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Carnets de route : visite le long de la DMZ coréenne (1ère partie)

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L’évènement semble tout droit sorti d’un scénario des années de guerre froide. Il n’est pourtant pas si rare… Samedi à 12h06, un soldat nord-coréen opérant dans un poste d’observation de la DMZ, la zone démilitarisée séparant la Corée du Nord de celle du Sud, a fait défection, après avoir tué ses deux supérieurs. La veille, quelques journalistes français de l’association des journalistes de défense, dont FOB, étaient exceptionnellement accueillis par les sud-coréens le long de la DMZ.
 
Le temps était agréable en cette journée de vendredi : 23 degrés, pas un nuage. La saison est douce et la végétation dense. Surtout dans la DMZ, cette bande de 241 km de long et de 4 km de large, où aucune activité n’est permise depuis 1953. Ici, depuis des décennies, les soldats des deux Corées s’observent de loin. Depuis cet armistice signé en juillet 1953 et qui avait mis fin à la sanglante guerre de Corée (près de 4 millions de morts) partageant le pays en deux, le long du 38ème parallèle. Un événement marquant du début de la guerre froide et une division d’un pays qui ne devait, dans l’esprit des Nations Unis d’alors, ne durer tout au plus que quelques années. Résultat, dans moins d’un an, l’anniversaire des 60 ans de la DMZ sera célébré. 60 ans durant lesquelles rien n’a bougé. Ni les forces en présence, ni le dispositif des Nations Unis, ni la très forte présence américaine, pourtant de moins en moins tolérée par la population coréenne. Aujourd’hui, les positions se sont enracinées et la DMZ est devenue un havre de paix pour les animaux, la nature reprenant ses droits.
« Les derniers incidents armés remontent à 1997 » commentait ce vendredi le général Yoon, commandant la 3ème division coréenne, la plus prestigieuse de l’armée de terre qui a pour emblème une tête de mort symbolisant l’engagement jusqu’au sacrifice ultime. Il faut dire qu’à partir des années 90, la généralisation des puissants moyens d’observations nocturnes a fossilisé les positions. « Reste que les défections demeurent nombreuses, la dernière en date, celle d’un militaire en 2010 » continue le général au QG de la division, au sud-est de la DMZ.
A quelques kilomètres de là, au poste d’observation avancé de Myul Gong, la vue est dégagée et les emprises nord-coréennes se distinguent nettement sur les nombreux monts. Au nord, la province de Pyong Gang, une région baptisée « le triangle de fer » en mémoire aux féroces combats et bombardements qui ont eu lieu ici. La région est stratégique, le poste d’observation avancé de Myul Gong garde l’entrée d’une des trois trouées d’accès vers sud. Séoul n’est qu’à 60 kilomètres.
Retour à la journée de samedi 6 octobre. Dans le poste avancé de la ROK (Republic of Korea), les six coups de feu mortels tirés par le transfuge de seulement 18 ans ont clairement été entendus dans la vallée d’habitude très calme. Le GOP (ground observations post) en face de celui où se déroule le scénario, n’est qu’à 500 mètres de la ligne de démarcation militaire, soit à peine à 1 km de la scène. Les observateurs sud-coréens ont peut-être même assisté en direct à la fusillade, ne quittant jamais le nord de vue. Le soldat nord-coréen une fois débarrassé de ses deux supérieurs a quitté sa position, courant rejoindre la ligne de démarcation, afin d’échapper à l’alerte vraisemblablement donnée aux postes de la KPA (Korean People Army). Le régime du nord n’est pas tendre avec les « defectors ». Leurs familles sont même durement sanctionnées, mises au rebuts de la société communiste.
Mais ce jour, ce samedi, ce jeune soldat, qui venait d’être enrôlé, aura eu de la chance. Suivant les chemins en terre des patrouilles, seuls endroits non minés de la DMZ, il est arrivé désarmé au bord de la ligne de démarcation. Le nordiste avait pris soin de prendre avec lui un haut-parleur, et crie aux soldats du sud ses intentions : la fuite de ce régime qui s’isole et affame sa population. Il est actuellement interrogé par les services de renseignements sud-coréens, le NIS. Peu d’information ont filtré sur ce nouveau transfuge. Bientôt, l’affaire sera transmise à la commission militaire d’Armistice de l’UNC (United Nations Command), une organisation regroupant 16 pays et qui a pour mission, depuis 60 ans, d’enquêter sur tout événement intervenant dans la DMZ.
 
Photos prises le 5 octobre: Soldat nord-coréen à Panmunjeom au JSA (Joint Security Area) / Soldat sud-coréen observant le nord au poste avancé de Myul Gong / La DMZ, au fond, un village nord-coréen. Crédits: Guillaume Belan (reproduction interdite)
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