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Un effort franco-belge pour recréer une défense sol-air d’accompagnement

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Les forces terrestres belges et françaises travaillent conjointement au renforcement de leur défense sol-air basse couche (DSABC), une dynamique engagée au travers du partenariat binational « Capacité Motorisée » (CaMo) et illustrée par les réflexions entourant plusieurs variantes du Serval. 

La Défense belge l’avait réaffirmé en juin 2022 par la voie de sa ministre faisant fonction : la capacité de défense sol-air très courte portée (VSHORAD) mise sous cocon en 2017 sera « réopérationnalisée » dans le cadre du partenariat CaMo d’ici à 2030. Deux ans plus tard, l’objectif reste non seulement d’actualité mais a basculé dans une phase d’écriture commune du besoin, confirme-t-on de source militaire. De ces réflexions ressort une première esquisse : cette défense sol-air terrestre d’accompagnement se concrétisera notamment autour du missile MISTRAL, appelé à réintégrer l’arsenal belge, et du Serval, petit frère à quatre roues du Griffon. Ce Serval, la Défense belge pourrait en acquérir de 190 à 372 exemplaires au profit de ses états-majors, de ses transmetteurs (groupes CIS) et, potentiellement, de ses artilleurs. 

La configuration telle qu’envisagée actuellement reposerait sur un trio de véhicules. L’un emporterait un lanceur de missiles MISTRAL 3, un autre un tourelleau téléopéré armé d’un canon de 30 mm et le troisième un radar en bande X. Si l’origine du tourelleau n’est pas connue, les regards se tournent vers le système Giraffe 1X du groupe suédois Saab pour le capteur principal. Deux exemplaires avaient été déployés durant les Jeux olympiques et paralympiques pour surveiller les ciels marseillais et parisien, un essai visiblement concluant.

Pour la Composante Terre, l’enjeu sera d’équiper une batterie complète au sein du bataillon d’artillerie. Ce noyau « devrait plus tard évoluer vers une capacité intégrée qui remplit le rôle de Force Protection de la capacité motorisée avec les effecteurs VSHORAD et C-UAS, complétés par les capteurs C-UAS intégrés et par une commande de véhicules et un simulateur de tir », explique le plan STAR adopté début 2022 par la Défense belge. Plus de 358 M€ sont inscrits dans un effort de transformation qui, nouveau gouvernement oblige, est appelé à évoluer. 

Si les couches supérieures du futur bouclier antiaérien relèvent de la Composante Aérienne et – désormais – Spatiale et s’inscrivent dans un horizon plus lointain, le segment bas dépend de la Composante Terre est « un point d’intérêt majeur » exigeant un investissement rapide. « Cela va aller vite », annonce-t-on dans les rangs belges. Le segment VSHORAD demandera un peu de patience, mais la réception d’une première solution serait espérée dans les deux à trois prochaines années en vue d’atteindre l’objectif fixé pour la fin de la décennie. 

La défense sol-air n’est que le dernier exemple en date d’une nouvelle dynamique visant à maximiser l’interopérabilité matérielle. Quand le volet matériel de CaMo démarrait en 2018 par des achats sur étagère, tant la doctrine que certains besoins capacitaires à venir s’écrivent maintenant à quatre mains. Il s’agit de « se mettre d’accord sur le besoin militaire ensemble. C’est une dimension très importante. Nous avons la chance, pour ces nouveaux équipements, d’être ensemble en amont », déclarait le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, en marge d’une visite du couple royal belge dans la capitale française.

« Il y a de nouveaux véhicules qui vont être développés, je pense notamment au véhicule blindé d’aide à l’engagement », indiquait le délégué général pour l’armement, Emmanuel Chiva. Confié à un trio d’industriels franco-belges, le dossier VBAE est en cours de maturation sous la houlette de l’OCCAr. Une ébauche de prototype devrait émerger dans les prochains mois. Derrière ce premier exemple de développement binational, le rapprochement s’étend depuis peu au génie par l’entremise d’un futur engin du génie de combat (EGC). Et d’autres pistes sont à l’étude, notamment dans le champ de la simulation, expliquait le DGA. 

« CaMo, c’est quelque chose de très innovant à la fois dans la conduite du programme et dans les procédures d’acquisition qui ont été mises en place. (…) Nous faisons face aux mêmes défis en termes de coûts et de délais. Cela nous permet de faire une analyse de la valeur commune pour savoir les directions que nous prendrons sur les nouveaux matériels », poursuivait Emmanuel Chiva. 

Côté belge, plus de 1,7 Md€ d’équipements ont jusqu’à présent été commandés à l’industrie française via CaMo. S’y ajoute le maintien en condition opérationnelle, évalué à plus de 1 Md€ sur 20 ans. Si les budgets militaires augmentent, les besoins aussi. Développer et acheter ensemble, c’est donc s’assurer de mieux maîtriser la facture. « Il faut avoir des effets d’échelle beaucoup plus importants », relevait à son tour le général Frédéric Goetynck, devenu vice-chef de la Défense belge (VCHOD) après avoir été à la tête de la Direction générale des ressources matérielles (DGMR).

Pour la Belgique, chaque projet doit désormais participer à la montée en gamme de sa filière industrielle. « Le partenaire militaire est très serré mais ne peut exister sans un partenariat industriel derrière. Ce sont des entreprises belges qui vont fournir du matériel pour les engins français mais c’est également l’entreprise française qui va chercher des compétences, des capacités au sein d’entreprises belges dans des domaines de niche. C’est vraiment un échange qui va s’amplifier, qui va renforcer le tissu industriel européen », complétait le général Goetynck. 

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