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En République tchèque, les "2% OTAN" restent la norme

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Une équipe JTAC de l’armée tchèque (Crédit: ministère de la Défense tchèque)


 
La République tchèque était l’un des premiers pays européens à reconnaître l’impact économique de la crise sanitaire sur ses opérations d’armement. Depuis la semaine dernière, elle est aussi l’une des rares nations à avoir officialisé son souhait de maintenir à tout prix le cap budgétaire de ses forces armées.
 
Le 24 mars, le ministère de la Défense tchèque acceptait de renoncer à 105M€ de crédits, soit près de 4% de son budget annuel, pour soutenir les mesures d’urgence entreprises par le gouvernement. Si ces restrictions ne doivent pas menacer les opérations d’armement majeures, certaines d’entre elles ont malgré tout basculé vers un niveau inférieur de priorité. Ce fut notamment le cas pour l’acquisition de deux avions de transport CASA, dont l’avance de 25M€ a été postposée.
 
Le recul de l’épidémie justifie désormais un rebattage des cartes et une redéfinition moins alarmiste des perspectives à court terme. Selon le ministre de la Défense tchèque Lubomír Metnar, le scénario des crises précédentes, lors desquelles l’armée fut l’une des principales victimes des coupes budgétaires, ne doit pas se répéter. Bien au contraire, « la modernisation doit donc se poursuivre », a-t-il souligné le 13 mai lors d’une conférence de presse. Une annonce directement assortie d’actes, le ministre Metnar ayant dans la foulée annoncé la signature d’un accord-cadre de 60M€ avec l’entreprise locale STV Group pour la livraison de 47 000 vestes balistiques d’ici à 2025.
 
Soutenue par le Premier ministre Andrej Babiš, cette trajectoire conserve l’objectif de 2024 pour atteindre le palier des 2% du PIB investis dans la Défense requis par l’OTAN. « Nous ne pouvons pas nous permettre de stopper la modernisation de notre armée. Et nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas respecter nos engagements envers nos alliés », déclarait-il la semaine passée.
 
Pour y parvenir, la République tchèque maintiendra la courbe de croissance budgétaire des armées prévalant avant la crise sanitaire. Celle-ci prévoit notamment une augmentation de 12% des crédits l’an prochain, qui s’élèveront à 3Md€. Si les projections économiques se confirment, les dépenses militaires tchèques correspondront alors à 1,46% du PIB et « dépassera donc l’engagement pris envers l’OTAN, qui est de 1,4% ». Un effort de quelques points qu’il faut cependant relativiser, la République tchèque envisageant une chute de 6,2% de son PIB en 2020 qui ne sera que partiellement compensée l’an prochain. L’effort supplémentaire vis-à-vis de l’OTAN n’est donc pas tant un geste financier que la conséquence d’une contraction du PIB annuel. Côté français, certains parlementaires en appellent donc à s’écarter de cet indicateur d’effort pour se concentrer davantage sur la programmation en valeur absolue.
 
Parmi les grands programmes de renouvellement en cours, « le numéro un en importance est l’acquisition de 210 nouveaux véhicules de combat d’infanterie », rappelle la Défense tchèque. Malgré un avenir économique plus qu’incertain, le ministère planifie toujours la signature d’un contrat d’ici la fin de cette année, les entreprises concernées étant invitées à accepter un étalement du financement sur une durée de six ans. Trois sociétés avaient soumissionné pour ce marché évalué à 2Md€ : General Dynamics European Land Systems et l’ASCOD, BAE Systems et le CV90 et Rheinmetall avec le KF41 Lynx.
 
Malgré une BITD locale robuste, le client tchèque a récemment sourit aux entreprises françaises. Nexter, par exemple, y a ainsi placé 62 exemplaires de son véhicule blindé 6×6 TITUS en juin 2019. Reporté en octobre 2019, l’achat d’un nouveau système de défense anti-aérienne rapprochée (SHORAD) reste dans les cartons du gouvernement avec MBDA pour candidat probable. D’autres fenêtres d’opportunité vont s’ouvrir avec des projets pour l’acquisition de canons de calibre 155 mm et d’une nouvelle flotte de 1200 véhicules tout-terrain annoncés par Prague et qui pourraient parfaitement sourire à quelques grands noms de l’industrie française.

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