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Premiers vols et nouvelles griffes pour le Guépard

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L’hélicoptères interarmées léger Guépard a pris son envol. Ou, du moins, un prototype doté des premières briques destinées à équiper le successeur des Fennec, Gazelle, Panther, Alouette III et Dauphin. Derrière ces essais, les armées ont finalement affermi une option majeure, celle de l’ajout d’un armement plus « musclé ». 

Premiers essais

« Le premier prototype a fait son vol inaugural en mai dernier », annonçait l’ingénieur principal de l’armement Thomas, architecte plateforme sur l’hélicoptère Guépard, la semaine dernière au salon du Bourget. Un prototype issu d’une base civile et qui permet de valider l’aérodynamique externe et le comportement de la machine et de dérisquer certains sujets. Il servira notamment aux premiers essais portant sur les différents émetteurs et récepteurs pour vérifier les implantations antennaires et la compatibilité électromagnétique. 

« Nous sommes bien avancés dans la conception de la machine. Ces premiers essais permettent de mettre à l’épreuve du réel les premiers cas théoriques. Les premiers résultats nous permettront de valider les choix de conception d’ici à la fin de cette année », complète-t-il. Des choix à affermir non seulement pour la base commune mais aussi pour la version de l’armée de Terre, la première à être livrée dès 2027. Notifié en 2021, le marché HIL verra Airbus Helicopters produire 169 exemplaires en quatre tranches pour les trois armées, dont 80 pour les forces terrestres. Vingt seront livrés au cours de la prochaine LPM, et « au moins 70 » d’ici à 2035.

Dans les rangs industriels aussi, les grandes manoeuvres ont démarré. La formation, par exemple, repose depuis novembre dernier sur Sogitec. La société du groupe Dassault capitalisera sur l’expérience du Multi-Role Training Device du NH90 pour concevoir un simulateur de type « Flight Training Device » (FTD). La démarche comporte son lot de défis, à commencer par l’alignement des profils de mission et la coordination entre armées. Quatre exemplaires seront livrés au titre de la première tranche ferme : en 2027 à la base-école – 2e régiment d’hélicoptères de combat (2e RHC) du Cannet-des-Maures-Le Luc, en 2029 à Étain et Hyères, et en 2030 à Villacoublay. 

Pour la petite équipe du lieutenant-colonel Xavier, pilote d’essai et chef d’équipe de marque Guépard pour l’armée de Terre, l’activité se concentre aujourd’hui sur deux points. La gestion de la masse, premièrement, car la base civile du Guépard reçoit environ 400 kg d’équipements spécifiques lors de sa militarisation. Pour un hélicoptère de quatre tonnes à vide, ce n’est pas anodin. « Nous travaillons à faire en sorte que cette militarisation soit la plus légère et la plus efficace possible en matière de charge utile », explique-t-il. Et deuxièmement, il s’agit de se pencher dès maintenant sur la suite avionique FlytX conçue par Thales et sur l’intégration du Tactical Data Management System (TDMS), système de mission interarmées mais qui, pour l’armée de Terre, devra accueillir une couche de système d’information du combat SCORPION (SICS). « Dans les prochains mois, nous allons faire en sorte que cette suite avionique et ce système de mission soient les plus faciles d’emploi, les plus efficaces et intuitifs », relève-t-il. 

Le Guépard « Terre » décolle à peine que, déjà, le calendrier des perceptions se précise. De part son rôle central dans la prise en main initiale et l’évaluation de l’appareil, le groupement aéromobilité de la Section technique de l’armée de Terre (GAMSTAT) sera le premier doté. Suivra l’école de l’ALAT, destinataire de quatre appareils. Dernier servi pour le Caïman, le 3e régiment d’hélicoptères de combat (3e RHC) d’Étain ouvrira cette fois le bal pour le Guépard. Viendront ensuite les 5e RHC, 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales et 1er RHC. À terme, chaque régiment opérera une quinzaine d’appareils. Enfin, un, voire deux exemplaires pour une disponibilité optimale, s’envoleront vers Djibouti.

