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Le feuilleton du Livre blanc. Première partie.

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Le premier Livre blanc sur la Défense remonte à 1972 : il est publié sous l’autorité de Michel Debré, premier ministre de Georges Pompidou. La France est alors en pleine mutation, passant de la période de la décolonisation à celle de la « modernité » et son outil militaire doit digérer la mise en place de la Force de frappe.

 

Quarante ans plus tard, l’objectif du Livre blanc n’a pas changé : il s’agit de prendre en compte les hypothèses des évolutions internationales possibles, d’exposer les objectifs et la stratégie de la politique de défense nationale et d’évoquer le niveau de ressource que la nation entend consacrer à sa défense. Le livre blanc attendu en 2013 servira à l’élaboration de la prochaine Loi de Programmation Militaire (LPM) pour les années 2014-2019. LPM qui n’est elle-même qu’un engagement financier pluriannuel déterminant les effectifs et les crédits d’équipement et de recherche affectés au ministère de la Défense. Comme son nom l’indique il s’agit d’une loi votée par le Parlement, qui se préoccupe dans ce cas non seulement du vote d’un budget, mais également de la programmation des dépenses. Mais comme l’usage le démontre, il s’agit d’une loi qui est régulièrement inexécutée et dont l’esprit est donc tout aussi régulièrement violé. Passez muscade…

 

La nouvelle mouture de Livre blanc arrive toutefois dans un contexte très particulier qui mêle alternance politique et crise économique endémique.

Si Les questions de défense ont été largement oubliées lors de la dernière élection présidentielle, on retiendra toutefois que le candidat Hollande prend clairement parti en faveur de la dissuasion nucléaire, dans son discours du 11 mars 2012 : « d’ores et déjà, je veux réaffirmer deux orientations. La première, c’est la consolidation de notre dissuasion nucléaire (…) Nous conserverons donc les deux composantes, aérienne et sous-marine, de notre dissuasion». La seconde orientation du futur président est l’engagement d’assurer un niveau crédible de l’effort de défense de notre pays et à faire en sorte que la défense ne soit pas une « variable d’ajustement ». Bien évidemment, et selon la formule popularisée par Charles Pasqua, les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent.

 

Une fois élu, François Hollande confie à Jean-Marie Guehenno, conseiller maître à la cour des comptes, la présidence de la commission chargée de mener les travaux préparatoires à la rédaction de ce nouveau livre blanc.

 Le 27 juillet 2012 un communiqué de presse conjoint du ministère de l’Intérieur et du ministère de la Défense annonce le lancement officiel, par le Président de la République, de l’élaboration d’un nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale. C’est le coup d’envoi d’une saga qui dure encore, qui n’en finit pas d’agiter le Landerneau qui bruisse de rumeurs les plus folles et rarement optimistes. Le communiqué du 27 juillet rappelle longuement les enjeux de ce bel exercice de style :

« (…) le Livre blanc traitera des risques et menaces qui peuvent peser aujourd’hui et demain sur nos intérêts stratégiques, porter atteinte à la vie de la nation, de la population et du territoire, ou au fonctionnement de l’économie et de nos institutions. C’est donc un enjeu essentiel pour la sécurité et la défense du pays, pour tous nos concitoyens, pour l’État et les collectivités publiques. Aujourd’hui, ces risques ne connaissent guère de frontières terrestres, maritimes, aériennes et numériques, notamment lorsqu’ils s’appellent terrorisme, catastrophes naturelles ou industrielles et technologiques, ou attaques informatiques. Qu’ils se manifestent à l’intérieur ou à l’extérieur du territoire, ou, à l’heure de la mondialisation, dans la continuité des espaces, ils ont des dimensions nouvelles et appellent une mobilisation large et cohérente de toutes les ressources de la puissance publique ». Mais on rappelle un peu plus loin que « le ministère sera appelé à contribuer à l’effort de maîtrise de nos dépenses dans les mêmes proportions que les autres missions de l’Etat ». La règle du jeu est fixée : il faudra que les menaces pesant sur les intérêts stratégiques de la France s’adaptent à l’effort budgétaire demandé pour le redressement des comptes de la Nation.

 

La commission a quatre mois pour rendre sa copie. C’est ambitieux, le précédent livre blanc rédigé en 2007-2008 ayant par exemple demandé 10 mois de travail. Il est enfin prévu qu’au terme de ce travail de rédaction, début 2013, un conseil de défense et de sécurité national permette de définir une stratégie. On va voir que c’est là que les choses se compliquent…

 

A suivre

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