Le ministère de la Défense prévoit d’accélérer le programme FICV (Future Infantry Combat Vehicle) estimé à 12 Mds$ (10Mds€), dans le but de lancer (enfin) ce projet en attente depuis près de dix ans. Un programme d’importance pour l’équipement de l’armée indienne qui tarde à se moderniser malgré les investissements, mais surtout un geste symbolique du Mindef indien qui veut en finir avec la mauvaise planification des acquisitions d’armement.
Nous en parlions cette semaine, le gouvernement indien, les responsables militaires et les industriels du pays sont déterminés à revoir la politique nationale d’acquisition d’armement qu’ils accusent d’être à l’origine d’un mauvais équipement des forces. Que ce soit pour un programme domestique ou une acquisition auprès d’industriels étrangers, il a été relevé que l’Inde connaissait de graves retards dans le lancement des programmes puis la livraison des systèmes d’armes.
Sur le volet terrestre, l’une des plus longues attentes des militaires et des industriels est celle du remplacement de la vieille flotte de véhicules BMP-2 d’origine soviétique. Officiellement, leurs successeurs sont attendus depuis 2009, année du lancement du programme FICV, mais aucun véhicule moderne à l’horizon, ni même un boulon ou un écrou.
Face au Pakistan et à la Chine, le besoin est urgent, 2 300 unités de véhicules de combat (chenillés, amphibies et vingt tonnes aérotransportables pour une force de frappe équivalente à un char d’assaut) devant remplacer les 2 610 unités de BMP-2, mais le projet traine, encore et encore; acquis en 1980 le BMP-2 devait être opérationnel jusqu’en 2017. Alors, selon The Hindu qui a pu s’entretenir avec un haut responsable du ministère de la Défense, la ministre Nirmala Sitharaman a décidé de « de déplacer le projet FICV sous la catégorie Make II (…) pour accélérer le programme. » Sous la catégorie « Make II category » créée par le Defence Policy Paper de 2016 pour simplifier les procédures et favoriser le Make In India, l’industrie est libre d’investir dans les programmes identifiés jusqu’au stade du prototype voire jusqu’à l’étape de conception de la première unité du programme, « éliminant ainsi les retards du ministère de la Défense pour les approbations ».
Le projet FICV a été approuvé en 2009, mais n’a guère progressé depuis. Entre 2012 et 2013, le projet avait été retiré et refondu. Trois ans plus tard, le programme était à nouveau sur la table, enfin prêt à porter ses fruits, les systémiers s’étant d’ailleurs pressés au Defexpo de 2016 pour proposer leurs véhicules de combat. À l’époque, on parlait d’une première livraison à l’horizon 2022, mais tout le monde rêvait encore, le Mindef initialement chargé de prendre en charge 80 à 90 % des coûts du programme avait insuffisamment financé le développement des prototypes, retardant logiquement de fait le choix de celui qui préfigurerait le futur véhicule de combat.
Pour accélérer le programme, le ministère a donc décidé de suivre une procédure différente pour le processus d’achat. Selon le Mindef indien, les principales raisons de la décision de retirer l’appel d’offres en date de 2015, auquel cinq entreprises domestiques avaient répondu (Larsen & Toubro, Tata Motors, Reliance, Mahindra et Titagarh Wagons avec Tata Power) et de déplacer le programme vers la catégorie « Make II », viennent des « écarts multiples par rapport à la procédure établie et aux termes de l’appel d’offres. »