LOADING

Recherche

RTD : Une LPM pour mieux rebondir

Partager

« Intéressante, sincère et réaliste ». C’est en ces termes qu’Emmanuel Levacher, PDG de Renault Trucks Defense (RTD), décrivait le 7 mars en Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale, une future LPM « très structurante »… et génératrice d’optimisme après les quelques déboires rencontrés en 2017.
 

Un Sherpa Light FS (Crédit photo: RTD)

Vers une sortie du brouillard pour RTD (Crédit photo: RTD)


 
Avec 1,9Md€ de contrats signés et 600M€ de prises de commande en 2017, RTD a enregistré ses meilleurs résultats depuis trois ans. Et Levacher de relativiser les 100M€ seulement engrangés à l’export en 2017, car « notre chiffre d’affaires à l’export reste en moyenne de 40%, et il est normal que les chiffres fluctuent d’année en année ». Si RTD conserve une solide base d’activité à l’étranger, particulièrement au sein des pays du G5 Sahel, « on est en train de redéfinir notre force de frappe », explique Levacher, qui souhaiterait parvenir à un équilibre de 50-50 entre la France et l’étranger. Une ambition notammment soutenue par l’expansion des effectifs, 150 nouveaux recrutements étant prévus en 2018.
 
Si la prochaine LPM fait la part belle au cœur de métier du véhiculier, à savoir le développement et la production de plateformes terrestres, sa trajectoire permettra sans doute de relativiser les couacs vécus l’année dernière. Principale cible des questions des parlementaires, le PLFS destiné au COS aurait écopé d’un « cahier des charges mal fagoté », révèle Patrice Verchère (LR). « On ne juge pas un cahier des charges, on l’applique », temporise Levacher, selon qui RTD a essayé de s’y conformer le plus possible. Toute la difficulté réside dans la maîtrise du décalage entre temps des programmes et temps des opérations spéciales, bien plus étriqué. « On gère des retards, c’est vrai, mais c’est pas complètement inhabituel (…) », commente RTD, qui confirme l’objectif d’un premier déploiement du véhicule en OPEX à l’été 2018.
 
Quant au revers du VBMR Léger, « on ne gagne pas à tous les coups, on a perdu à la loyal », convient Levacher. Sans être catastrophique, « les conséquences à terme ne sont pas négligeables », admet-t-il. Bien qu’il n’y ait pas d’impact à court terme, le VBMR Léger entrant dans une phase de développement de 2-3 années, il y aura certainement un manque à gagner pour RTD. Une défaite toute relative donc, et que l’entreprise versaillaise promet de compenser en misant sur les programmes majeurs à venir, tels que les VLTP-NP du segment bas et le renouvellement des camions tactiques de l’armée de Terre, dont les premières livraisons interviendront en 2025.
 
On le dit et on le répète : l’innovation est au cœur de la nouvelle LPM. Une aubaine pour RTD, qui y voit l’occasion de matérialiser certaines briques technologiques. Malgré un report au prochain avenant Scorpion, les tourelleaux T1 et T2 conçus par RTD pour équiper les Griffon, Jaguar et Leclerc modernisés, formeront à terme « une véritable filière de tourelles téléopérées de petits calibres qui n’existait pas en France », se félicite Levacher. Selon ce dernier, ces systèmes sont appelés à devenir une brique très importante dans la robotisation des plateformes terrestres.
 
Autre grand vecteur d’innovation : le MCO et les services. Ce secteur, qui représente aujourd’hui un tiers du CA de RTD, devrait prendre de l’ampleur avec l’arrivée, entre autres, de la maintenance prédictive, un domaine de recherche dans lequel RTD se dit « assez avancé ». Si les technologies en jeu sont déjà bien connues du monde civil, leurs applications militaires requièrent de maîtriser les risques cyber pour éviter une dissémination non contrôlée de l’ « état de santé » des véhicules français. RTD et la DGA travaillent donc à définir « quelle information on génère, comment on gère cette information, et à quel moment elle va être récupérée par les techniciens », précise Levacher. Une récupération des données qui ne se fera « probablement pas en temps réel », ajoute-t-il, mais plutôt lors du retour à la base.
 
Quant à une potentielle dérive budgétaire induite par un outil « trop luxueux », Levacher rappelle que la maintenance prédictive répond davantage à un objectif opérationnel qu’économique. De même, il n’est, selon lui, pas plus coûteux de « soigner le véhicule préventivement plutôt que curativement ». Chargé de la logistique des pièces de rechange du programme Scorpion, RTD a d’ores et déjà investi 7M€ sur son site de Fourchambault (Nièvre) pour développer « une plateforme logistique ultramoderne », futur laboratoire de la maintenance 2.0. Et, pourquoi pas, permettre à RTD de capter une partie non négligeable du milliard d’euros annuel supplémentaire consacré par la prochaine LPM à l’amélioration de la disponibilité technique opérationnelle (DTO).

Tags:

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *