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Les quatre dynamiques de la filière terrestre pour 2025

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L’écosystème de défense terrestre français s’est réuni mi-janvier à Paris pour la traditionnelle cérémonie des voeux du président du GICAT. L’occasion pour ce dernier de revenir sur les temps forts de 2024 et de détailler les dynamiques prioritaires pour l’avenir. 

Une filière terrestre et aéroterrestre en ordre de bataille pour soutenir les armées « dans un contexte national, européen et international plus complexe et imprévisible que depuis bien longtemps », voilà le cap fixé le 15 janvier par le nouveau président du GICAT* et PDG de KNDS France, Nicolas Chamussy, depuis le septième étage du grand magasin Printemps Haussmann. Le défi est de taille, mais « le GICAT y est prêt et prendra toute sa part », assurait-il devant un parterre d’entreprises, de militaires et d’autorités du ministère des Armées.

Après la sécurisation des Jeux olympiques et paralympiques, après un salon Eurosatory de tous les records, après la publication de plusieurs rapports dont un remarqué sur les drones, l’heure est à la poursuite d’une quadruple dynamique définie en septembre dernier et directement inspirée de la feuille de route présidentielle. Une dynamique à la fois industrielle, européenne, internationale et responsable, et autant de défis à relever pour une filière en phase d’accélération mais exposée à certaines fragilités, relève le GICAT. 

Entre réduction des délais, relocalisation et augmentation des cadences, le quelque 500 entreprises affiliées au GICAT et leurs 50 000 salariés ont dorénavant pris le pli de cette bascule dans l’économie de guerre proclamée en 2022 par le président de la République. Souvent réduite à une émanation de la place parisienne, cette mécanique nouvelle n’en reste pas moins – pour ne pas dire surtout – une réalité régionale. Véritable thermomètre de l’industrie, le GICAT l’a bien compris en annonçant le déploiement d’une organisation active en région, un maillage complémentaire de celui de la Direction générale de l’armement et des différents pôles de compétitivité existants pour mieux ancrer la démarche au plus près d’un tissu d’ETI, de PME et de start-up moins visible mais essentiel. L’objectif est clair : « il faut avoir des usines qui soient prêtes », prêtes à passer à la vitesse supérieure si la situation l’exige. 

Les premiers résultats, souvent résumés au canon CAESAR et au missile MISTRAL, sont encourageants mais des obstacles demeurent aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières. La simplification et la réduction des processus administratifs, par exemple, doivent être « une réalité de notre action collective et non une incantation vaine », pointait Nicolas Chamussy. « Nous devons absolument aboutir à une simplification massive des règlementations tant au niveau français qu’européen et à l’-‘accélération de la politique de réindustrialisation (grâce à des mesures dans les domaines du foncier, fiscalité, soutien à la recherche et à l’innovation) », complétait-il. 

« La Responsabilité Sociétale des Entreprises est un élément important de l’attractivité de notre secteur et devient de plus en plus une obligation faite à nos entreprises ». Si la démarche est vertueuse et participe à l’attractivité du secteur, sa déclinaison en autant de critères ESG contraignants, règlements européens de types CRSD/CS3D et autres transcriptions dans le droit national exige elle aussi de rester vigilant. Le contexte sécuritaire et la redéfinition des priorités qu’il engendre en matière de production s’accommodent en effet mal d’un excès de normalisation. Pour les industriels, il convient in fine de s’assurer que ces règles « ne constituent pas autant de freins et d’impact sur la compétitivité de notre industrie nationale parce que nous aurions été, si vous me passez l’expression, plus royalistes que le roi ».

Si la BITD française ressort gagnante des mécanismes européens de types FED, ASAP et EDIRPA, la suite exige là aussi un regain de vigilance. « Faisons-en sorte que le projet de Livre Blanc du nouveau commissaire européen à la Défense devienne un catalyseur efficace tant pour un financement plus marqué de l’industrie de défense que pour une allocation des fonds de l’UE vers les industriels européens », souhaite le président du GICAT dans ce qui semble être un clin d’oeil au programme européen pour l’industrie de la défense (EDIP) en construction. Pour peser davantage à Bruxelles, le groupement a notamment prévu d’y ouvrir un bureau permanent. 

Accélérer est devenu une exigence majeure de la clientèle, au même titre que le prix. Elle nécessite cependant d’investir. Dans les ressources humaines premièrement, en misant sur la montée en puissance d’une réserve industrielle appelée des voeux du patron du GICAT mais aussi en parvenant à capter les profils issus, entre autres, d’une industrie automobile en crise. C’est également un effort à consentir dans l’outil industriel et les stocks, avec tout ce que cela comporte comme enjeu en matière de robustesse financière pour tous les maillons de la chaîne. 

Il est trop tôt pour « chiffrer » 2024, mais la filière terrestre devrait à première vue atteindre, voire dépasser, le palier des 9 Md€ de chiffre d’affaires atteint un an plus tôt. Si la loi de programmation militaire actée l’an dernier garantit de la visibilité à moyen terme, « les commandes publiques nationales sont structurellement insuffisantes pour pouvoir maintenir une offre complète tant pour nos armées que pour nos partenaires », pointait Nicolas Chamussy tout en rappelant cette tautologie selon laquelle « l’export est une nécessité pour pérenniser notre modèle économique français ». 

Si l’industrie terrestre aurait généré une part « significative » des 18 Md€ engrangés en 2023 à l’étranger tous secteurs français confondus, les adhérents du GICAT ont vu leur activité à l’export baisser depuis 2019 pour ne plus représenter aujourd’hui que 30% de l’activité globale. Parmi les causes évoquées, une concurrence exacerbée tant de la part de compétiteurs américains et israéliens historiques que d’acteurs émergents, à commencer par les Turcs et les Coréens. Mais aussi cette exigence d’une livraison rapide qui, selon le ministre des Armées Sébastien Lecornu, aura empêché de transformer l’essai auprès de certains prospects.

« Notre objectif collectif doit être de revenir à un niveau de 50% à l’export du chiffre d’affaires de la BITD aéroterrestre », poursuivait le président du GICAT. Derrière le soutien export et les 11 pavillons France programmés pour autant de salons de défense en 2025, il s’agira d’éviter que le serpent ne se morde la queue en attendant les dividendes des succès export pour stimuler la montée en cadence. Le déclic viendra en effet aussi de cette prise de risque déjà adoptée par plusieurs acteurs du domaine mais dont l’ampleur est visiblement insuffisante aux yeux du ministre des Armées.

*Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres

Crédits image : GICAT / Michael Guichard

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