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Les drones, comme beaucoup d’autres inventions brillantes, sont malheureusement utilisés pour des missions bien éloignées de celles pour lesquelles leurs inventeurs les ont conçus. Parce qu’aujourd’hui ces drones sont relativement bon marché, accessible au grand public, et facile d’utilisation, un nombre croissant d’entre eux survolent des espaces où ils ne sont ni les bienvenus, ni autorisés.
 

Un mini drone. Il s'agit de celui apparaissant sur la photo ci-dessous (Crédit photo: Christina Mackenzie)

Un mini drone. Il s’agit de celui apparaissant sur la photo ci-dessous (Crédit photo: Christina Mackenzie)


 
Le phénomène est à ce point devenu perceptible qu’à l’automne 2014, le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) et l’Agence nationale de la recherche ont lancé un programme afin de trouver des moyens de contrer cette menace sans recourir au spoofing (ou « usurpation »), une technique de remplacement du signal émis par le drone avec un autre, ce qui est illégal en France.
 
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Portable et aisément manoeuvrable, les drones sont maintenant accessibles au grand public (Crédit photo: Christina Mackenzie)


Les choses ont remarquablement évolué depuis. Dès avril 2015 trois démonstrateurs avaient été sélectionnés parmi 24 candidats : ANGELAS (Analyse Globale et Évaluation des technologies et méthodes pour la Lutte Anti UAS), BOREADES et SPID (Système de Protection Intégré anti Drones) ; le C-UAV Pioneer Group rassemblant l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, la France, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède fût formé en octobre de la même année ; une loi est ensuite entrée en vigueur le 25 octobre 2016 en France pour renforcer la sécurité dans l’utilisation de drones civils ; et finalement le 18 novembre dernier, les trois projets sélectionnés en 2015 étaient présentés sur la base aérienne de Villacoublay, dans la banlieue ouest de Paris. FOB y était.
 
Pourquoi ? Il est légitime de se poser la question car ce projet est essentiellement civil. La réponse se trouve dans le fait que si un drone est détecté et identifié comme malveillant, il est obligatoire en France de faire appel à la gendarmerie ou à l’armée pour le neutraliser. Ce sont les seuls autorisés à effectuer pareille mission. Et la principale méthode utilisée revient à brouiller les signaux, soit pour empêcher le drone d’ « écouter » son pilote, soit pour lui interdire de recevoir le signal GPS dont il a besoin pour fonctionner et le forcer à atterrir immédiatement à l’endroit où il aura perdu ce signal. Dès lors, l’opérateur militaire doit s’assurer qu’au moment où le signal est brouillé, le drone survole un endroit où il peut atterrir en toute sécurité.
 
Le brouilleur portable, petit et facile d'utilisation développé par Thales dans le cadre du projet ANGELAS. Le stylo vous donne une idée de la taille (Crédit photo: Christina Mackenzie)

Le brouilleur portable, petit et facile d’utilisation développé par Thales dans le cadre du projet ANGELAS. Le stylo vous donne une idée de la taille (Crédit photo: Christina Mackenzie)


Dans le cadre du projet ANGELAS, doté d’un budget de 1,6 M€ et coordonné par l’ONERA (Office National d’Etudes et de Recherches Aérospatiales), Thales, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), Telecom SudParis, EDF et l’Institut de criminologie de Paris (qui s’est assuré que les propositions soient conformes aux conventions, lois et règlementations applicables) ont centré leur travail de neutralisation sur des technologies de brouillage du signal GPS, des liaisons de commande et vidéo, et sur la possibilité d’éblouir le drone au moyen d’un laser.
 
ANGELAS « n’est pas industriellement mature » mais l’idée fût de « travailler sur des technologies en amont », nous expliquait Jean-Michel Negret, responsable des produits anti-drones chez Thales. L’équipe s’est concentrée sur des solutions qui pourraient être déployées pour protéger des bases militaires, des aéroports, etc. « Nous n’avons pas travaillé sur la neutralisation de drones en zone urbaine », a-t-il souligné.
 
Dans le cadre du démonstrateur BOREADES, développé par la société française CS Communication & Systèmes, un fusil a été imaginé pour neutraliser la menace : l’UAV Scrambler 300, un système électromagnétique conçu pour brouiller le GPS et neutraliser les commandes. FOB a en outre appris que le système est utilisé depuis plusieurs mois, mais où et par qui nous n’avons pas pu savoir !
 
Le "fusil" UAV Scrambler 300 développé dans le cadre de BOREADES (Crédit photo: Christina Mackenzie)

Le « fusil » UAV Scrambler 300 développé dans le cadre de BOREADES (Crédit photo: Christina Mackenzie)


Parce qu’il existe un vaste marché à l’export dans les pays qui, eux, autorisent le spoofing, le projet BOREADES a également travaillé sur un système de spoofing intelligent d’urgence qui ne perturberait pas d’autres récepteurs GPS, radio, téléphonie mobile, etc. dans le voisinage où se trouve le drone illicite.
 
Le projet SPID, doté d’un budget de 1,2 M€ et coordonné par Roboost,  a utilisé des briques technologies déjà disponibles et la solution présentée a été conçue de façon évolutive afin d’intégrer facilement de nouvelles briques technologiques complémentaires, d’une part, et d’autre part, de s’adapter aux évolution réglementaires. Les équipements SPID ont aussi déjà été déployés à plusieurs reprises en conditions réelles lors d’événements majeurs démontrant « des capacités particulièrement pertinentes en milieu urbain ».

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