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Service National : tout ça pour ça !

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Quel bel exemple de démagogie ! Pendant une campagne électorale, il y a des promesses, un an et quelques mois plus tard on est rattrapé par la réalité et il n’y a plus rien. Le pire dans l’histoire n’est peut être même pas de passer d’un service militaire à quelque chose qui ressemble à tout sauf à un service, mais plutôt qu’après tous ces mois de travaux, ceux qui sont en charge de la question n’ont franchement pas avancé. Ce projet de service national universel a-t-il vraiment intéressé quelqu’un, puisque personne ne le défend ? Va pour deux fois deux semaines d’enseignement civique qui ne seront même pas obligatoires.
 

Voilà à quoi devrait ressembler le SNU. Quoique non, les militaires n'ont rien à faire dans cette salle de classe. (Photo : une JAPD en 2008 / MAXPPP)

Voilà à quoi devrait ressembler le SNU. Quoique non, les militaires n’ont rien à faire dans cette salle de classe. (Photo : une JAPD en 2008 / MAXPPP)


 
La proposition électorale d’Emmanuel Macron ne débouchera sur presque rien et il faut croire que tout le monde y trouvera satisfaction. Les militaires n’ont pas le coeur à former des jeunes, encore moins les moyens, les jeunes n’ont pas envie qu’on les oblige à vivre avec des militaires ou qu’on les oblige tout court, l’État n’a pas envie de sortir tous les milliards nécessaires, qui pourrait bien pousser en France pour défendre le projet original ? Qui pourrait bien encore se lever pour défendre un projet presque militariste ? Des personnes sans aucun pouvoir probablement. Il est certain que si l’on parle de « militaire » aux décideurs de la capitale et que l’on parle d’efforts budgétaires aux armées, ainsi que d’obligation et de services à nos jeunes un tel projet n’a pas lieu d’être et n’aurait même jamais du être mis sur la table.
 
Il y a donc des personnes qui ont été chargées de réfléchir pendant des mois à l’idée lancée par Macron, celle d’un Service National Universel qui imposerait à tous les jeunes français, à un certain moment de leur vie, de rendre un service à la Nation, qu’il soit militaire ou non, et voilà ce qu’elles ont conclu : ils n’auront pas de service à rendre, il sera difficile de les obliger, la question du national n’est pas pertinente (les jeunes étrangers scolarisés en France pourront y participer), et il n’y aura rien de militaire. En février dernier, nous consacrions un billet pour expliquer que ce projet ne mènerait à rien (mais qui ne l’aurait pas prédit ?) et en cette fin de mois de juin nous voilà presque revenu à la fin mars 2017 quand Macron, invité au micro d’Europe 1 parlait d’une durée d’un mois pour 600 000 jeunes.
 
Aujourd’hui on ne parle plus d’un mois mais de deux fois 12 jours, et on ne parle plus de 600 000 jeunes mais de 800 000. Comme cela s’est senti au fil des discussions sur le sujet, l’aspect militaire s’est clairement estompé pour presque disparaitre. Un autre changement est celui de la classe d’âge, qui a probablement été modifieé pour des questions légales et d’organisation : le « service » ne concerne plus les jeunes passés leurs 18 ans, mais à partir de 16 ans. Et sur la question légale, nous sommes toujours bloqués. Si l’an passé Jean-Jacques Bridey, président de la Commission de Défense à l’Assemblée Nationale précisait qu’il était illégal d’obliger des majeurs à un service, il en est de même pour les mineurs (même si le SNU s’inscrit dans la suite de l’école, celle-ci n’est obligatoire que jusqu’à 16 ans), le rapporteur du groupe de travail sur le Service national universel, le général Mélaouine expliquant aujourd’hui, sans trop s’avancer, qu’une modification de la Constitution était à l’étude. L’an passé, Bridey expliquait lui, que même si la Constitution pouvait être modifiée, il pouvait très bien y avoir un recours devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour barrer la route à ce projet.
 
Bref, à quoi ressemble le SNU aujourd’hui ? Les militaires ne seront là que pour former ceux qui encadreront les jeunes. Les jeunes, eux, ne seront évidemment pas en uniforme, mais bien en « tenue d’activité ». Puisqu’il n’y a pas suffisamment de casernes pour accueillir les 80 000 jeunes à chaque session, ni suffisamment de moyens, il faudra utiliser les infrastructures existantes, comme les centres de vacances ou de pensionnats, a indiqué le général Mélaouine au micro d’Europe 1.
 
Et, que vont-ils faire, ces jeunes ? Voilà la réponse du Conseil des Ministres du mercredi 27 juin : « Le Service national universel est un projet de société qui a pour finalité de favoriser la participation et l’engagement de chaque jeune dans la vie de la Nation, de valoriser la citoyenneté et le sentiment d’appartenance à une communauté rassemblée autour de ses valeurs, de renforcer la cohésion sociale et de dynamiser le creuset républicain. » La première phase, celle qui nous intéresse ici, puisqu’elle est celle prévue pour être obligatoire « constituera l’aboutissement du parcours citoyen débuté à l’école primaire et poursuivi au collège. » Vous avez compris quelque chose ? Si oui, vos éclaircissements sont les bienvenus.
 
Selon les diverses informations que l’on peut trouver dans les médias français, on parlerait de « procéder à un bilan de santé permettant de disposer d’une vision globale sur une classe d’âge. Les adolescents seront également soumis à un bilan scolaire pour déceler les cas d’illettrisme et de décrochage scolaire. Comme lors de l’actuelle journée défense et citoyenneté, les gestes de premiers secours seront enseignés. Mais cet enseignement sera un peu plus relevé grâce à un nouvel atelier : les gestes à adopter en situation de crise ou de catastrophe naturelle. » (Le Point) « La seconde période de douze jours sera consacrée à des stages, croit savoir Europe 1. Les jeunes auront le choix entre les cinq thématiques suivantes : l’aide à la personne, l’environnement et le développement durable, la défense et la sécurité, la culture et le numérique ou le tutorat. »
 
Un dernier mot, puisque la question de l’obligation est loin d’être réglée au niveau légal (constitutionnel), le groupe de travail sur le SNU se concentre sur l’attractivité de celui-ci, alors il faut imaginer que le Service ne sera pas trop contraignant sinon les jeunes ne seront pas contents… Aussi, pour s’assurer de l’approbation de nos jeunes sur le projet, une consultation sera lancée à l’automne pour discuter avec les organisations de jeunesses sur les « moyens de recréer ce creuset républicain », a affirmé mardi sur RTL, le porte-parole de l’Élysée, Benjamin Griveaux. Déjà qu’il n’y a plus grand chose dans ce projet, peut-être qu’il n’y aura bientôt plus rien du tout, ni même de projet.

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