De nouvelles griffes

Base commune modulaire et polyvalente, le Guépard sera décliné pour répondre aux missions et milieux d’intervention propres à chaque armée et à certains utilisateurs « spéciaux ». « Typiquement, sur le plan de la connectivité, le Guépard sera équipé du système d’information du combat SCORPION pour l’armée de Terre, de la liaison 22 pour la Marine nationale et de la liaison 16 pour l’armée de l’Air et de l’Espace », détaille l’IPA Thomas. De mois en mois, les différentes copies s’affinent au gré des décisions et des manifestations d’intérêt. 

Deux évolutions sont venues renforcer dernièrement la capacité d’agression du Guépard. D’une part, les armées sont passées d’un pod de mitrailleuse HMP400 à l’architecture analogique à un pod DHMP400 qui, comme le « D » le suggère, repose sur une architecture digitale. La différence ? Une structure allégée, simplifiée et dont la gestion s’affine. Et de l’autre, les armées ont enfin acté l’intégration d’un armement complémentaire au DHMP400, pour lequel l’emploi se limite à la frange des 500 à 1000 mètres. Ce complément, ce sont les roquettes balistiques et guidée laser de 68 mm. Les premières traiteront une cible jusqu’à 2500 mètres, portée allongée à 4000 mètres avec les secondes. Toutes seront tirées depuis un panier déjà en service sur l’hélicoptère d’attaque Tigre. 

Cet ajout s’avère « très important pour l’armée de Terre », rappelle le lieutenant-colonel Xavier. Il cristallise par ailleurs l’agilité du Guépard, appelés à devenir ce chaînon polyvalent entre les hélicoptères spécialisés que sont le Caïman et le Tigre. Les réflexions ne s’arrêtent pas aux roquettes. D’autres pistes sont à l’étude sans nécessairement être inscrite dans le périmètre actuel du programme, à l’exemple d’un missile antichar. 

« Nous pouvons déterminer les contours des menaces à venir dans les 15-20 prochaines années, mais sans être certains de ce qui nous posera le plus de problèmes. Il faut toujours être en capacité de s’adapter et pour cela il faut essayer d’avoir systématiquement un coup d’avance », note le lieutenant-colonel Xavier. Si rien n’est écrit pour un éventuel pod antichar, « il ne faut surtout pas s’interdire d’y réfléchir ». L’hélicoptère se veut nativement évolutif, caractéristique renforcée par la présence du système HForce d’Airbus Helicopters. Incrémental et modulaire, cet outil « plug-and-play » agrège l’optronique, un système de visée et différents armements pour constituer un système de combat centralisé.

Portée par l’armée de Terre, la roquette suscite d’emblée l’intérêt de marins pour qui « le Guépard réalisera des missions de lutte contre le narcoterrorisme », souligne l’IPA Thomas. L’intégration sur la version marine, bien que facilitée par le système HForce, comprend cependant deux écueils : l’absence de viseur tête haute sur les casques Alpha des pilotes de la Marine et de désignateur laser dans la boule optronique Euroflir 410 de leur futur Guépard. Deux choix s’offriraient à eux dans le premier cas : soit adopter le monoculaire fourni avec HForce, soit basculer sur le casque TopOwl DD retenu par leurs homologues de l’armée de Terre et de l’armée de l’Air et de l’Espace. Idem pour l’Euroflir 410, dont le désignateur laser sera présent sur 50% des appareils de l’armée de l’Air et de l’Espace et sur l’ensemble du parc terrestre.

Derrière la conventionnelle, le Guépard atterrira un jour au sein des forces spéciales. Une petite dizaine d’exemplaires sont ainsi prévus pour le 4e RHFS. « La composante forces spéciales est prise en compte de deux manières dans le programme. D’une part, par des équipements spécifiques comme les systèmes de communication, et, d’autre part, par des kits qui viendront spécialiser l’appareil », indique le lieutenant-colonel Xavier. Une logique déjà employée pour le NH90 et transposée au futur Guépard « Terre ». Dans un premier temps du moins, car l’idée devrait faire tâche d’huile, l’emploi « forces spéciales » englobant également la Marine nationale.

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