Espérée pour début 2025, la contractualisation des premières études du programme franco-allemand MGCS demandera un surplus de patience, annonçait aujourd’hui le délégué général pour l’armement, Emmanuel Chiva.
KNDS France, KNDS Deutschland, Rheinmetall et Thales SIX GTS « sont en train de créer une société de projet » chargée de la mise en oeuvre des futurs travaux de développement, indiquait le DGA à l’occasion d’une audition parlementaire sur le projet de loi de finances 2025. Engagé le 18 juin avec la signature d’une lettre d’intention, le processus « a pris un peu de temps », concède Emmanuel Chiva.
Résultat : un nouveau décalage pour le successeur désigné du char Leclerc. « Alors que nous pensions pouvoir notifier les premiers contrats début 2025, ils seront finalement sans doute lancés ultérieurement », relevait le DGA tout en confirmant que le lancement de cette phase d’études et de démonstrations technologiques « aura lieu dans le courant de l’année prochaine ».
Conséquence directe de l’accord signé fin avril par les ministres français et allemand, cette société de projet acte le rattachement de Thales SIX GTS au trio initial. Un rôle justifié par un engagement discret mais ancien via un plateau interne rassemblant les compétences dédiées au char du futur et par la position centrale du groupe français en matière de connectivité, de cybersécurité, de capteurs ou encore d’intelligence artificielle.
Les travaux confié aux industriels sont désormais répartis au sein de huit piliers capacitaires contenant plusieurs briques technologiques et pilotés à parts égales entre les deux pays. Aux Allemands la plateforme et la protection globale. Aux Français les feux innovants et les capteurs. Les piliers relatifs à l’armement principal, aux outils de simulation, aux systèmes embarqués et à l’infrastructure seront développés conjointement.
Hasard du calendrier, l’annonce intervient au lendemain de la concrétisation du rapprochement entre Rheinmetall avec le géant italien Leonardo dans le domaine terrestre. La coentreprise qu’ils formeront sera chargée de pousser l’option du Panther KF51 en vue du remplacement des chars Ariete italiens. À la tête de l’armée de Terre, la confiance n’exclut pas la prudence. « J’escompte qu’à la fin cela devienne une contribution au MGCS », relevait son chef d’état-major, le général Pierre Schill, la semaine dernière face aux députés. « Je suis en contact très étroit et très régulier avec mon homologue allemand », ajoutait un CEMAT qui « continue à croire à ce système et à l’impératif de son succès ».
La phase 1A de MGCS sera suivie d’une phase 1B amenant à la construction d’un prototype, autre étape dans la matérialisation d’un système de combat terrestre dorénavant attendu au cours des années 2040 et non plus à compter de 2035. Côté français, se pose dés lors la question de la prolongation du parc de chars Leclerc, une problématique qui « aujourd’hui est identifiée », assure le DGA. De nouvelles réflexions apparaissent, alimentées par les retours d’expérience des affrontements en Ukraine et à Gaza. Ainsi, la menace croissante des drones conduit l’armée de Terre à envisager l’intégration de moyens de lutte anti-drones sur le Leclerc. Des solutions temporaires qui, selon le CEMAT, seront acquises sous forme de « patchs » en l’attente d’un bouclier pérenne.
Crédits image : KNDS