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Sherpa Light & transfert industriel : le plan d’Arquus pour convaincre le client roumain

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La Roumanie veut un nouveau véhicule blindé léger et elle le veut vite. Une occasion en or pour Arquus, parti promouvoir une offre ambitieuse à base de Sherpa Light lors du salon « Black Sea Defense & Aerospace » organisé la semaine dernière à Bucarest.

Plus de 1000 blindés légers

Entre le ministre de la Défense roumain et l’ambassadrice de France, les autorités ont défilé sur le stand d’Arquus. Le rendez-vous était en effet important pour le groupe français, dont le Sherpa Light est en lice pour le programme local « ATBTU »*. Le besoin initial porte sur plus d’un millier de véhicules déclinés en une dizaine de variantes, notamment des versions mortiers de 81 et 120 mm, PC, NRBC et antichar. La grande majorité est destinée aux forces terrestres. Quelques dizaines d’exemplaires seront fournis aux forces spéciales. Le contrat initial est évalué à environ 750 M€, éventuellement « gonflé » par plusieurs tranches additionnelles portant la cible finale à plus de 3000 véhicules.

Qu’importe le volume finalement retenu, le marché aboutira, assure-t-on du côté industriel. Car le parc de 4×4 roumains, essentiellement composé de Humvee, tombe en lambeaux. Le calendrier semble s’accélérer, nous explique-t-on, et pourrait aboutir à une décision avant la fin de cette année. L’enjeu est donc de taille pour Arquus, qui annonce avoir vendu environ 1100 Sherpa sur dix ans tous clients confondus.

Seul autre concurrent déclaré, le JLTV de l’américain Oshkosh pourrait miser sur les liens politiques étroits établis avec Washington, une relation encore renforcée par le confit russo-ukrainien et par un premier contrat officialisé à l’été 2021. Le JLTV peut aussi sortir la carte de l’intéropérabilité OTAN, celui-ci ayant été choisi par sept États membres, à commencer par la Slovénie et la Macédoine du Nord. D’autres seraient en embuscade, comme Thales et son Hawkei et General Dynamics European Land Systems-Mowag avec l’Eagle.  

Aux arguments majoritairement politiques d’Oshkosh, Arquus oppose une offre technique et industrielle complète sur base d’une plateforme plus ancienne mais éprouvée. En service dans une quinzaine de pays, la famille Sherpa est depuis longtemps déclinée en plusieurs sous-versions. Pour faire monter les enchères, il y ajoute un schéma industriel particulièrement bénéfique pour la filière roumaine.

Un Sherpa « Made in Romania »

Arquus capitalise sur les relations établies de longue date avec l’industrie roumaine et notamment facilitées par la présence historique de Renault. La Roumanie est déjà cliente, sa police militaire ayant acquis quelques PVP. Depuis une décennie, pas un seul véhicule ne sort des lignes d’Arquus sans une pièce fabriquée par une société roumaine. Presque tous les sièges antimines utilisés par l’entreprise française, de même que l’ensemble des supports de roue du VT4 proviennent de là. Ponctuellement, Arquus embarque des savoir-faire comme ceux de Pro Optica, retenus pour répondre à l’intégration de tourelleaux téléopérés sur Sherpa Light Scout au profit de l’export. Ces coopérations suivent leur cours, tant pour les marchés étrangers que pour le client roumain.

Pour répondre à ATBTU, le transfert de compétences et de technologies est le plus ambitieux jamais tenté par Arquus à l’export. Le schéma industriel comprend trois phases. Une première de montée en puissance impliquerait de ramener des ouvriers roumains en France pour les former et construire une capacité de production locale. Selon Arquus, les premiers véhicules pourraient sortir des lignes de Limoges quelques mois seulement après la notification. Et si le besoin s’avère urgent, la capacité grimpera pour parvenir à une vingtaine d’exemplaires produits par semaine. Dans un second temps, les pièces principales continueront d’être produites en France avant d’être assemblées en Roumanie. Quelques éléments seront déjà conçus et intégrés sur place.

Et enfin, une troisième phase actera la délocalisation de la production. In fine, la quasi-totalité du véhicule pourrait être réalisée localement, à l’exception d’une poignée de composants sur lesquels Arquus désire conserver la main. La bascule exigera de développer des compétences auprès d’un partenaire sérieux dans un pays où très peu travaillent sur le segment blindé. L’une des options reviendrait à miser sur la société Automecanică Moreni, filiale du groupement public ROMARM. Restera à valoriser l’investissement en aval, par des marchés de soutien en service du parc roumain, en produisant d’autres tranches ou en participant à des contrats gagnés à l’export, par exemple.

* « Autovehicule tactice blindate de tip ușor », ou « Véhicules tactiques blindés légers »

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