaises nouvelles et de faire semblant de préserver une armée de terre qui prend les restructurations de plein fouet.
Pour mémoire, sur les 34 000 postes à supprimer, 4000 sont hors programme 78. Reste donc 30 000 emplois, dont la moitié seront des postes de combattants, puisque l’armée de terre ne comptera bientôt plus que 66 000 soldats déployables.
Les 15 000 autres postes sont des forces « d’environnement » (soutien, logistique, état-major…), ce qui risque de poser de très sérieux problèmes, quand l’on voit les difficultés de la réorganisation des bases de défense (BDD), comme certains rapports parlementaires ont pu s’en faire l’écho. Sans parler de Louvois…
« Balardisation » de l’EMAT
L’Etat Major de l’armée de terre va lui aussi contribuer à l’effort demandé, de 600 personnels en 2006, l’EMAT s’est déjà drastiquement allégé (440 en 2010) et il devra fonctionner avec bientôt seulement 220 postes. L’EMAT se voit contraint d’alléger ses structures. Il est dorénavant organisé autour de deux sous-chefferies, à savoir celle « performance/synthèses » (finances, études et infrastructures..) et l’autre: « plan/programme » (équipements, MCO…). Pour résumer, cette organisation vise à recentrer le travail de l’EMAT sur les concepts et directives, devenant une sorte de maître d’ouvrage, déléguant les mises en œuvre des décisions aux diverses directions : CFT (commandement des forces terrestres), DRHAT (direction des ressources humaines de l’armée de Terre), DCMAT (Direction centrale du matériel de l’armée de terre) ou COMALAT (commandement de l’aviation légère de l’armée de Terre). « L’enjeu est de pouvoir donner les bonnes informations au CEMAT afin qu’il connaisse l’état de l’Armée de terre et qu’il puisse organiser l’avenir » confiait à FOB, un proche du dossier
Photo : affiche du film « L’adieu aux armes » tiré du célèbre roman d’Ernest Hemingway, où la guerre y est dépeinte comme un événement inévitable dans un monde cruel et absurde.