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La transformation de l’armée russe

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Le T90, dont au moins 700 sont aujourd'hui en service. (crédits: V. Kuzmin)

Le T90, plusieurs centaines sont aujourd’hui en service.
(crédits: V. Kuzmin)


FOB vous propose aujourd’hui une plongée au cœur de l’armée de terre russe, qui depuis 2008, sous l’impulsion de l’ancien ministre de la Défense, Anatoli Serdioukov, est entrée dans une profonde phase transformation. Il faut dire que l’appareil militaire russe en avait bigrement besoin, laissé en quasi-abandon depuis la chute du mur. Pour moderniser ses forces vieillissantes, Le Président Poutine n’a pas lésiné sur les moyens : 600 milliards d’euros ont été prévus sur la période 2011-2020. La « réforme Serdioukov » est donc lancée, même si son grand architecte, contesté en interne, a été depuis limogé et remplacé.
 
Vers une armée moderne
 
Cette réforme militaire russe, outre les inspirations des modèles d’armées modernes occidentales, prend racine dans les derniers conflits menés par la Russie, à savoir la guerre de Tchétchénie et celle de Géorgie en 2008. Finie les traditionnelles et impressionnantes mobilisations de masse, l’objectif de cette réforme vise à doter la Russie d’une armée redimensionnée et professionnelle, plus réduite mais plus mobile, dotée d’équipements plus modernes et disposant d’un encadrement de qualité. D’ici fin 2015, l’armée russe nouvelle mouture doit compter 150 000 officiers, 550 000 kontraktniki (soldats sous contrats) et 300 000 conscrits. L’armée de terre devrait elle compter sur un effectif de 360 000 soldats. Cette réforme bouleverse également la structure de l’ancienne armée rouge, la brigade (en places des anciennes divisions) devenant l’unité organique de référence, qui sera légère, médiane ou lourde. D’ici 2015, l’armée de terre russe devrait compter sur 4 brigades blindées et 35 motorisées ainsi qu’une de défense du territoire. Ces nouvelles brigades, à l’instar de celles occidentales, deviennent également interarmes. Reste que « la réforme Serdioukov » étant fortement remise en question aujourd’hui, un certain flou demeure sur l’avenir cette nouvelle restructuration.
 
De nouveaux équipements
 
Côté blindés
 
Cette nouvelle structure s’accompagne bien évidemment de nouveaux équipements.
Le programme le plus emblématique est l’UPC (Universal Combat Platform) qui sera une nouvelle plate-forme modulaire, réalisée par UralVagonZavod (UVZ). Cette plateforme sera une base commune pour les futurs chars de combat, véhicule de combat d’infanterie ou encore engins du génie ou nouveaux systèmes d’artillerie. Cette « plate-forme universelle de combat « , sera donc produite en différentes configurations à partir d’un châssis identique. La version chenillée la plus lourde, dénommée T-99 Armata, constituera le nouveau char de bataille destiné à remplacer les T-72 et T-90 actuellement en service. Le lancement de ce  programme signifie donc de facto l’abandon du projet T-95, après la réalisation des premiers prototypes. La configuration médiane, appelée Kurganets-25, doit, elle, offrir un successeur au parc de BMP-2/BMP-3, BMD et 2S25 Sprut-SD; alors que  celle légère, dénommée Boumerang, sur châssis 8 x 8 remplacera les BTR-80, BTR-82/82-A et BTR-90.
Le programme UCP pour les nouveaux chars de bataille et les VCI a démarré en 2013 et les premières livraisons sont attendues pour 2015. Quant au projet Boumerang, il se dit qu’il pourrait être menée en collaboration avec des industriels étrangers. Le français Renault Trucks Defense (groupe Volvo) et UralVagonZavod (UVZ) ont d’ailleurs présenté ici un projet commun : l’ATOM (relire l’article de FOB ici),  projet aujourd’hui suspendu (relire l’article de FOB ici).
 
Le nouveau véhicule blindé léger Tigr, ici dans une configuration de guerre électronique (crédits: GAZ)

Le nouveau véhicule blindé léger Tigr, ici dans une configuration de guerre électronique
(crédits: GAZ)


 
Outre l’UPC futur, l’armée russe à déjà réalisé certaines acquisitions de nouveaux matériels, à savoir : le BMD-4M, dont les premiers exemplaires sont déjà en service dans les forces aéroportées, de 6 x 6 Taifun pour les brigades légères et les troupes aéroportées et de véhicule légers 4 x 4 type Lince/Iveco et Tigr.
 
