Jean-Yves Le Drian à l'écoute des inquiétudes des militaires

Jean-Yves Le Drian continue ses visites approfondies dans les unités « j’y passe entre 6 et 7 heures pour voir le maximum de choses , je vais partout » confiait le ministre à quelques journalistes lors d’un déjeuner fin de semaine dernière. Jeudi 10 octobre et lundi 14 octobre, Le Drian s’est rendu respectivement au 152e régiment d’infanterie de Colmar et au 2e régiment d’infanterie de marine d’Auvours près du Mans. Après Pamiers le 23 octobre, le ministre se rendra au 4e RE à Castelnaudary le 25 octobre, puis au 8e RPIMa à Castres et au 3e RPIMa à Carcassonne le 15 novembre. D’ici la fin de l’année, le ministre enchaînera ensuite dans la marine et l’armée de l’air.

Des visites qu’il qualifie de « très fructueuses et intéressantes », certainement obtenues grâce à la liberté de ton que le Ministre souhaite susciter à travers des rencontre directes, sans chefs ni journalistes. Le ministre confiait avoir identifié trois séries d’inquiétudes :

Louvois, une décision début décembre

Qualifié par Jean Yves Le Drian de « catastrophe inimaginable », la question est maintenant de savoir que faire avec ce logiciel de paiement des soldes Louvois, qui n’arrête pas de générer de nouvelles erreurs « Je vais prendre des décisions lourdes quand j’irai dans la Brigade Alpine début décembre » a indiqué Jean-Yves Le Drian. L’option qui semble se profiler : l’abandon du système Louvois, incontrôlable et générateur de tant de tensions. Soldes illisibles, primes trop nombreuses, problèmes de remboursement des trop-perçus,  « chaque jours c’est une surprise ». Le ministre prend le dossier très au sérieux « je ne veux pas qu’un seul militaire soit pénalisé », décrivant la situation d’inadmissible « je leur ai exprimé les excuses de la République ». Un audit a été lancé. Reste les décisions.

BdD, il faut professionnaliser 

La deuxième inquiétude des soldats, identifiée par le ministre: la réforme des BdD (Base de Défense). Visant à rationaliser le soutien de plusieurs unités regroupées de manière interarmée, à travers la création de Groupement de Soutien de Base de Défens (GSBdD), « la communication entre les soutenus et les soutenants ne se passe pas bien, entraînant une surchauffe administrative, alors que le but de la réforme est le contraire, ainsi qu’une sorte de déshumanisation »

Les solutions ? « Il faut décentraliser les responsabilités pour disposer d’une véritable responsabilité territoriale ». C’est donc une autre articulation au niveau central qu’il faudra trouver et que le ministre devrait bientôt suggérer.

MCO, très tendu

Enfin la troisième inquiétude relevée par le ministre touche à la préparation opérationnelle, notamment le maintien en condition opérationnelle  (MCO)  des matériels en métropole, délaissé au profit d’une haute disponibilité des équipements déployés en opérations extérieures (opex). C’est là la conséquence direct des coupes budgétaires.

Interrogé sur le bien fondé de ces diverses réformes qui touchent au premier chef l’armée de terre, le ministre a reconnu « on a tout fait en même temps, trop vite », à savoir RGPP, BdB et Louvois, lancés par le précédent gouvernement. La faute de ces dérapages ; c’est donc bien « la précipitation ».

Photo: Jean-Yves Le Drian visite le 2e RIMa (crédits: R.Pellegrino/ECPAD)