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Des chenilles pour la Hongrie

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Le père Noël sera passé un peu en avance chez l’allemand Krauss-Maffei Wegmann (KMW), qui engrangeait hier un contrat majeur avec la Hongrie pour la livraison de chars lourds Leopard 2 et de canons automoteurs PzH 2000.
 

Le Léopard 2A7+, dernière itération d'une famille née il y a 40 ans (Crédit photo: KMW)

Le Leopard 2A7+, dernière itération d’une famille née il y a 40 ans (Crédit photo: KMW)


 
Signé le 19 décembre, ce contrat d’un peu moins de 500M€ comprend la livraison, à partir de 2020, de 44 Leopard 2A7+, 24 canons automoteurs PzH 2000 et 12 Leopard 2A4 de seconde main destinés à la formation des équipages. Dernière version de la famille Leopard 2 – apparue il y a tout juste 40 ans -, le standard 2A7+ a été exposé pour la première fois lors du salon Eurosatory 2010. Testé et qualifié par la Bundeswehr, ce nouveau standard permet au Leopard d’affronter tant le combat de haute intensité que les menaces asymétriques. La protection, tout d’abord, a été améliorée par l’adjonction de kits de blindage modulaire offrant une meilleure résistance face aux IED et aux charges creuses. Particulièrement exposée en environnement urbain, la mitrailleuse MG3 montée sur la tourelle a été remplacée par un tourelleau téléopéré FLW 2000. Enfin, le Leopard 2A7+ intègre un meilleur groupe auxiliaire de puissance pour, par exemple, permettre au char d’effectuer des missions statiques de surveillance de checkpoints sans en altérer l’autonomie.
 
Si les chars viendront remplacer la trentaine de T-72M/M1 datant de l’ère soviétique, les PzH 2000 formeront, eux, une toute nouvelle capacité d’artillerie autopropulsée au sein des forces terrestres hongroises. Selon le ministre de la Défense hongrois, « ce contrat renforcera la coopération durable et solide entre les forces armées des gouvernements allemand et hongrois ».  
 
Avec cet achat, la Hongrie franchit une étape majeure du programme « Zrínyi 2026 », initié en 2016 avec pour objectif de moderniser les forces armées et d’atteindre le cap otanien des 2% de PIB consacrés aux forces armées. Un projet ambitieux dans lequel l’industrie française a d’ores et déjà engrangé quelques belles victoires, l’exemple le plus marquant restant Airbus Helicopters, qui a réussi à placer 16 hélicoptères H225M et 20 H145M pour remplacer la flotte locale de Mi-8/17.
 
Reste que, si l’effort consenti par la Hongrie en matière de réarmement est un signal positif, cette nouvelle acquisition, de part son ampleur limitée et sa composition, présente une rupture vis-à-vis des politiques adoptées par les armées voisines. Comment expliquer que Budapest choisisse de pérenniser une capacité onéreuse, complexe à entretenir et acquise en quantité très limitée ? Que faire d’une quarantaine de chars – à peine de quoi mécaniser un régiment français – lorsque de plus en plus d’armées est-européennes et baltes parient sur un duo véhicule de combat d’infanterie-missile antichar ? Comment manoeuvrer un monstre de 65 tonnes sur un théâtre européen présentant de sérieuses lacune en matière de logistique ? De même, à l’heure du combat interarmes, comment faire interagir efficacement un char européen moderne avec des T-80 et BRDM-2 d’origine russe ? Finalement, si la Hongrie n’a pour l’heure motivé son choix autrement que par une coopération accrue avec le partenaire allemand, cette annonce aura néanmoins le mérite de contredire le scénario de la fin programmée des chars lourds.

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