En ce qui concerne les chars de bataille, leur nombre sera réduit de façon drastique puisqu’ils devraient passer, à terme, de plus de 20 000 en service actuellement à 2 300 environ, soit tout de même plus de 10 fois la dotation de chars Leclerc de l’armée française !
En attendant la réalisation des premiers engins sur plate-forme UCP, les unités blindées russes continueront à utiliser les T-90, dont environ 300 exemplaires sont actuellement en service ainsi que les T-72B3 et T-72BM Rogatka, versions modernisées du T-72. (nouveaux systèmes d’observation et de conduite de tir, canon de 125 mm 2A46M, blindage réactif Relikt…).
 
Également à titre transitoire en attendant le programme UPC, les russes souhaitent moderniser plus d’un millier de BTR-80A au standard BTR-82A (système de vision nocturne, tourelle de 30 mm…). Au moins 200 exemplaires sont aujourd’hui en service.
 
Quant aux véhicules tactiques blindés légers, le plan d’équipement 2011-2020 prévoit la livraison de 1 775 exemplaires de 4 x 4 dont 358 LMV (Light Multirole Vehicle) Lince italiens. Le reste de la flotte de blindés légers sera constitué de Tigr-M, développé par le constructeur russe GAZ.
 
Côté artillerie
 
Le lance roquette de 300 mm Smerch ou BM30. (crédits: Ministère russe de la défense)

Le lance roquette de 300 mm Smerch ou BM30.
(crédits: Ministère russe de la défense)


En ce qui concerne l’artillerie, outre à la mise a niveau des automoteurs 2S19 Msta  au standard 2S19-M avec nouveau système de conduite de tir, les principales nouvelles acquisitions porteront sur les système de missiles balistiques tactiques  9K720 Iskander (SS-26 Stone en code OTAN). Destiné à remplacer les batteries Tochka-U (SS-21 Scarab), ce système de missiles sol-sol devrait équiper, d’ici 2015, entre six et neuf brigades. Les premiers Iskander-M auraient été livrés en 2007 et les derniers en décembre 2013.
L’artillerie russe devrait également recevoir,  post 2015, un nouveau lance-roquettes multiple (LRM) de nouvelle génération, actuellement en cours de développement, Il s’agirait  du Smerch 9A53 Tornado. En attendant l’artillerie russe est en train de percevoir 36 Smerch-G, mettant en œuvre les roquettes Grad de 122 mm.
 
 
Côté infanterie
Le système de fantassin moderne Ratnik en évaluation dans plusieurs unités d'infanterie (crédits: Ministère russe de la Défense)

Le système du fantassin moderne Ratnik en évaluation dans plusieurs unités d’infanterie
(crédits: Ministère russe de la Défense)


 
Contrat signé en novembre 2011, entre l’industriel allemand Rheinmetall et le ministère russe de la Défense, un centre d’instruction et d’entraînement moderne livré « clefs en main » pour l’armée de terre, doit voir le jour sur le plus grand terrain de manœuvre d’Europe, à Mulino (oblast de Nijni Novgorod). Sur une superficie de 500 km2, ce centre, devra permettre l’entraînement de 30 000 hommes par an.
Reste que le plus ambitieux programme  pour l’infanterie demeure le Ratnik (guerrier),  sorte de FELIN  à la russe. Des essais d’évaluation ont été menés d’août à novembre 2013 et il était prévu que les premiers  militaires russes perçoivent leurs nouveaux équipements dès le début 2014. En réalité, les premiers systèmes du combattant devraient être distribués seulement dans le courant de l’été prochain.
En ce qui concerne l’armement individuel, l’armée russe doit recevoir le nouveau fusil d’assaut AK-12, en deux versions, l’une chambrée en 5,45 x 39 mm et l’autre en 7,62 x 39 mm.
 
Pour en savoir plus sur l’état de la transformation de l’armée russe, FOB vous conseille vivement la lecture de l’excellent hors série de RAIDS sur le sujet qui paraîtra mi juin, réalisé par Jean-Pierre Husson sous la direction d’Eric Micheletti (à surveiller leur site internet ici)

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