Annoncée dès l’an dernier, l’évolution du système de défense sol-air SAMP/T NG vers un outil multicouche a été officialisée le mois dernier par Eurosam au salon Eurosatory.
Qui peut le plus peut le moins, un adage qui s’applique maintenant au système moyenne portée SAMP/T NG. Derrière les améliorations déjà apportées au profit de la France et de l’Italie, Eurosam travaille depuis un moment à l’intégration d’autres vecteurs d’interception à courte portée (SHORAD) et très courte portée (VSHORAD). Un effort payant qui devrait à terme permettre de combiner le SAMP/T NG, le VL MICA tout juste entré en service dans l’armée de l’Air et de l’Espace et les systèmes MISTRAL de l’armée de Terre dans une bulle unique.
L’évolution vers un outil multicouche correspondait à une demande exprimée par la France et l’Italie, d’emblée alignés sur les développements ultérieurs du SAMP/T NG. Une volonté qui devrait se matérialiser par la mise en place par chaque pays d’une feuille de route qui devrait dans un premier temps prioriser l’ajout d’une couche SHORAD en phase de renouvellement. Si Paris est engagé dans le remplacement de ses Crotale NG par des VL MICA, Rome a en effet retenu le missile CAMM ER pour succéder à l’Aspide.
Cette capacité, le groupement d’intérêt économique formé par Thales et MBDA l’avait anticipée au lancement du programme. Le module d’engagement de nouvelle génération (ME NG) ajoute en effet une console supplémentaire au trois – désormais interchangeables – nécessaires à la conduite du SAMP/T NG. « Nous n’avons pas mis par hasard une quatrième console dans le module d’engagement. Il nous reste une station libre pour pouvoir opérer autre chose et cet autre chose, ce sont des systèmes basse couche », note Eurosam.
De même, le SAMP/T NG est conçu de sorte à manoeuvrer jusqu’à six lanceurs, contre quatre dans la version actuelle. Le panachage de lanceurs à partir d’un ME NG et d’un radar uniques devient dès lors possible, une configuration qui évite la multiplication des outils C2 et mise sur les 350 km de portée et 1000 pistes suivies par le radar Ground Fire 300 retenu côté français.
Ce sont autant de lanceurs externes que l’utilisateur pourra venir raccorder au MENG non seulement pour offrir la contre-mesure la plus appropriée mais aussi pour contribuer à renforcer l’autoprotection de la section. Le Tactical Operations Centre (TOC) du VL MICA étant déjà capable de gérer l’engagement d’un missile MISTRAL, il devient par ailleurs possible d’associer plusieurs modules de systèmes différents pour étendre le diamètre de la bulle.
À terme, Eurosam n’exclut pas l’apparition de « bulles multinationales » dans lesquelles plusieurs pays viennent connecter leurs matériels. « Nous pourrions tout à fait imaginer une section SAMP/T française envoyée en Roumanie avec une dimension SHORAD proposée par l’armée italienne », pointe le GIE. Et l’architecture logicielle serait suffisamment ouverte que pour prendre en compte des solutions extérieures au portfolio de MBDA, comme le NASAMS norvégien ou l’IRIS-T allemand.
Potentiellement matérialisée autour d’un futur avenant notifié par l’OCCAR, la bascule vers du multicouche n’était pas la seule « première » d’Eurosatory. Eurosam y exposait pour la première fois un système SAMP/T NG complet. Ainsi, le module de lancement terrestre (MLT) exposé était un modèle français fraîchement rénové et présenté à l’OCCAr une semaine avant le salon parisien.
Grâce à cet modernisation, ce MLT est maintenant en mesure de tirer le missile Aster 30 B1 NT. Doté d’un nouvel autodirecteur en bande Ka et d’une portée étendue à 150 km, ce missile viendra renforcer une capacité initiale d’interception de missile hypersonique apparemment mise en oeuvre par le système SAMP/T donné à l’Ukraine par la France et l’Italie. L’objectif d’Eurosam reste de pouvoir livrer une première section SAMP/T rénovée à l’armée de l’Air et de l’Espace d’ici début 2026 à des fins d’évaluations opérationnelles.