Roanne n’avait pas vu passer de ministre de la Défense depuis 31 ans : la dernière visite avait été celle en 1981 de Charles Hernu, ministre du premier gouvernement Mauroy.
Autant dire que la venue de Gérard Longuet, qui a parcouru la chaine de fabrication du VBCI pendant un peu moins de deux heures hier, était ardemment attendue par l’état-major de Nexter, Philippe Burtin en tête. Et le PDG du groupe n’a pas été déçu, avec en face de lui un ministre très enthousiaste sur la coopération entre Nexter et son client actionnaire, l’état français.
Gérard Longuet a en effet insisté sur les liens historiques, l’étroite entente et la réussite de la coopération sur le long terme. Ce préalable posé, la question du VBMR (Véhicule Blindé Multi-Rôles, destiné au remplacement des VAB) venue au centre de la discussion ne pouvait qu’apporter de bonnes paroles. Le ministre a confirmé la « sanctuarisation » de ce programme dont le besoin par l’armée de terre est, rappelait-il, « absolu ». Un appel d’offre pourrait se faire selon lui dans le courant de l’année 2012, mais certainement pas avant l’élection présidentielle.
Sans anticiper sur le matériel qui sera choisi, Gérard Longuet a donc longuement rappelé les liens de confiance unissant Nexter et les armées françaises. Des liens qui, notait-il aussi, « augurent que nous irons ensemble très loin ». D’autant que la législation met la France à l’abri des « aléas industriels » et d’une « compétition absurde » dans le domaine de l’équipement militaire. En d’autres termes, la France dispose des moyens légaux de garantir son indépendance technique et la continuité de ses approvisionnements sur le long terme, en cultivant une relation durable avec son fournisseur de véhicules blindés lourds… Gérard Longuet a également rappelé qu’au-delà de l’entrée de Thales dans le capital de Nexter, l’état restait bien le patron de l’entreprise et « un actionnaire principal et déterminé ».
Ces paroles de miel pour l’auditoire ont été prononcées à un moment où Nexter peut se féliciter d’une bonne santé financière. « Vous arrivez dans une maison qui se porte très bien » notait Philippe Burtin à l’adresse de son client historique. Quinze plans sociaux en vingt ans ont fait fondre les effectifs d’un peu plus de 10.000 à seulement 2700 personnes, pour un chiffre d’affaires grosso mode équivalent. Et Nexter affiche aujourd’hui une situation de plein emploi, avec deux à trois ans d’activité dans son carnet de commande. Après un point bas à 700 salariés, le site de Roanne occupe à présent environ 800 personnes auxquelles s’ajoute un peu moins de 200 intérimaires et prestataires : une légère remontée des effectifs traduisant la réussite des nouveaux produits (VBCI et Caesar) et la montée en puissance des services (MCO). Roanne produit une dizaine de VBCI par mois pour répondre aux commandes françaises (350 livrés sur les 630 commandés). Si 2011 a été l’année du « Battle Proven » avec le Liban (VBCI) et l’Afghanistan (100% de la gamme y est présente, avec le VBCI, l’Aravis et le Caesar sous les couleurs françaises et le canon de 105mm tracté utilisé par le Canada), 2012 devrait être celle de l’export. C’est du moins l’objectif que se fixe maintenant Nexter, présent sur tous les appels d’offres et ne laissant passer aucune opportunité.