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Comment le SGDSN veut remodeler la planification de crise

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« Ce que nous avons vécu nous amène à nous remettre complètement à plat ». Pour le secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) Stéphane Bouillon, l’ampleur et la durée de l’épidémie de Covid-19 ont révélé les limites de la planification de crise française. Celle-ci sera donc entièrement remodelée dans les deux à trois ans pour mieux affronter les crises à venir. 

Les enseignements de la crise

« L’originalité de la crise du Covid, c’est qu’elle a surpris tout le monde et donc qu’elle nous oblige à repenser fondamentalement nos dispositifs de prévention », déclarait Stéphane Bouillon mercredi dernier devant la Commission défense de l’Assemblée nationale. 

« Auparavant, la gestion de crise, c’était comme une pièce de théâtre. Nous étions dans une unité de temps, de lieu, et au troisième acte le dénouement heureux intervenait. Personne n’a imaginé qu’il puisse y avoir une crise sanitaire qui s’étire depuis 18 mois, qui touche l’ensemble de la planète », complète le SGDSN, qui a repris en août 2020 les rênes de cet organisme interministériel chargé d’assister le Premier ministre en matière de défense et de sécurité nationale.

Un constat rapidement suivi d’une démarche qui doit « nous permettre progressivement de mieux réagir aux situations de crise que nous pouvons connaître ». Hormis la formations et la sensibilisation des acteurs non spécialisés ou les exercices NRBC comme celui organisé il y a trois semaines, le SGDSN coordonne en coulisse la refonte complète du dispositif de planification et de gestion de crise. 

Un mille-feuille de 1500 pages

Aujourd’hui, la mission de coordination du SGDSN repose sur une quinzaine de plans, chacun répondant à des menaces précises ou à des familles de menaces. Soit environ 1500 pages répertoriant 1000 fiches de mesures dans 100 domaines d’application. Un pavé dont l’usage est d’autant moins aisé que celui-ci intervient systématiquement dans un contexte d’urgence. 

La lourdeur de ces plans, « souvent calcifiés sur différentes couches qui n’ont pas forcément été mises à jour, qui ne sont pas toujours lisibles », a un impact significatif sur leur compréhension, puis sur la coordination et la réactivité des organismes et personnels mobilisés. 

Mercredi 1er avril 2020, deux hélicoptères Caracal de l’escadron d’hélicoptères 1 /67 « Pyrénées » assuraient pour la première fois le transfert de patients atteints du COVID-19 dans le cadre de l’opération Résilience (Crédits : EMA)

« Les militaires disent souvent que le plan est la première victime de la bataille. Je vous confirme que ce fut le cas », soulève le SGDSN. Même si ce « plan grippal » a été appliqué à 95% et a bien servi, son horizon n’aura pas dépassé les huit premiers jours de crise. « On ne savait alors plus comment faire », ajoute-t-il.

Les prochains plans devront être « plus concrets, plus simples, plus souples, plus adaptables, et donc mieux appliqués ». Derrière cette volonté, le besoin de mieux diffuser les bonnes idées, de rationaliser pour éviter les doublons, de se doter d’outils de suivi budgétaire et de suivi des mesures prises. 

Mieux articuler les plans entre eux

Menée à effectif constant, ce remodelage doit permettre de passer de la quinzaine de plans existant à, au plus, une demi-douzaine. Afin d’y parvenir, le SGDSN travaille sur le croisement entre des situations de référence, comme des troubles sociaux graves ou une crise cyber, et 20 fonctions thématiques orientées sur la gestion du risque, comme l’alimentation, l’accès à l’eau, les communications et les transports. 

Le tout doit former une grille de lecture « qui nous permette de réagir très rapidement à partir de ces situations génériques ». À terme, cette grille prendra la forme d’une arborescence, d’un tronc générique adaptable plutôt que « d’un mille-feuille qui s’empile ». Selon le SGDSN, le nouvel outil devrait assurer une meilleure appropriation par les ministères et une plus grande souplesse dans la planification.

Pour reprendre l’exemple de la pandémie, le SGDSN s’est aujourd’hui lancé dans la rédaction d’un socle reprenant l’ensemble des maladies infectieuses hautement pathogènes. S’y ajoute ensuite un volet capacitaire reprenant les ressources nécessaires pour y faire face. 

Ce travail de refonte est réalisé en liaison avec les ministères et échelons régionaux et locaux français, mais aussi avec l’Allemagne, l’Union européenne et l’OTAN, qui a placé le sujet au menu de l’un de ses prochains sommets. Quant au calendrier, il faut que cette nouvelle manière d’opérer « soit prête évidemment le plus vite possible ». En tout état de cause, avant les prochains grands rendez-vous populaires que sont la Coupe du monde de rugby de 2023 en France et les Jeux olympiques de 2024 à Paris. 

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