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Un physicien français décroche une bourse du Pentagone

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Le physicien français Laurent Bellaiche, lauréat du VBFF 2020 (Crédits: université de l'Arkansas)

Le physicien français Laurent Bellaiche, lauréat du VBFF 2020 (Crédits: université de l’Arkansas)


 
L’excellence académique française s’exporte aussi aux États-Unis et, dans ce cas-ci, depuis 25 ans. Actif sur le continent américain depuis le milieu des années 1990, le physicien français Laurent Bellaiche a décroché cette semaine un financement de la Vannevar Bush Faculty, la plus prestigieuse des bourses individuelles accordées par le Pentagone dans le domaine de la recherche fondamentale.
 
Chaque lauréat de la promotion 2020 recevra jusqu’à 3M$ pour financer la poursuite de ses recherches durant une période de cinq ans. Ceux-ci ont été sélectionnés parmi 200 candidatures soumises au département de la Défense afin d’intégrer ce programme baptisé en l’honneur du célèbre ingénieur Vannevar Bush, chercheur au MIT et directeur de l’ex-Office of Scientific Research and Development à l’origine de la DARPA.
 
« Les boursiers de la Vannevar Bush Faculty représentent un vivier unique de talents scientifiques sur lesquels le Département peut compter pour obtenir des orientations, ainsi qu’une ressource exceptionnelle pour former de futurs scientifiques et ingénieurs pour la Défense », déclarait à cette occasion le Dr JihFen Lei, directeur du DDRE(R&T), principal organe de recherche de la défense américaine.
 
Les huit nouveaux boursiers rejoignent 56 chercheurs soutenus actuellement par ce programme et menant des recherches dans les domaines tels que ceux des matériaux, des neurosciences et de l’information quantique. Hormis la poursuite de leurs activités, ces scientifiques sont invités à « collaborer avec les laboratoires de défense et à partager leurs idées avec la direction de la Défense et l’ensemble de la communauté de la sécurité nationale », précise le département de la Défense dans un communiqué.
 
Physicien de formation, Laurent Bellaiche décroche un doctorat à l’université de Paris en 1994. Il y reste une année en tant d’attaché de recherche et d’enseignement avant de rejoindre les États-Unis. Il fut en effet choisi parmi 200 candidats pour réaliser un post-doctorat au sein du Laboratoire national sur les énergies renouvelables (NREL) de Golden (Colorado), principal laboratoire national du département de l’Énergie. Après un passage par l’université Rutgers (New Jersey), il devient professeur de physique au sein du Collège des sciences et des arts J. William Fulbright de l’université de l’Arkansas en 1999. Il y enseigne toujours, de même qu’à CentraleSupélec, à l’université Jiaotong de Xi’an (Chine) et au Luxembourg Institut of Science and Technology.
 
Dans le cadre de ses recherches, le professeur Bellaiche a déjà décroché l’équivalent de 45M$ en prix et subsides de la part d’une douzaine d’institutions, dont le département américain de l’Énergie et l’OTAN. Son principal axe d’étude relève de la prédiction, de la conception et de l’optimisation des propriétés des matériaux. Mais ce sont ses recherches concernant les systèmes ferroélectriques qui auront retenu l’attention des militaires américains. Exploités de longue date par les ingénieurs, les matériaux ferroélectriques ont la capacité de grandir ou de rétrécir lorsqu’un courant électrique les traverse, ainsi que de dégager eux-mêmes de l’électricité lorsqu’ils sont compressés ou séparés.
 
Dans une étude publiée en février dernier, le professeur Bellaiche et quelques chercheurs de l’université de l’Arkansas et de France ont ainsi prouvé l’existence d’une transition inversée dans des films ferroélectriques ultra-fins tendant à contredire la loi fondamentale selon laquelle le désordre provoque une augmentation de la température. Une compétence propre à ce type de matériaux qui pourrait conduire à d’immenses progrès dans le stockage des données, la microélectronique et les capteurs.

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