LOADING

Recherche

De nouveaux yeux pour le futur SAMP/T NG

Partager

Ne manquait qu’une nouvelle « paire d’yeux » au SAMP/T de nouvelle génération (SAMP/T NG) pour entrevoir ce à quoi ressemblera la prochaine mouture du système de défense antiaérienne franco-italien. C’est désormais chose faite, avec la présentation par Thales du radar multifonction Ground Fire 300, destiné à équiper les escadrons français. 
 

Le futur SAMP/T NG dans un environnement alpin, bientôt une réalité ? (Crédit photo: Thales)

Le futur SAMP/T NG dans un environnement alpin, bientôt une réalité ? (Crédit photo: Thales)


 
Miser sur le GF300
 
Si le volet « missile » du programme SAMP/T NG, confié à MBDA et concrétisé par le développement du missile Aster 30 B1 NT (Block 1 Nouvelle Technologie), est déjà bien connu, l’aspect « conduite de tir » géré par Thales restait quant à lui plutôt flou. Jusqu’à la semaine dernière et la visite de la ministre des Armées Florence Parly sur le site Thales de Limours, occasion choisie par le groupe français pour détailler les technologies mobilisées pour le futur SAMP/T NG.
 
Premier-né d’une gamme dévoilée en 2017 lors du salon du Bourget, le Ground Fire 300 (GF300) remplacera à terme le radar multifonction Arabel. Développé au début des années 1990, Arabel fut alors le premier radar à balayage électronique de plan. « Il avait représenté un progrès important mais, aujourd’hui, sa technologie est obsolète, difficile à maintenir à terme et ne permet pas d’exploiter toute la potentialité du missile Aster telle qu’elle est prévue dans sa feuille de route », explique Marie-Anaïs Perrin, Responsable commercial et coopération pour Thales.
 
Outre l’intégration de nombreuses PME françaises, telles que CAP2i (Yvelines) ou Halgand (Loire-Atlantique), le processus de définition du SAMP/T NG aura été l’occasion d’une démarche innovante pour Thales. Tout d’abord sur la méthodologie, avec « des équipes en plateau qui nous ont permis de prendre en compte les demandes de l’utilisateur et du client notamment en terme de retours utilisateur sur le système actuel, sur l’identification des menaces et sur l’ergonomie et l’interface homme-machine », souligne Thomas Got, Directeur général en charge des activités Opérations aériennes et Systèmes d’armes. L’architecture du radar se veut également innovante de par son ouverture facilitant la mise en réseau entre le SAMP/T NG et les radars autres que ceux de la gamme Thales « de manière à optimiser les ressources et gagner en performance ».
 
Le GF300 s’inscrit dans la continuité du radar Sea Fire, appelé à être déployé sur les cinq futures Frégates de défense et d’intervention de la Marine nationale. Si son plateau tournant intègre les briques de base identiques à celles du Sea Fire, le GF300 se distingue de son homologue naval par le nombre de modules intégrés dans son antenne, de l’ordre de 20 contre 12 par panneau pour la version navale (48 au total).
 
Il sera par ailleurs déployable en moins de 15 minutes, la réalisation d’un démonstrateur ayant été lancée en 2017 par la DGA pour, entre autres, dérisquer et valider cet aspect. Ses grandes caractéristiques comprennent une portée en veille de 400 km, contre une centaine de km pour l’Arabel, une couverture hémisphérique de 360° par 90°, « ce qui le rend apte à traiter efficacement les missiles balistiques », une capacité de suivi simultané de 1000 cibles, et la liaison de télécommande missile intégrée (kill assessment). Enfin, le GF300 se veut être « fortement évolutif ». Il pourra à terme, par reconfiguration logicielle, adresser des menaces futures « comme par exemple le traitement de missions supplémentaires comme celle de la contre-batterie en remplacement du Cobra lorsque cela sera envisagé ».
 
Vers l’infini et au-delà 
 
Mais le duo Aster 30 B1 NT/GF300 pourrait un jour accueillir un troisième larron. En liaison avec la DGA, les équipes de Thales planchent en effet sur la préparation d’une feuille de route pour une nouvelle famille de radars basés sur la bande UHF, beaucoup plus basse que celle utilisée pour les radars en bande S, dont la fréquence se situe autour de 3GHz. Cette réflexion vise à nouveau à anticiper l’apparition de missiles hyper-véloces et de nouvelles menaces exo-atmosphériques. « Le recours à cette bande UHF, qui fonctionne autour de 500 MHz, permettra d’accroître la portée de nos radars et, dès lors, de donner à nos systèmes un préavis supplémentaires face à ces menaces », déclare Wilfried Greverie, Directeur études amont pour les radars de surface.
 
