
Stéphane Mayer, président du GICAT et PDG de Nexter (Crédit photo: Nexter)
Consolidation… tel est le mot d’ordre exprimé le 30 Novembre par Stéphane Mayer, président du GICAT (groupement des industries de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres) et PDG de Nexter, lors d’une audition de la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale.
«
Le terrestre est encore extrêmement morcelé en Europe », s’est inquiété Mayer, précisant que l’industrie terrestre doit désormais affronter la «
très forte concurrence d’un grand nombre de pays qui étaient dits émergeants il y a quelques années et qui commencent à avoir une industrie qui entre en compétition ». L’une des façons de conserver la compétitivité et la supériorité technologique des filières françaises et européennes, «
sera la consolidation », suggère t-il.
Sans surprise, cette volonté de consolidation va de paire avec les inconnues entourant le projet de vente de Renault Trucks Defense (RTD), de Panhard et d’Akmat par le groupe Volvo. Car, à l’instar des parlementaires, le GICAT «
ne souhaite pas l’irruption, dans le paysage de l’industrie de défense française, d’un éventuel concurrent étranger […] qui viendrait s’impliquer et de fait rentrerait dans les programmes stratégiques importants dans lesquels travaille RTD ». Le projet n’en est, en effet, qu’à la phase de consultation des acteurs concernés, sans qu’aucune vente officielle n’ait été annoncée. «
Nexter, comme d’autres certainement, regardera le moment venu », confirme Mayer. Les deux entreprises étant complémentaires en terme de gamme, «
Je ne vois pas d’inquiétude sur les sites [de RTD]
. Chacun a ses compétences, chacun a sa spécificité, » rassure le président du GICAT .
Mayer ajoute que le groupe KNDS (dont 50% est détenu par le français Nexter et 50% par l’allemand Krauss-Maffei Wegmann) a lui aussi une position sur le sujet très claire et partagée par tous les actionnaires. Rien, en théorie, n’empêcherait l’intégration de RTD au sein de KNDS, car le groupe a d’emblée adopté une structure qui «
permet d’ouvrir soit le capital à d’autres acteurs, soit de procéder, comme toute entreprise à une acquisition pure et simple », rappelle t-il.
Mais pour le président du GICAT la consolidation du secteur terrestre doit également intervenir au niveau européen. «
Le développement de programmes communs est un outil, un vecteur qui permettra plus tard (…) d’avoir des opérations plus efficaces, plus aisées grâce à des matériels communs mais aussi les services qui vont avec. C’est donc un outil, un pas au service d’une future Europe de la défense », ajoute-t-il. Ainsi, Paris envisage d’ores et déjà des projets communs avec Berlin au travers, notamment, des initiatives du « Système Majeur de Combat Terrestre » (ou Main Ground Combat System) et du « Système d’Artillerie Futur » (ou Combat Indirect Fire System). Ces projets, dont la concrétisation n’interviendrait pas avant la décennie 2030, remplaceraient respectivement les chars Leclerc et Leopard, et les obusiers automoteurs AUF-1 et PzH 2000. «
KNDS est un candidat naturel », pour y répondre même si, pour qu’aboutissent ces programmes communs de char et d’artillerie, «
il nous semble nécessaire qu’il y ait des accords bilatéraux autour de la définition de ce programme et de son exportation », explique Mayer.