LOADING

Recherche

Chars et flottes de combat autonomes : il y a encore quelqu’un ?

Partager

BAE Systems a exposé son concept de char du futur en tant que véhicule de combat autonome soutenu par des flottes de petits véhicules aériens et terrestres également autonomes, travaillant ensemble dans les environnements de combat les plus exigeants. Plus d’êtres humains – ou presque – en vue sur le champ de bataille ?
 

Le concept de BAE Systems - Land pour un char du futur autonome, lui-même accompagné et protégé de drones terrestres et aériens (Illustration : BAE Systems)

Le concept de BAE Systems – Land pour un char du futur autonome, lui-même accompagné et protégé de drones terrestres et aériens (Illustration : BAE Systems)


Alors que les soldats en chair et en os resteront au centre de la prise de décision, le but est d’éloigner les êtres humains d’un maximum de dangers, en utilisant de plus en plus un réseau sans pilote pour les tâches dangereuses. Verser le sang devient politiquement de moins en moins acceptable, surtout en Occident. Question d’efficacité opérationnelle, aussi.
 
En plus de partager des informations de reconnaissance visuelle, le réseau de véhicules aériens et terrestres autonomes agirait comme un périmètre extérieur du char de combat principal. Pour ce faire, les véhicules engageraient des menaces et des attaques avec leurs armes de bord – et contre-mesures – conventionnelles avant de passer aux armes à énergie laser au fur et à mesure qu’elles deviennent disponibles. En intégrant le suivi « ami ou ennemi », ce périmètre pourrait également protéger les troupes débarquées à proximité, détecter et neutraliser les menaces actives et les IED dissimulés.
 
Avec la nécessité de traiter et de réagir rapidement à la quantité croissante d’informations pertinentes sur le champ de bataille, les plates-formes habitées incorporeront des systèmes plus autonomes, réduisant le fardeau cognitif qui pèse sur les décideurs humains.
 
John Puddy, responsable de la technologie chez BAE Systems – Land avait expliqué en 2017 que la société prenait déjà des mesures pour développer les véhicules et systèmes nécessaires à ce concept du futur. Le nouveau véhicule terrestre sans pilote, baptisé « Ironclad » (cuirassé), est ainsi développé pour fonctionner de manière autonome dans le cadre d’un groupement tactique. BAE Systems intègre aussi des véhicules aériens sans pilote (drones, UAV) dans les plates-formes actuelles des véhicules.
 
Ici, on verse évidemment dans le champ de l’intelligence artificielle : « Personne ne peut être sûr de l’avenir, a prévenu John Puddy, mais nous savons que le chemin à parcourir est relativement court pour passer de la technologie disponible aujourd’hui à une flotte de véhicules autonomes partageant la conscience de la situation et, le cas échéant, aptes à prendre indépendamment certaines décisions. Les systèmes de protection active d’aujourd’hui prennent déjà des décisions qui nécessitent des réactions ultra-rapides telles que le déclenchement d’un blindage réactif. Le rythme de développement visé signifie que ces réactions doivent être plus rapides que jamais. »
 
« Le Corps des Marines américains a dit qu’il veut avoir un char autonome dans les cinq prochaines années. Cette évolution pourrait donc se concrétiser très rapidement. Le défi pour nous, à ce stade, concerne moins le développement de la technologie et davantage le débat sur l’utilisation appropriée de l’autonomie sur le champ de bataille et les questions sur la cyber-résilience des plateformes, étant donné la nature évolutive de cette menace.»
 
« Sur base de notre expertise dans la protection de nos plates-formes aériennes contre la guerre électronique, BAE Systems a prouvé sa capacité à gérer l’évolution de la menace des cyber-attaques dans tous les domaines. En ce qui concerne les décisions relatives à l’usage de la force, nous sommes certains qu’il y aura toujours un être humain dans la « boucle » au sein de tout système autonome. Cependant, nous savons aussi qu’il y a d’autres décisions que les humains n’ont pas besoin de prendre. C’est un débat similaire à celui qui concerne les voitures sans conducteur actuellement testées sur nos routes. Nous avons ce débat maintenant pour que le Royaume-Uni devienne un leader dans ce monde d’autonomie. »
 
Bon, si on résume la position de BAE Systems – qui ne se distingue guère de celle d’autres sociétés comparables et dont l’usage de drones d’attaque en Afghanistan et au Moyen-Orient donne un avant-goût –, on ne trouvera plus beaucoup d’êtres humains dans un modèle de guerre qui aura rattrapé les jeux vidéo par son abstraction : des machines lutteront contre d’autres machines et tant pis si un être humain égaré passe par là… Enfin ça, c’est la théorie. Car si les tensions croissantes entre Russes et Occidentaux réveillent le spectre de batailles à grande échelle et de haute intensité – modèle où les engins autonomes pourront donner toute leur mesure –, il restera encore bien des conflits dits asymétriques, des luttes contre-insurrectionnelles et autres formes de conflits où les êtres humains devront jouer un rôle crucial sur le terrain. Unités « classiques » et forces spéciales ont un avenir toujours certain.

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *