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Une nouvelle collection pour les écrits militaires

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L’éditeur « Les Belles Lettres » lance une collection « Mémoires de Guerre ». Son directeur est François Malye, grand reporter au Point. Il revient avec nous sur l’origine de cette collection et ses ambitions.

 

Comment est née votre collaboration avec Les Belles Lettres ?

 

Je suis journaliste au Point où je m’occupe de questions de santé ou d’Histoire. Ce sont des sujets qui me passionnent. Or il se trouve que je connaissais bien « Les Belles Lettres » : mon grand-père a dirigé cette maison pendant cinquante ans après la première guerre mondiale !

 

Les Belles Lettres sont avant tout connues pour avoir édité des classiques et des traductions de grands textes latins et grecs. Comment en êtes-vous venu aux mémoires de guerre ?

 

J’avais rencontré la nouvelle directrice de la maison, Caroline Noirot, avec l’idée de publier des mémoires de soldats, principalement du 19ème siècle. Mais nous nous sommes rendus compte que l’on pouvait élargir notre champ d’intérêt, les textes potentiellement intéressants sur l’histoire militaire étant très nombreux.

 

La guerre et la littérature ont toujours fait bon ménage…

 

C’est un fait : la génération actuelle est la seule à ne pas avoir connu de grande guerre. On ne parle aujourd’hui que d’Opex qui sont loin de nous et n’intéressent que peu ou pas du tout les Français… Hormis quelques cas isolés, tous les grands écrivains qui nous précèdent ont connu la guerre. Certains mêmes n’auraient peut-être pas été écrivains s’ils ne l’avaient pas connue. Je pense par exemple à Maurice Genevoix…

 

Vous commencez par publier Malaparte dans votre collection…

 

Oui, et le premier texte publié, « Viva Caporetto» est complètement inédit. « La Volga nait en Europe », du même auteur, n’a pas été republié depuis 1948. Notre ambition est de republier tout une série d’auteurs couvrant toutes les périodes : Révolution, Empire, Indochine… Nous partons sur un rythme de quatre livres par an.

 

Vous allez publier à la rentrée 2013 le témoignage d’un pilote de Tigre de l’Alat qui a participé à la guerre en Libye. On passe là dans du très contemporain…

 

Le témoignage du jeune capitaine que nous allons publier m’a passionné. Il s’agit selon moi du premier témoignage moderne, en France, d’un pilote d’hélicoptère. C’est le seul pour l’instant mais j’en pressens d’autres.

  

D’autres éditeurs ne s’intéressent-ils pas déjà à ces récits de guerre ?

 

Les belles lettres ne sont pas dans le prosélytisme « fana mili ». Mais les militaires ont des choses à dire qui valent la peine d’être entendues et lues. Nous sommes à la recherche d’auteurs qui ont des expériences à partager, mais les textes anciens inédits ou tombés dans l’oubli nous intéressent également. En mélangeant dans la même collection Malaparte, Churchill ou de jeunes capitaines du 21ème siècle, nous brassons également les catégories de lecteurs et c’est ce qui est intéressant.

 

Les militaires français savent-ils écrire ?

 

Quand on a fait Saint Cyr à priori on sait écrire. La question porte sur l’étrange rapport entre les mondes militaire et civil. Ce sont deux mondes qui ne se comprennent pas, en raison notamment d’une grande fracture existant entre les Français et leur armée. Depuis que le service militaire n’existe plus, l’armée est une chose lointaine. A cela s’ajoute, et ce n’est pas nouveau, une difficulté profonde des armées françaises à s’exprimer. C’est dommage car cela nourrit l’incompréhension avec la société civile.  C’est moins une critique qu’une constatation. Si on peut aider à faire se rejoindre les deux univers, se sera très bien…

 

En illustration : « La guerre du Malakand », écrit par un jeune Winston Churchill, correspondant de guerre, aux prises avec l’Afghanistan du début du 20ème siècle. Ce récit publié aux Belles Lettres dans la collection « mémoires de guerre » est passionnant et, comme le veut la formule, « toujours d’actualité ». Comme le chantaient les « poppys » en 1971,  « non, non rien n’a changé, tout, tout a continué… yé yé… ». A savourer ici.

  

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