Le programme ESSOR piloté par l’OCCAR* pourrait accueillir deux nouveaux membres cette année. Parmi eux, la Belgique, qui rejoindrait alors la France, l’Espagne, la Finlande, l’Allemagne, la Pologne et l’Italie dans leur objectif de développement en commun d’une radio logicielle européenne.
Lancé le 1er janvier 2009, ESSOR (European Secured Software defined Radio) vise la conception d’une architecture de radio logicielle de référence partagée au niveau européen et d’un nouveau standard de forme d’onde à haut débit terrestre et de coalition. Le tout doit garantir l’interopérabilité entre armées européennes et avec le standard américain SCA. C’est donc sur ce socle que s’est appuyé le groupe français Thales pour concevoir la nouvelle radio CONTACT.
Après l’Allemagne en 2019, ESSOR « pourrait être rejoint par la Suède et la Belgique en 2021 », annonce le directeur de l’OCCAR, l’Italien Matteo Bisceglia, dans le business plan annuel de l’organisation. Selon lui, les deux pays « ont un réel intérêt dans la signature du protocole d’accord-cadre ».
Associée de la première heure, la Suède avait souhaité rester en retrait pour la seconde et actuelle phase d’« Operational Capability 1 » (ESSOR C1). Côté belge, ce serait la suite logique d’une volonté déclarée en mars 2018 lors du rattachement d’ESSOR à la Coopération structurée permanente (CSP/PESCO). La Belgique avait alors choisi de prendre le train en marche, de même que le Portugal et les Pays-Bas.
Une fois le protocole ratifié, la Belgique devrait ensuite matérialiser sa participation de deux manières. D’une part, en allouant des fonds, nécessaires à la poursuite des activités. Et, d’autre part, en définissant l’entreprise locale dont les compétences justifieront son inclusion dans le consortium a4ESSOR, acteur industriel du programme basé en France.
Le ticket d’entrée allemand, par exemple, s’élevait à 80M€. Deux mois plus tard, le groupe allemand Rohde & Schwarz intégrait officiellement a4ESSOR. S’il est trop tôt pour parler de ligne budgétaire en Belgique, celle-ci pourra miser sur Thales Belgium. Installée à Tubize (Brabant wallon), cette filiale belge de Thales s’est entre autres spécialisée dans les radiocommunications tactiques. Elle est aujourd’hui impliquée dans le déploiement de la radio CONTACT sur une partie des véhicules actuels de la Composante Terre.
Si cette adhésion se confirme, la Belgique s’engagerait dans son troisième programme OCCAR après l’avion de transport A400M, dont elle est l’un des piliers fondateurs, et l’acquisition de jumelles de vision nocturne (NVC), qu’elle conduit depuis deux ans en coopération avec l’Allemagne.
Entamée en 2017 après une étape de démonstration technologique (TDP), ESSOR C1 continuera de monter en puissance jusqu’en 2023 et l’atteinte d’un nouveau jalon. Cette seconde phase, pour l’instant financée à hauteur de 95M€, impliquera cette année de contractualiser de nouvelles activités en partie liées à l’arrivée de l’Allemagne.
L’OCCAR prévoit par ailleurs de finaliser l’intégration de cinq nouveaux projets liés à ESSOR, élargissant le champ d’étude aux applications navales et aériennes. Une politique d’ouverture qui pourrait également trouver un écho en dehors du domaine militaire et intéresser le secteur de la sécurité, estime l’organisation européenne. Enfin, la maturité des produits ESSOR devrait permettre la réalisation de premiers tests d’interopérabilité sur les plateformes de nouvelle génération à compter de 2022.
*Organisation Conjointe de Coopération en matière d’Armement