C’était hier le tour des syndicats des personnels civils de la Défense d’être reçus par la commission de la défense nationale, sous la présidence de Patricia Adam. FO, CFDT, UNSA-CGC et CFTC avaient fait le déplacement pour partager leur analyse sur la Loi de Programmation Militaire et le projet de loi de finance. La CGT était absente à ce rendez-vous tout comme d’ailleurs la plupart des députés de la commission.
Toutes les organisations syndicales ont fait part de leurs craintes. « Maintenir l’effort de défense tout en dépensant moins, c’est un équilibre impossible » expliquait le représentant de la CFDT en résumant le sentiment général. FO, qui a ouvert le bal, a fait part de ses doutes sur la réalité des recettes exceptionnelles attendues, évoquant un « artifice budgétaire » déjà utilisé par le passé et responsable de sérieux manques à gagner dans le budget. Sur le plan industriel FO a également souligné l’importance qu’il y avait à mener à bien le programme Scorpion pour Nexter et FREMM pour DCNS. « Le ministre parle de lissage des commandes : on sait que ce lissage apporte un gain sur un exercice mais se traduit par des pertes sur la durée des programmes ». La CFDT a également fait part de ses inquiétudes pour Nexter, en rappelant qu’un glissement des programmes aurait de sérieuses conséquences sur le plan de charge. « On attend que la notification du programme VBMR coïncide avec la fin des programmes actuels pour assurer le plan de charge. Et on attend également des commandes de munitions… »
Une bonne part des interventions a également porté sur la sous dotation budgétaire des bases de défense (BdD). Les intervenants ont parlé de « coups de rabot sans précédent sur les GSBDD (groupement de soutien des bases de défense) ». La CFTC a rappelé que le budget des BdD serait consommé dès le mois de novembre, avec des fluides (électricité, chauffage) représentant 40% des dépenses « On économise même sur les commandes de médailles du travail » s’est indigné son représentant.
Autre sujet évoqué : la place de la « civilianisation » et les réductions d’effectifs. Après les 54000 suppressions de poste nées de la RGPP, la LPM actuelle prévoit la perte de 24000 postes supplémentaires. Parmi ceux-ci, 7400 emplois civils, dont 3700 ouvriers d’état. Pour les syndicats, cette dernière catégorie de personnels est clairement dans le collimateur du pouvoir puisque les réductions de personnels ne concerneront que 4% des cadres de catégorie A, en haut de l’échelle sociale, mais 51% des ouvriers d’état. Pour FO, même si le ministre a annoncé l’embauche de 700 ouvriers d’état, c’est la pérennité du SIAE et du SMITer qui est à présent dans la balance. « Prépare-t-on une externalisation totale de ces activités ? » s’interroge le syndicat.
Pour l’UNSA-CGC, les deux tiers de la déflation d’effectifs envisagée par la LPM porte sur le soutien. « On ne peut pas puiser sans fin dans le soutien sans remettre en cause l’efficacité de l’outil opérationnel » résumait son représentant, rejoignant ainsi les craintes souvent exprimées dans les forces.
notre illustration : fabrication des VBCI par Nexter à Roanne (photo Frédéric Lert)