Un quatrième soldat français est tombé au Mali ce matin a fait savoir l’Élysée en ce début d’après-midi. Le brigadier-chef Pingaud servait au Mali depuis six semaines. Âgé de 37 ans, il appartenait au 68e régiment d’artillerie d’Afrique de La Valbonne.
Il a été blessé durant un accrochage sérieux à 100 km à l’est de Gao, qui a provoqué quatre blessés chez les maliens (évacués sur Gao par hélicoptères Medevac belges) et la mort d’une dizaine de djihadistes selon l’état-major des Armées. Le soldat français appartenait à un détachement de liaison inséré auprès d’une unité malienne, qui a pour rôle d’assurer la coordination entre forces françaises et africaines et d’organiser les appuis.
Deux fronts, deux combats
Sur le front au nord de Tessalit, pendant près de trois semaines, ce sont des face-à-face acharnés qui ont eu lieu dans le massif montagneux de l’Adrar des Ifoghas, au nord-est du Mali, non loin de la frontière algérienne. Après d’intenses combats, le sanctuaire djihadiste d’AQMI dans la vallée d’Ametettaï a été repris, laissant un bilan de deux morts pour les Français et bien plus d’une centaine pour les djihadistes. Les 2000 Français et Tchadiens ont pris en étau le sanctuaire des terroristes, appuyés par l’artillerie (canons de 155mm Caesar, mortier de 120 mm…), l’ALAT avec ses hélicoptères de combat Tigre et Gazelle, mais aussi par l’aviation. Une zone « valorisée », c’est-à-dire truffée de caches logistiques d’armes, de matériels « embossés » (camouflés), reconquise mètre par mètre face à un ennemi acharné. Et maintenant? « Il reste d’autres vallées » précisait le Ministre de la Défense il y a quelques jours.
La bataille d’Ametettaï ne doit pas faire oublier la région hautement sensible de Gao. Ce quatrième français mort le rappelle. Et c’est un combat bien différent qui s’annonce dans une région tenue par le MUJAO (Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest). Ce deuxième front est progressivement reconquis par les unités françaises et africaines. Là, si la géographie est différente, les mouvements djihadistes le sont aussi. Aux forces d’AQMI au nord de Tessalit qui tiennent leurs positions et que les français doivent aller déloger un par un, le MUJAO à l’est de Gao, mène une guerre de harcèlement contre l’avancée des soldats.
L’armée de terre en première ligne
Dorénavant, et depuis la mi-février, ce sont bien les forces régulières de l’armée de terre qui sont en première ligne. Car depuis le début de l’opération Serval, lancée le 11 janvier, les forces spéciales avaient mené l’essentiel des actions de combat, progressant rapidement en amont de l’avancée des forces régulières. Ces dernières assuraient principalement la sécurisation des villes libérées par l’avancée rapide des unités du COS (Commandement des Opérations Spéciales) ainsi que la remise en état des infrastructures (aéroports notamment). Surpris, l’ennemi alors s’enfuyait. Changement de registre depuis que les Français avancent sur les deux fronts, au nord dans l’Adrar des Ifoghas et à l’est de Gao. Il ne s’agit plus ici de prendre l’ennemi par surprise par des actions fulgurantes, mais bien d’occuper et de sécuriser le terrain.
Crédits photo: ECPAD