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Bakou affiche ses ambitions

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Renommé pour son caviar, sa vodka et son pétrole, l’Azerbaïdjan pourrait également le devenir en matière d’industrie de défense. C’est en tout cas ce que souhaite Bakou, qui accueillait du 26 au 29 septembre la seconde édition du salon de défense ADEX, à laquelle ont pris part une centaine d’exposants et une poignée de journalistes, dont l’équipe FOB.
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Le conflit larvé avec l’Arménie pour l’enclave du Haut-Karabagh ainsi qu’un matériel d’origine soviétique vieillissant ont poussé les autorités azéries à investir massivement dans le développement et l’acquisition de matériel militaire moderne pour ses forces armées. Soutenue par l’explosion de ses revenus énergétiques, l’Azerbaïdjan a en conséquence décuplé ses dépenses en matière de défense en une décennie pour atteindre 1,3 Md € en 2016.
 
Le salon ADEX correspond donc à un double objectif, à savoir attirer les industriels susceptibles de moderniser l’équipement de l’armée azérie et promouvoir une industrie locale relativement jeune mais ambitieuse. L’expansion de cette dernière s’est principalement concrétisée à travers la création en 2005 du ministère de l’industrie de défense de l’Azerbaïdjan (MODIAR), chargé de superviser le développement, la production et la maintenance de l’armement local. Loin de se limiter à la production sous licence de munitions, petites armes et drones, le MODIAR entend maintenant développer des systèmes d’arme plus complexes et 100% azéris. Le MODIAR a ainsi profité du salon ADEX pour dévoiler un programme de développement d’un véhicule de transport de troupes baptisé « Tufan ».
 

Le Tufan, premier projet 100% azéri de véhicule de transport de troupes dévoilé durant ADEX 2016

Le Tufan, premier projet 100% azéri de véhicule de transport de troupes dévoilé durant ADEX 2016


 
Il fut difficile de ne pas se rendre compte de la présence écrasante de la délégation turque, qui représente à elle seule près d’un tiers des exposants. Considérée comme une « nation jumelle » par beaucoup d’Azéris, la Turquie a signé plus d’une centaine de protocoles militaires, notamment en matière de coopération industrielle, avec Bakou depuis 2009. Les relations entre leurs deux industries sont à ce point excellentes que le sous-secrétariat aux industries de défense turc est désormais le principal sponsor du salon ADEX; du jamais vu parmi des salons de défense traditionnellement supportés par leurs gouvernements respectifs. Imaginez Eurosatory dont le sponsor institutionnel principal ne serait plus le ministère de la Défense français mais – soyons fou – la Direction générale des ressources matérielles de la Défense belge…
 
Il fut également impossible, au gré des allées, d’ignorer l’empreinte très « orientale » du salon avec la présence de grandes délégations chinoise, russe, pakistanaise et biélorusse, mais très peu d’occidentaux, et -surtout pas- de sociétés américaines ou britanniques. Une certaine suspicion reste en effet de mise à l’égard de l’Occident, au point de mener à quelques situations cocasses. La simple évocation de ma nationalité belge auprès d’un exposant biélorusse a ainsi bloqué tout espoir d’interview, sous prétexte que la Belgique est étroitement liée à l’OTAN. Il me fut également impossible d’approcher un président azéri qui, pour visiter ADEX, bloque entièrement l’une des principales autoroutes du pays, déploie une armée de tireurs d’élite sur les toits du hall d’exposition et, surtout, demande à son service de sécurité de mettre « poliment » à la porte tout journaliste étranger.
 
Un îlot de sociétés françaises émerge heureusement au milieu de cet océan de méfiance un brin anachronique. Outre les mastodontes DCNS, Thales et MBDA, quelques PME se sont risquées à venir « renifler » le marché azéri : Lacroix, spécialiste de la pyrotechnie, le fabricant de systèmes de détection NRBC Proengin, Vectronix, filiale suisse du groupe Safran spécialisé dans les systèmes optiques, et ECA Group, venu présenter sa gamme de drones. Malgré une présence restreinte, le « Made in France » semble avoir plu, d’après des exposants français visiblement ravis des premiers contacts établis.
 
Si ADEX reste un salon à l’ampleur limitée, cette seconde édition a néanmoins réservé son lot de nouveautés « exotiques », dont trois vous seront présentées demain.

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