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La PLF 2018, un mirage budgétaire?

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avec Christina Mackenzie
 
« Redresser l’effort de défense de notre pays », tel est le credo du Projet de loi de finances 2018 (PLF) français présenté le 27 septembre par la ministre des Armées Florence Parly. Dévoilé dans ses grandes lignes par le président Emmanuel Macron le 13 septembre dernier, le budget des Armées augmentera de 1,8Md€ pour atteindre 34,2Md€ (hors pensions) en 2018, soit une augmentation de 5,8%, ou 1,82% du PIB contre 1,77% cette année.
 

La Ministre des Armées Florence Parly, accompagnée du chef d'état-major des Armées, le général Lecointre (Crédit: ministère des Armées)

La Ministre des Armées Florence Parly, accompagnée du chef d’état-major des Armées, le général François Lecointre (Crédit: ministère des Armées)


 
Cette courbe ascendante se prolongera jusqu’à la fin du quinquennat, pour plafonner à 41Md€ en 2022, permettant à la France d’atteindre d’ici 2025 le seuil des 2% consacré à sa défense recommandé par l’OTAN. « Sur la totalité du quinquennat, les moyens de l’armée augmenteront ainsi de 30 milliards par rapport au deux quinquennats précédents », précise le ministère des Armées.
 
Alors…certes, effort il y a, mais celui-ci est à nuancer. De cette augmentation de 1,8Md€, il faut en effet soustraire près d’1Md€ pour respecter les mesures prises sous l’ère Hollande, telle que l’augmentation des effectifs et donc de la masse salariale, ainsi que 200M€ supplémentaires octroyés aux OPEX, dont le budget grimpe à 650M€. Ne restent donc « que » 600M€ d’augmentation. Ajoutez à cela les 850M€ annulés durant l’été, que le ministère espère récupérer en renégociant notamment certains programmes, ainsi que les 700M€ de crédits 2017 gelés et que Parly entend négocier avec son collègue des finances en octobre, et vous obtenez un joli mirage budgétaire.
 
De même, si la provision allouée aux OPEX en loi de finance initiale augmente sensiblement, celle-ci est loin d’atteindre leur coût réel, largement au delà du milliard d’euros depuis 2013. Cette année, par exemple, le budget OPEX devrait dépasser 1,32Md€, quand les Armées ne disposent que de 1,13Md€ pour leur financement. Qui paiera l’ardoise résiduelle de 190M€ ? Même constat pour les missions intérieures (MISSINT), dont le surcoût devrait s’élever à 203M€ en 2017, dont seuls 41M€ ont déjà été payés. Quid des 162M€ restant ? Et ces chiffres ne tiennent pas compte des sommes allouées à l’opération de secours mise en place par le Ministère pour venir en aide aux populations des Antilles suite aux ouragans Irma et Maria… Dés lors, avant de se réjouir de l’augmentation du budget pour 2018, l’ancienne secrétaire d’État au Budget doit surtout trouver les moyens de boucler son année 2017.
 
Au delà de ce constat en demi-teinte, force est de noter que le ministères des Armées réalisera néanmoins un effort financier significatif en matière d’équipement, dont le budget global atteindra 18,5Md€, soit 1,2Md€ de plus qu’en 2017.
 
Une majoration qui permettra notamment à l’armée de Terre de ne pas être trop inquiétée ni en matière de livraison ni en conduite des programmes. Hors de question, par exemple, de toucher au précieux programme Scorpion, au sein duquel seul le développement des tourelleaux du VBMR (Véhicule Blindé Multi-rôles) Griffon, conçus par Renault Trucks Defense, serait impacté. Restent donc au menu les trois premiers Griffon, les prototypes de l’Engin Blindé de Reconnaissance et Combat (EBRC) Jaguar en vue des premiers essais, et la livraison du premier exemplaire de Système d’information de combat Scorpion (SICS).
 
Même tendance parmi les livraisons de matériel qui devraient suivre les trajectoires prévues. En matière de « Projection-Mobilité », l’armée de Terre disposera donc de 40 nouveaux Porteurs polyvalents terrestres (PPT), d’un nombre non détaillé de PLFS (poids lourds des forces spéciales), et des 500 premiers Véhicules légers tactiques polyvalents non protégés (VLTP NP). Engagés prioritairement dans le cadre de l’opération Sentinelle, les VLTP NP « permettront aux forces de se déployer très rapidement en zone urbaine encombrée comme en zone rurale ». La « troisième dimension » recevra, quant à elle, huit NH90 Caïman, cinq Tigre HAD et 1050 Ensembles de parachutage du combattant (EPC).
 
Dans le domaine de la protection individuelle, le ministère des Armées prévoit l’acquisition de nouveaux casques composites, l’accélération des livraisons de gilets pare-balles type SMB (Structure moléculaire balistique) « plus légers et plus protecteurs que les modèles en dotation » et les premières commandes de treillis F3 ignifugés. Le tout pour un budget global de 60M€.
 
Enfin, le volet « Engagement au combat », qui verra la livraison de 125 postes de tir de Missile moyenne portée (MMP), 8000 fusils HK416F et 4253 « structures Félin allégées ».

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