Le JDEAL. Encore un acronyme militaire peu explicite, qui pourtant se réfère à un projet majeur de l’European Defence Agency : le Joint Deployable Exploitation and Analysis Laboratory. Le JDEAL a récemment pris une dimension nouvelle avec la livraison le 10 février par la société espagnole Indra du premier laboratoire mobile destiné à l’analyse et à l’exploitation des engins explosifs improvisés (IED). Selon l’EDA, ce premier laboratoire mobile, basé à Stoesterberg (centre des Pays-Bas), a officiellement atteint sa pleine capacité opérationnelle et peut maintenant être déployé partout dans le monde sur requête d’un des pays contributeurs.

Le JDEAL (Crédit: EDA)
Ce nouvel outil est constitué de 13 containers modulaires qui, telles des briques Lego, peuvent être équipés et assemblés selon les besoins spécifiques de la mission. Jusqu’à 20 spécialistes des IED pourront travailler sur les résidus d’explosifs récupérés sur les scènes d’attaques et compiler les informations recueillies pour ensuite définir les techniques, tactiques, et procédures employées par les poseurs d’IED. Outre la récolte d’échantillons provenant d’attaques nucléaires, radiobiologiques, biologiques, chimiques ou explosives, le matériel high-tech installé dans ces containers permet de recouvrir l’ensemble du spectre d’exploitation des IED. Cela inclut un examen visuel détaillé et la prise d’images de très haute définition, l’exploitation technique, l’analyse biométrique (la recherche d’empreintes digitales par exemple), l’analyse des circuits électriques utilisés pour fabriquer l’IED, l’analyse chimique, mécanique et bien d’autres étapes d’exploitation du matériel retrouvé.
La mise en service de ce nouveau laboratoire est le résultat d’un long processus de maturation entamé en 2011 avec la livraison, toujours par Indra du « Multinational Theatre Exploitation Laboratory Demonstrator » (MNTEL). Déployé en septembre 2011 au sein de l’ISAF en Afghanistan sous la direction du contingent français, le MNTEL, bien qu’opérant à capacité réduite, récoltera et analysera près de 6 000 échantillons d’IED jusqu’à son rapatriement en 2014 aux Pays-Bas. L’immense « bibliothèque » d’échantillons constituée, de même que l’expérience acquise, contribueront ensuite au lancement du projet JDEAL proprement dit et à l’inauguration, en novembre 2014, d’une structure permanente destinée à former les futurs spécialistes de la lutte contre les IED. La livraison de la première structure mobile permet maintenant à ses opérateurs de désormais «
se concentrer sur les conséquences opérationnelles de se voir être déployés dans les mois à venir », explique le commandant hollandais Geert-Jan Verkoeijen en charge du JDEAL à Soesterberg. «
Nous nous préparons maintenant pour l’exercice de lutte contre les IED ‘Bison Counter’ en Suède (Août 2016) », ajoute-t-il dans un communiqué de l’EDA.

Le JDEAL (Crédit: EDA)
Le projet JDEAL est né en mai 2013 à l’initiative de 11 États-membres de l’EDA (Autriche, Belgique, France, Allemagne, Hongrie, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Espagne, Suède) et la Norvège, sous la houlette des Pays-Bas. Loin de se limiter à cet unique laboratoire mobile, le JDEAL mettra, à terme, une structure fixe et deux laboratoires mobiles à disposition des États contributeurs.