Maintenant que la guerre est gagnée, et puisque l’ambition affichée par le pouvoir politique est de rester « tant qu’il le faudra », nul doute que la France va devoir engager quelques travaux d’infrastructures pour l’accueil de ses forces au Mali.
A commencer par Bamako : si l’aéroport de la capitale malienne devait accueillir un détachement permanent de chasseurs, ou du moins des détachements ponctuels mais réguliers, plusieurs aménagements devront être réalisés. Pour les avions tout d’abord, avec des abris du type astroarche et des merlons, une soute à munition et peut-être une nouvelle soute à carburant. Pour les équipages et les équipes techniques ensuite : pendant le déploiement à Bamako, les deux Mirage F1CR en provenance du Tchad ont dormi à la belle étoile et les hommes (3 pilotes et 14 mécaniciens)… dans un hangar. Après neuf jours de lits picot, les pilotes avaient des cernes sous les yeux… Jamais bon quand il s’agit de préparer et réaliser un vol de combat.
Il sera donc nécessaire de mettre en place des logements permettant à tous de se reposer convenablement, une salle d’ops pour préparer les missions et des moyens de communication adéquats. La vitesse à laquelle s’est fait l’envoi des Mirage F1 a été telle que les communications entre la France et le détachement de Bamako s’est fait dans un premier temps via… les téléphones portables des pilotes. L’équipe de l’armée de l’Air a pu certes compter sur les installations proches du RIMa, qui les a également ravitaillé en rations de combat. A l’issue d’une mission de reconnaissance réalisée avec les Omera des Mirage, les films argentiques ont été développés dans des sanitaires… Un épisode qui rappelle étrangement les premières missions de reconnaissance des Mirage IVP sur l’Afghanistan fin 2001 : les avions étaient alors basés à Al Dhafra, aux Emirats Arabes Unis, et les films étaient chaque jour portés à l’ambassade de France pour y être développés et tirés… dans une salle de bain.
Au-delà de Bamako, sans doute faudra-t-il également aménager les aéroports de Gao et/ouTombouctou. Allongement et réfection des pistes (aujourd’hui acceptables pour des Transall mais en trop mauvais état semble-t-il pour des chasseurs), mise en place de merlons, de soutes à munitions et à carburant ?… Les fameuses élongations maliennes sont consommatrices de potentiel pour les appareils et de délais incompatibles avec des missions d’appui. Sauf à disposer d’une flotte pléthorique de ravitailleurs, ce qui n’est bien entendu pas le cas de la France. Pour que l’armée de l’Air puisse travailler sérieusement dans le nord du pays, le Génie de l’Air devra donc sans doute être largement mis à contribution… Après des années de réduction de voilure en Afrique, le mouvement serait-il en train de s’inverser ?
Notre illustration : l’aéroport de Gao et sa piste unique de 2500m.