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Filière petit calibre : et si la solution était en Belgique ? 

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Et si la France se tournait vers le voisin belge pour sécuriser ses approvisionnements en munitions de petit calibre ? La Belgique vient justement de jeter les bases d’un partenariat stratégique multinational avec FN Herstal dans ce segment, partenariat ouvert à d’autres pays et qui semble susciter l’intérêt de la France. 

Approuvé hier par le gouvernement, cet accord majeur avec FN Herstal garantira la sécurité d’approvisionnement de la Défense belge en matières de munitions et d’armement léger pour les 20 prochaines années. « Grâce à ce partenariat, nous renforçons notre autonomie stratégique nationale et contribuons à l’autonomie stratégique européenne », se félicite la ministre de la Défense belge, Ludivine Dedonder, dans un communiqué. 

Coût estimé de l’investissement pour la Belgique : 1,7 Md€. De quoi permettre au groupe belge d’investir sur son site liégeois, d’installer une ligne de production supplémentaire à Zutendaal, dans le nord du pays, et de mener des activités de R&D « sur la base et en fonction des besoins des utilisateurs ».

« Aujourd’hui, plusieurs pays européens manifestent déjà leur intérêt pour rejoindre le partenariat afin de pouvoir eux aussi compter sur la fiabilité de notre industrie belge de défense et de sécurité dans l’intérêt de leur sécurité », signale la ministre de la Défense. Les Pays-Bas, le Grand-Duché de Luxembourg et la France en feraient partie selon l’agence de presse Belga. Pour la France, ce pourrait être une réponse aux appels réguliers de certains parlementaires à renforcer l’autonomie nationale en terme de munitions de petit calibre. 

L’idée d’un ancrage européen plutôt que national ne date pas d’hier. Elle avait déjà été soulevée à demi-mot dans un rapport sur les stocks de munitions français publié en février dernier par les députés Vincent Bru (MoDem) et Julien Rancoule (RN). « À défaut d’une filière nationale, une filière de petit calibre en coopération avec un pays européen serait à envisager », estimait Vincent Bru, celui-ci faisant alors état d’une proposition belge de production commune. 

Si elle n’a fait l’objet d’aucune officialisation, cette option aurait plusieurs avantages. Financier, premièrement, en réduisant la facture par la participation à une dynamique de longue terme et la perspective de commandes conjointes. Elle écarterait également l’épineuse question de la rentabilité d’une éventuelle filière franco-française, seulement garantie par l’export et nécessaire pour amortir un investissement initial évalué à 100 M€.

Elle réduirait ensuite le nombre de fournisseurs actuels, de l’ordre d’une dizaine pour les seules munitions de 5,56 mm, 9 mm et 12,7 mm. Autant de calibres inscrits au catalogue de FN Herstal, qui fournit par ailleurs une partie de l’armement individuel et la quasi totalité des armes collectives de petit calibre des armées françaises. Condenser les sources d’approvisionnement sera sans doute audacieux à l’heure où la demande explose, mais permettrait néanmoins de se recentrer sur le seul marché européen en misant sur un interlocuteur belge dont la fiabilité n’est plus à démontrer.

Une souveraineté incomplète contre un moindre risque financier et la sécurisation des approvisionnements. Voilà un compromis typiquement belge qui, tout en amenant son lot d’inconnues, a le mérite d’ouvrir une seconde voie et permet d’envisager d’en finir avec l’un des vieux serpents de mer des armées françaises. 

Crédits image : FN Herstal

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