Une nouvelle vague d’appels à projets financés par le Fonds européen de défense (FEDef) est sur les rails. Parmi la trentaine de sujets proposés, deux touchent pour la première fois aux domaines des chars et de l’artillerie.
L’Europe en appelle une nouvelle fois à l’ingéniosité de sa filière défense. Pour cette promotion 2023, sept appels à projets rassemblant 34 thématiques seront financés à hauteur de 1,2 Md€, dont 790 M€ issus du FEDef. S’y ajoute une contribution allouée sans mise en compétition pour le développement d’un intercepteur endo-atmosphérique. Un effort gratifié d’un budget de 80 M€ et porté par MBDA, qui prend au passage sa revanche après s’être vu refuser le pilotage d’un projet similaire, HYDEF.
Au sol, deux projets sur les chars de combat et l’artillerie risquent d’attirer l’attention de certains grands noms de la BITD française. L’idée déplaira ou en rassurera certains, mais l’enjeu n’est pas de concevoir conjointement le Leclerc ou le CAESAR de demain mais bien de plancher sur des briques communes qui pourront ensuite être intégrées sur des plateformes actuelles ou à venir.
« Les chars actuellement dénombrés dans les inventaires des États membres de l’UE et des pays associés au FEDef (Norvège) sont soit vieillissants, soit obsolètes et, par conséquent, ceux-ci sont confrontés au besoin urgent de moderniser leurs plateformes en service et de remplacer celles approchant de la fin de durée de vie opérationnelle », pointe la Commission européenne.
Quant à l’artillerie, la Commission estime que, « compte tenu de la situation géopolitique actuelle », il devient plus que nécessaire de plancher sur des munitions de 155 mm et des roquettes « adaptées aux nouvelles menaces en augmentant la portée de tir par rapport aux systèmes actuels tout en maintenant le principe d’interopérabilité ».
Côté chars, les 20 M€ débloqués serviront à alimenter une ou plusieurs idées d’amélioration de sous-systèmes. Le projet brasse large, les activités qu’il pourrait soutenir relevant autant des performances de la plateforme que de sa protection contre les menaces connues et émergentes, sa frugalité, sa discrétion, ou encore sa capacité à opérer conjointement avec des systèmes non-habités. Si la priorité est mise sur l’étude et la conception, des activités de développement ne sont pas exclues.
Côté appui-feu, il s’agira essentiellement d’adresser des besoins en matières de portée, de précision, d’effet terminal et de survivabilité en environnement contesté. Ainsi, la portée devra a minima atteindre 80 km pour une roquette, 50 km pour un obus de 155 mm. Des performances que peu d’industriels européens sont en mesure de proposer aujourd’hui, à l’instar de Nexter ou du norvégien Nammo pour le segment des obus. La question des coûts reste centrale et doit être prise en compte à l’aune des niveaux de consommation propres à un conflit symétrique de haute intensité, pointe la Commission.
La compétition sera officiellement lancée le 15 juin. Les industriels et laboratoires de recherche ont jusqu’au 22 novembre prochain pour y candidater. Reste à voir quels acteurs parviendront à fédérer les meilleurs éléments et arguments. Réponse à l’été 2024.
Crédits image : armée de Terre