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« Supériorité et souveraineté », le double atout de Nexter pour l’emporter au Qatar

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Après quelques années de parenthèse, la compétition pour la livraison de nouveaux blindés 8×8 aux forces armées qatariennes est repartie de plus belle. Tous les concurrents sont présents cette semaine à Doha pour la 8ème édition du salon de défense DIMDEX, dont un VBCI Mk II accompagné d’une offre de soutien synonyme de transfert de compétences. 

Mettre l’infanterie qatarie sous blindage

Oublié, le gel du programme décrété fin 2017 par la Défense qatarie pour réorienter l’effort vers d’autres priorités. La compétition est repartie de plus belle pour Nexter (KNDS France), qui entend bien inscrire le VBCI dans la lignée des AMX-30 et AMX-10P, VAB et VBL, missile MILAN et autres radars BORA et COBRA fournis au cours des dernières décennies par la filière de défense terrestre française. 

L’objectif reste le même : livrer et soutenir plusieurs centaines de véhicules blindés 8×8, dont quelque 250 dotés d’une tourelle moyen calibre et d’autres déclinés en poste de commandement et véhicules d’évacuation sanitaire. De quoi mettre sous blindage six bataillons d’infanterie des forces terrestre qataries (QELF) et leur permettre d’opérer aux côtés des chars Leopard 2A7+ déjà en service. 

Majeur, ce programme voit s’affronter les principaux acteurs du domaine depuis près d’une décennie. Face à Nexter, l’américain General Dynamics, le finlandais Patria allié à John Cockerill Defense, ainsi qu’un Boxer soutenu par la moitié allemande de KNDS.

Pour la partie française, la « relance » de cette compétition suit de peu une série d’entretiens bilatéraux entre les plus hautes autorités des deux pays. Ces échanges diplomatiques, expressions d’un partenariat stratégique solide, participent à leur manière à soutenir une offre baptisée « Dominance and Sovereignty », ou « supériorité et souveraineté » en français. Pour la constituer, Nexter a misé sur plusieurs références de son portfolio tout en mobilisant les savoir-faire détenus par Arquus, DCI, Thales, Safran, CTA International et MBDA. 

Canon de 40 mm et Akeron MP

De l’Afghanistan au Liban et de la République centrafricaine au Sahel, le VBCI profite des retours d’expérience acquis après plus d’une décennie de déploiements avec l’armée de Terre. En découle une version Mk II améliorée, dernière itération d’un véhicule de combat d’infanterie évalué à quatre reprises avec succès dans le désert qatari. 

La solution offerte aux QELF reprend la tourelle inhabitée RCT 40 construite autour du canon de 40 mm de CTAI. Développé en partenariat avec BAE Systems, ce canon télescopé fait mouche jusqu’à 4 km de jour comme de nuit. Un seul obus suffit pour traiter un éventail de cibles allant du groupe de combattants débarqués au char T55, contre trois pour le calibre 30 x 173 mm avancé par d’autres.  

Hormis les effets habituels, ce canon fournit une nouvelle capacité antidrones grâce à son site de +60° et sa munitions dédiée, l’A3B (ou KE-AB) en cours de développement. Et si l’adversaire déploie un char de dernière génération, le pod rétractable situé à côté du canon emporte deux missiles antichars Akeron MP prêts au tir. Complété d’un tourelleau téléopéré de 12,7 mm, ce couple canon-missile dérivé de celui du Jaguar est la réponse au besoin de supériorité opérationnelle exprimé par le Qatar, estime Nexter. 

Avec ses 13 m3 de volume interne, le VBCI Mk II embarque huit combattants sur 1000 km, mais aussi jusqu’à 140 munitions de 40 mm, 600 munitions de 12,7 mm, deux missiles Akeron MP supplémentaires et d’autres équipements spécifiques selon la mission. Sa structure en aluminium limite la prise de masse tout en offrant une protection balistique de niveau 4, et jusqu’à 5 en option, et anti-mines de de niveau 4A-4B.  

Miser sur la localisation

La souveraineté revête ici un double visage. D’une part, l’offre française est la seule à garantir une provenance unique, quand l’un des concurrents propose un châssis conçu en Allemagne, produit au Royaume-Uni, doté d’une tourelle norvégienne elle même armée d’un canon américain, un « empilement » potentiellement source de casse-tête administratif. D’autre part, Nexter propose d’investir durablement dans la filière de défense qatarie au travers d’un rapprochement avec au moins un partenaire local. 

Pour renforcer sa position, Nexter envisage de réaliser l’assemblage final des véhicules ainsi que le MRO (Maintain, Repair and Overhaul) au sein d’une ligne d’assemblage et d’un centre de soutien installés à Doha. Les premières livraisons s’accompagneraient du déploiement d’experts au sein des unités qataries et des bases de soutien et de la mise en place d’un mécanisme de type « train the trainer », création d’un centre de formation et installation de simulateurs ad-hoc à la clef. Hormis les bénéfices en matière d’emploi, la stratégie déboucherait sur une montée en compétences de la filière nationale qui contribuera au soutien du VBCI tout au long de sa vie opérationnelle. 

Enfin, Nexter envisage la localisation de la production des munitions de 40 mm mais pas seulement, car les travaux conduits sous bannière KNDS ont démontré la compatibilité de la gamme d’obus d’artillerie de 155 mm avec l’obusier automoteur PzH 2000 adopté par le Qatar. L’approche s’étend également aux obus de 120 mm pour les Leopard 2A7+ ainsi qu’aux munitions de 30 mm pour les chasseurs Rafale et hélicoptères d’attaque Apache en service. Elle pourrait par ailleurs servir de relais pour de futures opportunités commerciales dans la région. 

De source industrielle, une décision des autorités qataries pourrait tomber dans les semaines ou mois à venir. Un dénouement que quelques acteurs à l’origine absents sur la ligne de départ pourraient néanmoins menacer ou participer à repousser à nouveau, dont le turc BMC. Détenue pour moitié par l’État qatari, l’entreprise ne ménage pas ses efforts pour intégrer le peloton de tête, risquant au passage de ralentir et de politiser davantage un processus dans lequel l’offre française n’a décidément pas à rougir. 

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