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L'Europe de la Défense ce n'est pas une armée

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Malgré le vote en faveur du Brexit, le Royaume-Uni promet de continuer à jouer pleinement son rôle dans l’UE et précise qu’il s’opposera à toute tentative de création d’une armée européenne car celle-ci pourrait « saper » le rôle de l’OTAN. Cependant, non seulement le président du Parlement européen Martin Schulz a déclaré que le Royaume-Uni n’aurait aucun droit de veto concernant une coopération de défense renforcée, mais l’idée même d’une armée européenne est autant un non-sens qu’une armée otanienne. Cette dernière n’existe pas tandis que la première n’est pas envisagée.
 

Michael Fallon, ministre de la Défense britannique

Michael Fallon, ministre de la Défense britannique


Les médias britanniques se sont particulièrement excités cette semaine à propos d’un commentaire du ministre de la défense britannique Michael Fallon en amont d’une réunion informelle des ministres de défense européens à Bratislava (la Slovaquie occupe la présidence tournante de l’UE pendant six mois), selon qui l’OTAN « doit rester la pierre angulaire de notre défense et de la défense de l’Europe », et qui ajouta que le Royaume-Uni « va continuer à s’opposer à toute idée d’armée européenne ou d’un quartier général européen qui ne feraient qu’affaiblir l’OTAN ».
 
Selon Fallon, d’autres pays européens partagent les inquiétudes britanniques. « Il n’y a pas de majorité ici pour une armée européenne. Il y a un certain nombre d’autres pays qui croient comme nous que cela va à l’encontre de la souveraineté des États-nations ».
 
Mais Fallon semblait s’insurger contre un faux problème. L’idée d’une armée européenne ne figurait pas dans l’agenda des ministres de défense à Bratislava.
 
Frederica Mogherini répond aux questions des journalistes après la réunion informelle des ministres de la Défense européens à Bratislava le 27 septembre 2016

Frederica Mogherini répond aux questions des journalistes après la réunion informelle des ministres de la Défense européens à Bratislava le 27 septembre 2016


Comme Frederica Mogherini, Haute Représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, l’a déclaré aux journalistes à la fin de la réunion : « Au cours de nos trois heures de discussions à ce sujet avec tous les ministres, je n’ai pas entendu une seule fois le mot veto, je n’ai pas entendu une seule fois le mot blocage et je n’ai pas entendu une seule fois le mot armée .» Elle nota que « si vous observez l’OTAN, l’OTAN n’a pas d’armée. Cela ne signifie pas pour autant qu’il ne s’agit pas d’une alliance militaire efficace » avant de souligner que l’UE n’est « pas une alliance militaire mais [elle] possède des instruments qui nous permettent de coopérer davantage en matière de défense ».
 
Parmi ces instruments figure les Groupements tactiques, formés il y a dix ans mais jamais utilisés « en raison d’un manque de volonté politique », a-t-elle expliqué, suggérant qu’ « il existe peut-être des processus sur lesquels nous devons travailler pour les rendre utilisables ». Un autre instrument plutôt surprenant mais mentionné par Mogherini comme étant « très important » est d’investir dans le secteur de la défense et « particulièrement dans la base industrielle ».
 
Mogherini a pointé le fait que les dépenses et investissements de défense en Europe représentent 50% de ce que les États-Unis dépensent, mais que la production n’atteignait pas ces 50% mais seulement 15% en raison de l’absence d’économie d’échelle. « C’est quelque chose qui peut être résolu à travers une plus grande coopération sur la base d’initiatives industrielles et en mettant particulièrement l’accent sur la recherche, les technologies et l’innovation dans le domaine de la défense », déclara-t-elle.
 
Mogherini a insisté sur le fait qu’ « il n’est pas question ici d’une armée européenne [mais] de renforcer la coopération de défense dans l’Union européenne ». Elle a tenu à préciser que ce qu’elle avait vu et entendu dans la salle de réunion « était une détermination partagé pour faire ce que nous pouvons et devons faire ». Une meilleure coopération entre Européens serait au contraire bénéfique pour l’OTAN car elle se traduirait par davantage de moyens qui pourrait aussi soutenir l’Alliance Atlantique, a ajouté Mogherini.
 
La ministre de la défense allemande Ursula Von der Leyen est entourée à sa gauche de son homologue slovaque Peter Gajdoš et à sa droite de son homologue français Jean-Yves Le Drian

La ministre de la défense allemande Ursula Von der Leyen est entourée à sa gauche de son homologue slovaque Peter Gajdoš et à sa droite de son homologue français Jean-Yves Le Drian


La ministre de la Défense allemande Ursula Von der Leyen a fait écho à cette déclaration, en expliquant que « nous avons besoin d’une Europe forte et tout ce qui renforce la défense de l’Europe renforce l’OTAN ». Des propos répétés par le Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg (toujours invité aux réunions des ministres de la Défense européens), qui a indiqué aux journalistes qu’il n’existait « pas de contradiction entre une défense européenne forte et une OTAN forte ». L’importance réside dans la nécessité d’éviter les doubles emplois, a-t-il dit.
 
Mais est ce que les Etats-membres de l’UE seront en mesure de se permettre de renforcer la défense européenne quand la plupart d’entre eux, comme le graphique ci-dessous le montre, ne répondent même pas aux 2% du PIB consacrés aux dépenses militaires ?
La date butoir des données  ci-dessus est le 1/07/2016. Les chiffres de 2016 sont des estimations. (source: OTAN)

La date butoir des données ci-dessus est le 1/07/2016. Les chiffres de 2016 sont des estimations. (source: OTAN)

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