Un atout supplémentaire non négligeable: l'intégration d'une antenne radar UHF (Crédit photo: Thales)

Un atout supplémentaire non négligeable: l’intégration d’une antenne radar UHF (Crédit photo: Thales)


 
Cette future gamme répondra à trois applications. La première relève de la surveillance et de la défense antiaérienne par l’entremise d’un alerteur radar tactique moyenne portée autorisant la détection des cibles furtives, des missiles hyper-véloces et des missiles balistiques à moyenne portée. Modulaire et robuste, « ce système pourra parfaitement s’intégrer au sein du système SAMP/T NG pour étendre encore plus ses capacités », précise Greverie. Il comportera en outre une innovation toute particulière, à savoir la possibilité d’être couplé localement avec un ou plusieurs autres radars identiques pour étendre davantage ses performances en fonction de la sévérité de la menace, ce qui, selon Thales, « n’a encore jamais été fait ». La seconde application contribuera à l’alerte avancée au travers d’un radar très longue portée « capable de détecter des missiles balistiques à plusieurs milliers de kilomètres ». Enfin, ce radar aura pour troisième fonction de surveiller les orbites basses « où réside déjà plus de 80% des objets spatiaux de plus de 10 cm ». Sans compter sur la prolifération à venir des constellations de micro et nanosatellites. Pour répondre efficacement à ces nouvelles contraintes, les équipes de Thales travaillent sur un avant-projet appelé à aboutir sur un nouveau radar, « successeur possible du système GRAVES ». L’enjeu industriel de ce projet est donc de taille, à l’image de son antenne de réception, constituées de dizaines de milliers d’antennes élémentaires et dont la surface sera supérieure à la moitié d’un terrain de rugby. Un démonstrateur est à présent déployé dans le sud-ouest de la France. « Les premiers résultats obtenus sont très prometteurs », s’est félicité le géant français.
 
Un SAMP/T NG pour 2025
 
« Issu d’une coopération franco-italienne réussie », le SAMP/T est actuellement en service au sein de l’Armée de l’air et de l’armée de Terre italienne. Les huit escadrons de défense sol-air (EDSA) français ont trois missions principales: assurer la protection des bases aériennes à vocation nucléaire, l’accompagnement de la FOT et l’intégration aux dispositifs particuliers mis en place pour la sûreté aérienne lors d’évènements majeurs, tels que le défilé militaire du 14 juillet ou le salon du Bourget. Ce programme trentenaire est entré dans une nouvelle phase avec le développement du SAMP/T NG, dont le lancement est attendu pour la fin 2019 avec une mise en service prévue à l’horizon 2025.
 
« Le SAMP/T de nouvelle génération devrait intégrer des performances augmentées, notamment en terme de rayon d’action puisque l’interception devra être environ trois fois supérieure à ce qu’elle est aujourd’hui », ajoute Got. Ainsi, le missile Aster 30 B1 NT sera en mesure d’intercepter des missiles balistiques présentant une portée maximale de 1500 km, contre 600 km avec la génération actuelle. Les réflexions, tant autour du missile qu’autour du radar, aboutiront également à l’amélioration du traitement des menaces nouvelles « furtives, hyper-véloces, manoeuvrantes ou saturantes ».
 
Hormis les clients français et italiens, l’introduction du SAMP/T NG devrait permettre au couple Thales-MBDA de concurrencer le Patriot de l’américain Raytheon (sélectionné coup sur coup par la Pologne, la Roumanie et la Suède), le S-400 russe et le système David’s Sling proposé par l’Israélien Rafael. Et le premier succès à l’export est sans doute bien plus proche qu’on ne le croit. « La Suisse a dernièrement lancé une consultation pour laquelle la France, les États-Unis et Israël ont été sollicités ». Un projet d’acquisition inscrit dans le programme « Air 2030 » des forces armées helvètes et auquel seuls la France et les États-Unis ont soumissionné, confirme Got. La décision pourrait intervenir vers la fin de l’année 2020 pour une notification en 2023.

Tags:

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *