Plus rien ne semble s’opposer au rachat d’Arquus par le groupe belge John Cockerill. Désormais « en courte finale », le projet pourrait profiter d’un soutien étatique allant au-delà du seul déclaratoire.
« En clair, tout roule », résumait le ministre des Armées Sébastien Lecornu ce mardi à Paris en marge d’un entretien avec son homologue belge Ludivine Dedonder. « Je me félicite évidemment du rapprochement entre John Cockerill Defense et Arquus, parce que c’est ensemble, aussi, que nous allons créer ce champion terrestre européen », a-t-elle complété.
L’intégration d’Arquus et de son portfolio débouchera sur un acteur dont les opérations combinées atteindraient 1 Md€ de chiffre d’affaires à l’horizon 2026. Mais un nouvel acteur qui s’inscrit aussi dans un « segment sur lequel la concurrence est d’ores et déjà très dur », celui des blindés légers et médians. « Nous ne sommes pas dans le cadre d’une fusion pour un sauvetage. Au contraire, nous sommes sur une fusion pour créer une entité beaucoup plus grosse qui est capable, justement, de prendre des rendez-vous à l’international », relevait Sébastien Lecornu.
Emblématique du rapprochement franco-belge engagé en 2018, le sujet n’aura pas suscité d’inquiétudes particulières dans les rangs parlementaires français. Au contraire, un rapport récent de l’Assemblée nationale souligne une fusion « cohérente industriellement », synonyme d’atteinte d’une taille critique pour Arquus et « de nature à renforcer un partenariat franco-belge déjà particulièrement dense dans l’industrie terrestre ».
« Dans les différents travaux qui sont menés, il y a une volonté que l’État garde un contrôle important de cette entité nouvelle », poursuivait le ministre des Armées. Si celui-ci n’a pas souhaité détailler la teneur de cet « important niveau de contrôle », Paris et Bruxelles se dirigeraient vers une prise de participation directe dans la future entité, explique-t-on de source ministérielle.
Ni les montants, ni les modalités de ces participations ne sont davantage développés, mais l’opération s’avèrerait bénéfique pour chacun. La France conserve un droit de regard sur l’avenir d’un acteur majeur pour ses armées, tandis que la Belgique confirme par les actes sa volonté de renforcer la filière de défense nationale. Il s’agira également de s’assurer de la préservation des emplois de chaque côté de la frontière, un point sur lequel le groupe liégeois s’est d’emblée voulu rassurant. Pour John Cockerill, ces garanties étatiques seront également autant de protections face à l’appétit potentiel de certains autres grands noms du secteur.
Il reviendra au deux chefs d’État et de gouvernement, Emmanuel Macron et Alexander De Croo, d’officialiser ces plans à l’occasion d’une rencontre bilatérale. Hasard ou non du calendrier, Sébastien Lecornu annonçait ce mardi la tenue d’un « séminaire industriel franco-belge » dans les semaines à venir, « potentiellement au mois de juin ou au mois de juillet ». Le créneau idéal pour acter la création d’un « champion franco-belge » ?
Crédits image : John Cockerill