LOADING

Recherche

MGCS : le lancement de SADS 2 attendra encore un peu

Partager

La prochaine phase de développement du futur char de combat franco-allemand attendra encore quelques mois. Ni freinage, ni passage de la seconde, mais un alignement et une étape intermédiaire de définition des besoins que les deux ministres concernés ont défendu hier matin depuis Berlin. 

Rendez-vous en septembre

Le sujet flottait dans l’air depuis plusieurs semaines. D’une manière ou d’une autre, les ministres français et allemand se devaient de relancer le MGCS, un exercice qui n’avait plus été mené conjointement depuis janvier. Une première série d’études d’architecture système (SADS 1) s’est achevée le 1er avril après une année de prolongation, conclusion débouchant sur un exercice d’analyse des résultats. Et si le fond dévoilé hier n’est pas celui espéré, la forme aura au moins eu pour intérêt de réaffirmer la volonté de coopérer et de préciser l’agenda nécessaire pour aboutir à l’horizon 2035-2040.

Depuis Berlin, le ministre des Armées Sébastien Lecornu s’est félicité des « discussions franches et décisives » conduites avec son homologue allemand, Boris Pistorius. « Nous voulons le faire ensemble ! », a-t-il réitéré sur les réseaux sociaux, rappelant que le MGCS ne sera « ni un nouveau Leclerc, ni un nouveau Leopard », mais « un saut technologique majeur qui sera en service jusqu’en 2070 ». 

Même son de cloche côté allemand. « Malgré toutes les prophéties de malheur et toutes les rumeurs, nous souhaitons ce projet conjoint », déclarait à son tour Boris Pistorius en marge de l’entretien bilatéral. « Nous parlons du développement d’une solution pour les prochaines décennies et non du développement continu d’un système qui est sur le marché », ajoutait-il, balayant au passage toute solution sur étagère.

« Nous avons de vrais signaux indiquant que nous progressons. Nous avons réussi à faire abstraction des éléments diplomatiques et à vraiment nous concentrer sur les résultats » complétait le ministre des Armées. KNDS (Nexter+KMW) et Rheinmetall « doivent maintenant nous soumettre des propositions adaptées, et nous définirons ensuite la clé de répartition ». Si le lancement SADS 2 et la notification des 13 démonstrateurs technologiques principaux sont (MTD) sont encore repoussés, les ministres se sont accordés sur plusieurs points techniques. 

D’une part, les militaires s’attacheront à préciser et faire converger les besoins. Un document engageant pour chacun sera proposé, au mieux, d’ici fin septembre, date à laquelle une nouvelle réunion est attendue sur une base aérienne française. Rédigé par les inspecteurs des deux armées, ce document « militaro-politique » servira de socle de réflexion pour les prochaines phases. 

Et d’autre part, les ministères se sont accordés sur la nécessité d’aligner la structure et la méthodologie du programme MGCS sur celles de son pendant aérien, le SCAF. Seule différence notoire, « nous avons d’abord donné la parole aux experts militaires afin qu’ils nous disent à quoi doit ressembler un tel char pour 2050-2060 et les décennies suivantes. (…) Nos chefs d’état-major doivent d’abord nous dire ce qu’ils pensent de ce char de combat principal », pointait Sébastien Lecornu.

Une interopérabilité et une modularité réaffirmées

Les questions d’interopérabilité et de viabilité économique du modèle sont centrales, rappelait un ministre français prenant pour exemple un conflit en Ukraine où la diversité des matériels « est un vrai problème » en matière de soutien. Si le MGCS démarre en franco-allemand, la maîtrise financière d’un système supposé devenir une référence au sein de l’OTAN devrait idéalement passer par l’élargissement à d’autres utilisateurs. 

À ce titre, l’entrée dans une phase plus opérationnelle permettrait de faire montre d’un peu plus d’ouverture à l’égard des pays n’ayant pas caché leur intérêt pour le sujet, à l’instar de l’Espagne et de l’Italie. À tout le moins en leur conférant un statut intermédiaire d’observateur, à l’image ce qui vient d’être acté pour la Belgique dans le cadre du programme SCAF. 

L’interopérabilité n’exclut pas la modularité. Exemple avec l’armement principal, pierre d’achoppement entre KNDS et Rheinmetall. Ainsi, rien n’empêcherait d’intégrer le canon de 140 mm du premier ou le canon de 130 mm du second sur une tourelle commune elle-même installée sur un châssis commun, a souligné Boris Pistorius. 

Pour le ministre allemand, il n’est pas impensable de « développer des systèmes en parallèle pour décider ensuite de la voie à suivre ». Voire, de progresser « avec deux systèmes. Cela est également envisageable. Cela ouvre des possibilités complètement différentes pour les deux parties, les deux pays, les deux industries d’armement (…). Je trouve le caractère compétitif des technologies particulièrement intéressant. En fin de compte, cela ne peut que profiter au projet et à notre coopération ».

Modulaire, ce système de systèmes le sera de toute façon nativement, ne fût-ce que par l’exemple des systèmes de communication. D’un côté du Rhin, ce sera l’entrée dans la bulle SCORPION via le système SICS et la radio CONTACT. De l’autre, l’adoption de D-LBO (Digitisation of Land-Based Operations), un équivalent allemand lancé plus tardivement. Et la même logique sera reproduite pour d’autres briques. 

Tags:

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *