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Eurosatory 2024 :  la radio HF XL de Thales, fusion entre transmissions longue portée et guerre électronique

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La guerre électronique revient à l’ordre du jour et avec celle-ci la question de la résilience des réseaux de communication radio. Chez Thales, l’une des réponses repose sur la solution HF XL dévoilée cette semaine au salon Eurosatory, une station capable de décupler le débit tout en déjouant le brouillage adverse.  

Le grand retour de la HF

Utilisée depuis plus d’un siècle, la haute fréquence « permet d’avoir des communications à très longue distance grâce à la réfraction des ondes sur les couches ionosphériques ». Elle est donc le complément idéal d’un réseau satellitaire souverain limité. Mais entre sa complexité d’emploi, son faible débit, une propagation des ondes influencée par la météo et la généralisation des satellites, la HF est un temps passée au second plan. 

Elle réalise aujourd’hui son « comme back », estime le groupe français. « C’est quelque chose qui correspond à un vrai besoin militaire exprimé depuis la Guerre froide et est validé par le retour d’expérience du conflit en Ukraine », note le général Bernard Barrera. Pour ce retraité des armées françaises devenu conseiller défense Terre de Thales, l’une de conclusions de la guerre de haute intensité, « c’est qu’elle requière de disposer de toute la gamme des moyens opératifs et tactiques ». 

Cette HF, « tout le monde a finalement recommencé à s’y intéresser », complète un représentant de Thales SIX GTS. En quelques décennies, l’innovation a permis de simplifier l’usage tout en augmentant les débits. Son empreinte matérielle est par ailleurs réduite au minimum, contrairement à un réseau satellitaire limité et couvrant mal certaines régions du globe. Ce retour s’accompagne néanmoins d’un impératif : celui de se prémunir des agressions adverses, autre RETEX majeur du théâtre ukrainien. C’est ici que la HF XL se démarque. 

La rencontre entre les transmissions et la guerre électronique

Destinée dans un premier temps aux postes de commandement, la station HF XL matérialise « la rencontre entre le monde de la guerre électronique et celui des communications ». Le principe de base ? L’évasion de fréquence, autrement dit la capacité à « changer de fréquence suffisamment vite et sur une bande suffisamment large pour, qu’en face, ils ne soient pas capables de brouiller les communications ». Pour cela, Thales est passé d’un canal continu à un ensemble de sous-bandes de 3 KHz.

Active dans une bande de 3 à 30 MHz, la radio commencera par écouter le spectre pour détecter des bandes de fréquence dans lesquelles elle pourra émettre de façon efficace. Le flux n’est par ailleurs plus constitué d’un continuum de fréquences mais de sous-bandes de 3 KhZ combinées pour construire un canal « artificiel ». L’avantage ? Si une sous-bande est brouillée, le système la rejette automatiquement et cherche une remplaçante. En ce sens, elle constitue une radio « cognitive » car capable d’écouter et de comprendre son environnement pour s’adapter en permanence à celui-ci.

Non seulement la liaison est maintenue et « extrêmement sécurisée » grâce aux protocoles « maison », mais son débit est plus que décuplé. « Typiquement, on passe d’une classe 10 kb/s à environ 150 kb/s », explique Thales. De quoi dépasser la seule phonie pour s’étendre à l’échange de données – positions, ordres, compte rendus -, aux images, voire à un flux video limité. Et non seulement HF XL est conçue pour combiner deux voies si nécessaires, mais elle permet aussi une mise en réseau des stations pour constituer un maillage de type IP déployé sur des milliers de kilomètres. 

De l’expérience navale à la construction d’une gamme

Cette solution aux multiples brevets, Thales la murit plus d’une décennie. Dès 2013, la Direction générale de l’armement lui confie un plan d’étude amont (PEA) pour progresser sur le sujet. Baptisé « Système Avancé pour Liaisons HF Adaptatives Multi-bANDes Rapides et Efficientes » (SALAMANDRE), l’effort porte alors sur les applications navales en réponse à un besoin exprimé par la Marine nationale. Les expérimentations concluantes, le démonstrateur issu de SALAMANDRE a débouché sur une capacité déployée depuis « un an ou deux » sur les bâtiments français, notamment sur le porte-avions Charles de Gaulle. Son champ s’élargit dorénavant au domaine terrestre. 

« Cette radio, c’est quand même une petit révolution en ce sens qu’elle va donner une solution alternative aux SATCOM », souligne un représentant de Thales. « Quand le satellitaire tombe en panne, tout le monde est content d’avoir de la HF, et là nous allons avoir de la HF qui crache dix fois plus que ce que moi j’ai eu quand j’étais entre Tombouctou et Gao », observe le général (2S) Barrera. 

Cette solution constituera à terme une véritable famille. Hormis les variantes destinées aux PC de 1 kW (TRC 3950) et de 400 W  (TRC 3940), un poste véhiculaire (TRC 3930) et un autre transporté à dos de combattant débarqué (TRC 3920) verront le jour courant 2025 pour former une gamme tactique complète. Si la Marine a donné l’impulsion, Thales n’a à ce jour pas reçu de commande de la part de l’armée de Terre. Celle-ci travaille néanmoins « à la mise en place d’un grand programme d’ensemble sur la HF avec une composante HF XL pour préparer le plan d’équipement », apprend-on. 

« Et puis, derrière, nous avons aussi l’idée de développer la même chose pour les avions et les infrastructures ». Cela demandera notamment d’augmenter la puissance jusqu’à 10 kW pour la version en infrastructure. Pratique pour mailler l’ensemble de la planète et relier autrement la métropole et les territoires ultramarins. 

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