Nexter (KNDS France) accélère encore sur la production des CAESAR. De six par mois aujourd’hui, l’industriel assure être en mesure de monter à 12, objectif annoncé cette semaine par le ministre des Armées, Sébastien Lecornu.
Des canons CAESAR, Nexter en sortait deux par mois avant le début du conflit russo-ukrainien. Désormais, six pièces sortent tous les 30 jours de la ligne d’intégration de Roanne, dans la Loire. Une cadence que l’industriel pensait à l’origine porter à huit par mois. La demande en hausse et l’urgence du soutien à l’Ukraine en ont décidé autrement.
« Nous allons rehausser la production jusqu’à 12 canons par mois », révélait cette semaine Sébastien Lecornu à l’occasion d’une visite au siège versaillais de KNDS France en compagnie du secrétaire d’État américain, Antony Blinken. L’occasion d’un point d’étape sur la coalition artillerie lancée par la France et les États-Unis pour coordonner l’appui à l’Ukraine dans ce segment. Paris en pilote les volets « formation » et « entraînement ».
Cet engagement pris par l’industriel « va montrer notre capacité à répondre présents aux besoins de l’Ukraine mais également à tous les partenaires européens membres de l’OTAN qui sont en train d’arriver à leurs 2% du PIB [investis dans la défense], qui sont en train d’acquérir des systèmes d’armes pour eux-mêmes contribuer à la défense et à la dissuasion collective de l’ensemble de l’OTAN », expliquait Sébastien Lecornu au micro de LCI.
« La France est un véritable leader, comme dans tant d’autres domaines, dans la reconstruction et le renforcement de notre base industrielle de défense, car malheureusement, les défis auxquels nous sommes confrontés en Ukraine ne vont pas disparaître demain, et nous devons nous assurer que nous avons les moyens non seulement de continuer à aider l’Ukraine, mais aussi de veiller à ce que nos propres défenses soient aussi solides que possible », déclarait Antony Blinken en marge de la visite.
Comme l’a rappellé le ministre des Armées, cette accélération ne relève que du segment réalisé par KNDS France, celui du système d’arme ou de la « masse reculante ». Donc tout sauf le châssis, dont la production reste dans les mains d’Arquus pour ce qui est des versions 6×6 Mk 1 et 2.
Cette hausse de 100% du rythme actuel, KNDS entend l’opérer « dans les 12 mois », nous explique-t-on. Comment ? Par une combinaison d’actions qui a su faire ses preuves. Les stocks de pièces, premièrement, sont continuellement renforcés. Par l’embauche ensuite, l’entreprise parvenant à recruter les profils nécessaires, dont de précieux soudeurs formés pour travailler sur des aciers spécifiques au domaine de l’armement.
Par des investissements dans l’outil industriel, enfin. La canonnerie de Bourges s’est ainsi dotée d’une nouvelle machine d’usinage de tube en fonctionnement depuis un peu plus d’un an. Non seulement celle-ci prépare l’avenir en pouvant accueillir un potentiel futur canon de 62 calibres, mais elle sera également décuplée dans le courant de l’année. De quoi, d’ici peu, abaisser le cycle de production d’un tube à cinq mois, contre six aujourd’hui et neuf avant février 2022.
« Devenu le symbole de cette coalition artillerie », le CAESAR est aujourd’hui l’un des principaux atouts des artilleurs ukrainiens. À tel point qu’ils en redemandent. Financés par la France, l’Ukraine et le Danemark, 78 exemplaires supplémentaires auront été livrés « courant 2025 ». À cela s’ajoutent les 217 pièces acquises par la France, la Belgique, la Lituanie et la République tchèque, des versions 6×6 Mk 2 et 8×8 Mk 1 partageant un système d’arme identique. Et le carnet de commandes pourrait encore s’étoffer prochainement, la Roumanie et l’Estonie n’étant que deux exemples de pays ayant montré de l’intérêt pour la solution française.