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Irak : les Etats-Unis partent-ils vraiment ?

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Au 31 décembre à minuit, pendant que d’autres s’embrasseront sous le gui, le dernier des 41.000 GI encore présents en Irak quittera officiellement le sol mésopotamien. Ainsi se terminera une aventure militaire qui avait commencé huit ans plus tôt par une remarquable victoire militaire en trompe l’œil. Mais est-ce bien un départ américain auquel nous allons assister ?

Car pendant que le Pentagone plie les gaules en Irak, le département d’Etat américain y déplie les siennes et se constitue progressivement une armée privée de plus de 5500 hommes ! Sans uniformes et sans grades apparents, mais avec un armement individuel des plus modernes, cette force aura pour mission de défendre les intérêts américains dans le pays, protéger les installations consulaires et les personnes qui y travaillent. On évoque à ce propos le chiffre de 17.000 Américains dans le pays, dont environ 10.000 pour le seul Département d’Etat !  Cette représentation diplomatique occupe aujourd’hui une ambassade tentaculaire dans la célèbre Green Zone, des consulats dans les principales villes du pays (Bassorah, Mossoul, Kirkuk etc) et de nombreux autres établissements plus ou moins officiels. Il est bien clair que cette représentation diplomatique, la plus importante au monde, n’est pas là pour donner un coup de main aux fouilles archéologiques d’Umma.

Dans un pays qui est encore considéré par beaucoup comme étant en guerre, le bataillon de gardes privés sera sur le pied de guerre au portail des bâtiments américains officiels. Mais pas seulement, et c’est bien là que le bât blesse. Il s’agira également d’intervenir sur le sol irakien pour escorter des ressortissants américains, diplomates ou autres, et faire éventuellement le coup de feu pour les protéger. Cette armée privée, mise sur pieds par une dizaine de firmes américaines différentes, disposera également d’une flotte d’hélicoptères lui permettant d’intervenir rapidement.  Des hélicoptères privés sont déjà à l’œuvre à Bagdad, et Youtube foisonne d’images de Hugues 500 intervenant en zone urbaine. Mais il semble bien que tout ce la ne soit qu’une aimable mise en jambe, le Département d’Etat ambitionnant de mettre en place une véritable force aérienne avec avions et hélicoptères légers et de moyen tonnage. Cette unité aérienne serait apte aux missions de recherche et de sauvetage au combat.

Dans cette affaire, le Département d’Etat marche sur des œufs, le bilan des officines déjà présentes en Irak étant loin d’être immaculé. En 2007, au cours d’un épisode resté tristement célèbre, une fusillade déclenchée en plein Bagdad par des gardes de sécurité de la firme Blackwater avait fait 17 tués parmi les civils irakiens. A la suite de ce drame, Blackwater avait été déclarée persona non grata par le gouvernement irakien. Mais expulsée par la porte, la société pourrait revenir par la fenêtre, dissimulée dans l’écheveau de sociétés contractées par le Département d’Etat. On se doute que la présence sur le sol irakien de plus de 5500 ressortissants  américains lourdement armés soulèvera quelques épineuses questions sur les règles d’engagement et l’attitude de ces hommes face aux autorités légales du pays…

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