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MGCS : ces études qui progressent en attendant la prochaine phase

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À l’arrêt le développement du futur char franco-allemand ? Les négociations entre industriels sont complexes, mais elles n’empêchent pas les laboratoires de plancher sur de possibles briques technologiques. Exemples avec l’Institut Fraunhofer et l’Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis (ISL), tous deux forces de proposition pour la suite de MGCS.

Capteurs intelligents, XR et munitions hypersoniques

Faute d’accord sur le volet armement, la première phase d’architecture système de MGCS (SADS 1) a été prolongée jusqu’au premier trimestre 2023. En attendant un équilibre entre industriels, différents sujets progressent, dont quelques-uns sont présentés dans un récent rapport annuel de la Bundeswehr. L’enjeu, pour ces projets, sera d’être retenu puis, une fois atteint un certain niveau de maturité, de capter l’attention d’une entreprise pour achever le développement et passer à l’échelle.

L’une des technologies proposées provient de l’Institut Fraunhofer de physique des hautes fréquences et des technologies radar (Fraunhofer FHR). « L’Allemagne et la France développent un nouveau char qui sera soutenu à long terme par des véhicules d’appui autonomes. Dans les zones sans infrastructures, cependant, la communication entre les véhicules pose des défis », souligne-t-il.

À gauche, des tests de synchronisation de capteurs haute fréquence ont déjà été réalisés à partir de plateformes aériennes. À droite, un essai de mesure au sol à partir d’un radar bistatique (Crédits : Fraunhofer FHR)

Sans entrer dans les détails techniques, ses équipes planchent depuis un moment sur des capteurs haute fréquence connectés et intelligents servant en même temps de moyens de communication. Fraunhofer FHR travaille entre autres sur l’amélioration de la résolution des images radar. « Cela est rendu possible, par exemple, en orientant le système radar de deux véhicules vers le même point – cela améliorerait considérablement tant la capacité de détection sur de plus grandes distances que la résolution », explique l’institut, qui assure être « déjà en pourparlers avec l’industrie et les autorités pour rendre cette technologie innovante disponible pour les projets d’acquisition actuels FCAS et MGCS ».

Un exemple de réalité étendue appliquée à la modernisation du (Crédits : Fraunhofer FKIE)

Une autre branche de l’institut allemand, cette fois centrée sur les communications, le traitement de l’information et l’ergonomie (Fraunhofer FKIE), propose de recourir à la réalité étendue (XR) pour des systèmes d’armes dont le développement s’avère « complexe, coûteux et chronophage ». Ce nouvel outil de simulation, en projetant un fond virtuel sur des éléments tangibles, permet d’évaluer une configuration et d’émettre des recommandations plus rapidement et à moindre coût. Il a été utilisé avec succès pour améliorer l’un des épiscopes du véhicule de combat d’infanterie allemand Puma. Une méthode que l’institut Fraunhofer FKIE estime « adaptée aux futurs systèmes d’armes comme le FCAS et le MGCS ».

À droite, l’enregistrement après vol d’une sphère d’aluminium ablatée à 5000 m/s (Crédits : ISL)

Dans un cadre binational enfin, l’ISL défriche le terrain dans le domaine des munitions hypersoniques. La démarche repose sur quatre problématiques principales, dont celles de la compressibilité et des performances en vol appliquées aux projectiles à énergie cinétique développés dans le cadre de MGCS. « Il existe ici de forts effets de compressibilité qui ne sont pas couverts par les méthodes classiques de l’aérodynamique », pointe l’ISL. « Par exemple, en contraste avec l’augmentation de la couche limite causée par la chaleur, le coefficient de traînée en hypersonique est plus faible ». De même, des phénomènes d’ablation supplémentaires apparaissent en raison de la chaleur et des forces de friction en surface et sont d’une importance décisive pour la stabilité des projectiles à énergie cinétique.

Pas d’avancée majeure avant 2023

En France aussi, industriels et laboratoires ne sont pas restés les bras croisés. Si la prochaine phase n’a pu être lancée, « certaines études nationales sur les futures munitions du combat terrestre l’ont été », pointe le ministère des Armées. Le sujet aura ainsi bénéficié d »une enveloppe de 50 M€ en provenance du programme 146 pour financer ces études préparatoires.

La poursuite du programme reste néanmoins un sujet d’inquiétude. La maîtrise de la fonction feu est toujours l’objet de discussions entre le français Nexter et l’allemand Rheinmetall. L’arrivée d’autres acteurs, par ailleurs, pose la question du rééquilibrage entre États. « Une mise à jour du calendrier du projet est en cours de préparation par l’Allemagne (…). Les conséquences sur la programmation seront déterminées une fois cette mise à jour acceptée et actée », apprend-on dans le PLFR 2021.

Pour le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Schill, Français et Allemands ne sont « malheureusement pas dans la même situation par rapport à l’urgence ». Quand la France lance la dernière étape de modernisation de son char Leclerc, « l’Allemagne a la capacité d’utiliser une génération supplémentaire du char Leopard, avant le futur équipement », déclarait-il fin juillet en audition parlementaire. 

« Sur le plan militaire comme industriel, les Allemands doivent choisir, par un acte politique, de construire avec nous cet équipement », ajoutait le CEMAT. Si des écueils subsistent, « le programme MGCS n’est toutefois pas arrêté », déclarait mi-juillet l’ex-délégué général pour l’armement, Joël Barre. À deux semaines de quitter son poste, celui-ci conservait l’espoir de voir une nouvelle étape franchie d’ici au printemps prochain.

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