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FOB interview : Julien Porcher, MBDA.

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Une semaine après la pose de la première pierre d’une usine de démantèlement dans la région de Bourges, FOB revient sur le marché de la « démilitarisation » des munitions complexes avec Julien Porcher, directeur des services clients de MBDA.

 

D’importants investissements sont aujourd’hui consentis en Europe pour la démilitarisation des munitions. Mais comment faisait-on auparavant, en l’absence de telles infrastructures ?

 

De façon assez simple, on se contentait de brûler ou de faire détonner à l’air libre ou encore dans des installations qui ne correspondent plus aux normes environnementales d’aujourd’hui. Si on regarde à l’étranger, beaucoup de munitions ont également été jetées en mer par des nations indélicates. La Baltique est bien connue pour être le cimetière marin de l’ex Union Soviétique…

 

Pourquoi a-t-on attendu si longtemps  pour mettre en place cette filière moderne en France ? 

 

Il y a eu beaucoup de tergiversations et de budgets absents… L’obligation de démanteler les munitions des MLRS avant 2018 a servi de catalyseur.

 

Il y a donc un marché en France pour une filière de démilitarisation ?

 

Oui, mais avec des nuances… L’appel d’offre initial du ministère de la Défense portait sur tous les types de munitions. Nous pensons que pour les munitions simples, d’autres pays font très bien ce travail à des coûts imbattables. Il était par contre utile de mettre en place une filière française pour les missiles, plus complexes à démanteler et porteurs de contraintes de confidentialité.

 

Traiterez-vous uniquement des missiles français ?

 

Nous avons l’ambition de traiter tous les types de missile MBDA en provenance de tous les pays. Nous aurons la capacité initiale de démanteler 1500 missiles par an.

 

Quel sera exactement votre périmètre d’activité à Bourges ?

 

Outre le démantèlement proprement dit, nous ne détruirons à Bourges que les blocs propulseurs et  les dispositifs pyrotechniques. Les charges militaires seront envoyées chez notre partenaire norvégien Nammo qui les fera exploser à 900 m sous terre, dans une ancienne mine de cuivre.

 

Le démantèlement d’un missile débouche-t-il sur la récupération de métaux précieux ?

 

Dans des quantités très faibles… Notre modèle économique n’est en aucun cas basé sur cette idée…

 

La conception des missiles a-t-elle changé pour prendre en compte la question du démantèlement ? 

 

Oui, nous essayons de prendre en compte les contraintes du démantèlement dès la phase de conception des nouveaux missiles. A contrario, on voit très bien aujourd’hui que cela ne faisait pas partie des préoccupations des bureaux d’études au siècle dernier….  Un exemple entre cent, la charge militaire du missile air-air Super 530 est rivetée, ce qui ne facilite pas nos opérations…  Pour les missiles les plus anciens, il nous faut parfois réinventer un processus de démontage.

 

Quelle est l’étape le plus difficile dans le démantèlement ?

 

L’opération la plus délicate ne porte pas sur le désassemblage du missile mais plutôt sur la découpe des blocs propulseurs. Cette opération sera robotisée dans notre usine de Bourges et utilisera la technologie de la découpe à jet d’eau. Celle-ci nous offrira une bonne flexibilité en terme de puissance tout en permettant de travailler à des températures relativement basses, de l’ordre de 80° au contact de la poudre.

 

Pourquoi ce besoin de découper les blocs de poudre des propulseurs ?

 

Les chambres de combustion que nous construisons acceptent des blocs de 1,5 kg « équivalent TNT ». Nous découpons les propulseurs en rondelles pour ne pas dépasser cette limite…

 

Cette usine représente un investissement de l’ordre de 9M€ pour MBDA, sur un coût total de 12 M€. Est-ce une affaire rentable ?

 

Avec cette usine, MBDA sera capable de gérer le cycle de vie complet d’un missile, depuis sa fabrication jusqu’à son démantèlement. C’est un argument commercial fort… Depuis que nous avons remporté l’appel d’offre en 2011, nous avons reçu de nombreuses demandes, qu’il s’agisse d’organismes français ou de pays clients étrangers…

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