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Remplacement du FAMAS: un "échec" pour l'industrie française?

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La saga du remplacement du FAMAS est, une fois encore, revenue sur le devant de la scène ces derniers jours. Fervents défenseurs du « Made in France », Philippe Meunier (Les Républicains) et Jean-Jacques Candelier (PCF) ont demandé au ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian de revenir sur sa décision d’acheter un fusil « étranger » pour remplacer les fusils d’assaut français.  « Nous comptons sur votre sens de l’État pour revenir sur votre décision d’acheter un fusil d’assaut étranger afin de consolider notre filière nationale de l’armement terrestre du « petit ou gros calibre » », lui ont notifié les deux élus. Si le symbole est fort, cette ultime tentative n’a que peu de chances d’aboutir, tant la possibilité que le fusil d’assaut soit fabriqué en France est mince, voire inexistante.
 

Un fusil "étranger" pour remplacer le FAMAS, un "échec" pour l'industrie française?

Un fusil « étranger » pour remplacer le FAMAS, un « échec » pour l’industrie française?


 
Petit rappel.
 
En service depuis presque 40 ans, le fusil automatique de la Manufacture de Saint Etienne (FAMAS) modèle F1 fut conçu à la fin des années 1960 autour de la cartouche d’origine américaine de 5,56 x 45 mm. Malgré des qualités certaines, le FAMAS est arrivé aujourd’hui en buttée d’évolution et de développement.
 
Aussi, une étude fut lancée dès 2009 pour la création d’une Arme Individuelle Future (AIF) à culasse calée capable de tirer l’ensemble des munitions de 5,56 mm OTAN et de recevoir le système FELIN. Une étude suivie, en 2014, par l’appel d’offres lancé par le ministère de la Défense pour renouveler le parc des FAMAS en dotation dans l’armée française. Un marché majeur qui porte sur la production de 90 000 fusils d’assaut dont 21 340 à livrer entre 2017 et 2019, 38 millions de cartouches et 92 000 grenades. Le tout pour un montant global évalué à 400 millions d’euros.
 
Une perspective à l’origine alléchante pour le marché français. Le hic, c’est que, depuis 2009, l’Europe interdit tout protectionnisme pour ce type de marché et impose à tous les Etats membres de lancer leur appel d’offres à l’échelle européenne ; ouvrant le marché « AIF » à des cadors du domaine, tel H&K ou FN Herstal.
 
En outre, le cahier des charges imposé s’est révélé particulièrement contraignant pour le seul candidat français, l’entreprise Verney-Carron. Chaque candidat doit en effet présenter des revenus supérieurs à 80 millions d’euros au cours des trois dernières années, alors que Verney-Carron, bien qu’en excellente santé, présente un chiffre d’affaire de 12 millions d’euros. Un critère financier imposé par des contraintes techniques, puisque le fournisseur devra être en mesure de répondre à toute commande imprévue et d’assurer l’entretien et la modernisation du matériel pendant les trente prochaines années.
 
Difficile d’en vouloir à nos décideurs, la priorité étant mise sur le renforcement d’un marché commun de la défense encore balbutiant et des industries nationales. Un marché européen dont les retombées, dans ce cas-ci, pourraient par ailleurs profiter à de nombreuses entreprises, comme Nexter Mechanics, basé à Tulle (Corrèze), ou Manurhin, basé à Mulhouse.
 
Cinq fusils d’assaut restent actuellement en compétition : le HK 416 de l’Allemand Heckler & Koch, le SCAR du Belge FN Herstal, l’ARX 160 l’Italien Beretta, le SIG 550 de Swiss Arms et le le VHS2, fabriqué en Croatie par HS Produkt. Les évaluations des armes proposées par ces cinq fabricants ont déjà démarré, le résultat du marché devrait être notifié en décembre 2016 pour un achat courant 2017  complet des forces en 2018.
 
Verra-t-on la même « pensée gaullienne » apparaître, celle-là même qui, par esprit d’indépendance, avait écarté les HK33, M16 et autres CAL pour favoriser le développement du FAMAS ? Il est sans doute trop tard pour l’industrie de défense française, mais l’affaire aura néanmoins permis de mettre l’accent sur une filière qui pourrait (devrait) maintenant rebondir sur l’exemple des récents succès français à l’export pour favoriser sa renaissance. Et pourquoi pas, lancer le chantier de l’après-AIF…

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