LOADING

Recherche

Avec le Serval, une page de 30 ans se tourne pour le 3e RPIMa

Partager

Un nouveau type de rugissement se fait entendre depuis peu sur le causse de Caylus, dans le Tarn-et-Garonne. Ce sont les 375 chevaux du Serval, dernier-né de la famille SCORPION que le 3e régiment de parachutistes d’infanterie de marine est le premier à confronter au terrain. Retours d’expérience à la clef, aussi divers que nécessaires pour alimenter une transformation qui touchera toute l’armée de Terre. 

Une page de trente ans se tourne

« Mes paras sont particulièrement heureux », notait ce mardi le colonel Benoît Cussac, chef de corps du 3e RPIMa, sur le camp de Caylus. Après les 24 instructeurs et primo-pilotes formés à Mourmelon, c’est au tour du gros de la troupe de découvrir sa nouvelle monture : le Serval. Les jeunes paras « sont comme des gosses, et tant mieux ». Pour les plus anciens, c’est une page ouverte il y a 30 ans avec le VAB qui se tourne. Pour tous, c’est l’entrée dans l’ère SCORPION. 

« L’arrivée du Serval fin mars et la rénovation de nos systèmes de communication marquent aujourd’hui concrètement la transformation SCORPION du régiment », relève le colonel Cussac. Vingt Serval en version véhicule de patrouille blindé sont déjà parvenus jusqu’à la caserne Laperrine de Carcassonne. De quoi permettre d’entamer ou de poursuivre la formation des 1e et 3e compagnies. Elles seront rejointes prochainement par les « léopards » de la 4e compagnie. La 2e, en partance pour la Nouvelle-Calédonie, attendra un peu. Neuf autres Serval seront perçus d’ici la fin de l’année. Un complément de versions d’appuis suivra en 2024 pour parfaire un parc régimentaire établi à demeure. La zone technique dévolue au stockage, à l’entraînement et à la maintenance des équipements SCORPION, « un investissement de plusieurs millions d’euros », sera livrée cet été à Carcassonne. 

« C’est un pas important dans la progression du programme, cela veut dire que le Serval n’est plus un engin en développement à la main exclusive de la Section technique de l’armée de Terre. C’est bien un véhicule qui arrive dans les forces », souligne le lieutenant-colonel Masse, officier d’opération constituante Serval au sein de la Section technique de l’armée de Terre (STAT). Premier régiment doté, le « 3 » se voit confier la mission d’ouvrir la voie. À lui et ses paras de convertir un véhicule fraîchement sorti d’usine en « un outil de combat » en le confrontant à un cadre d’emploi opérationnel.

La tâche n’est pas mince, car ce petit frère du Griffon n’a pas seulement vocation à remotoriser les deux brigades d’urgence de l’armée de Terre, les 11e brigade parachutiste et 27e brigade d’infanterie de montagne. Plus de 2000 exemplaires seront acquis à terme auprès du titulaire du marché, le groupement momentané d’entreprises formé par Nexter et Texelis. Ils succéderont non seulement au VAB et à d’autres véhicules, mais équiperont aussi d’autres brigades de l’armée de Terre, d’autres armées et services. « Nous savions que nous participerions à cette montée en maturité du système et à trouver notre façon de l’utiliser. Cela contribue à un véritable enthousiasme car nous sommes conscients d’apporter notre pierre à l’édifice », se félicite le commandant du 3e RPIMa. 

Premières impressions

Mobilité, protection, habitabilité, puissance de feu, modularité, etc. : les apports se vérifient chaque jour sur les pistes du camp de Caylus. Démonstration faite lors de la prise simulée du village de combat par la 3e compagnie et ses 14 Serval. Un assaut sous blindage lors duquel les paras ont exploité le potentiel du véhicule, à commencer par les capacités d’observation et d’agression des tourelleaux téléopérés T1 et T2, inexistants sur VAB. Le premier, le plus « musclé », armera en priorité les unités de mêlée. Le T2 équipera des véhicules moins « exposés » que sont les Serval PC, sanitaires ou de ravitaillement. « Bien réglé, bien servi, le tourelleau fait but sans aucun problème. Un Serval bien posté et dont le tourelleau est bien opéré remplace un groupe de combat en observation », estime le colonel Cussac. 

Pour le 3e RPIMa comme pour les autres régiments déjà « scorpionisés », l’autre révolution presque invisible. « Le programme SCORPION porte aujourd’hui le combat collaboratif, un combat infovalorisé qui se caractérise par le partage très rapide de l’information, l’accélération du combat et la mise en synergie des capteurs et des effecteurs », rappelle le colonel Damien Sandeau, officier de programme SCORPION à l’état-major de l’armée de Terre. Le premier apport du système d’information du combat SCORPION (SICS) ? La géolocalisation amie, ou « blue force tracking ». Une « porte d’accès au combat collaboratif » et « un vrai pas en avant » pour des unités parachutistes appelées à opérer derrière les lignes ennemies. « Aujourd’hui, le seul frein qui existe, c’est la qualité des transmissions radio. Nous le savons, nous connaissons les étapes à venir et c’est particulièrement encourageant », complète le colonel Cussac. 

Dans ce domaine aussi, la progression est incrémentale. Pour l’instant mis en oeuvre de façon isolée, le « logiciel SCORPION » évolue pour être capable, l’an prochain, de mettre en réseau deux véhicules « pour pouvoir proposer la réaction la plus adaptée en fonction du contexte », annonce le colonel Sandeau. Et les jalons suivants verront la mise en place de l’intelligence artificielle, notamment sur l’identification des cibles et l’exploitation des modèles numériques de terrain afin d’offrir des capacités de prédiction du positionnement de la menace. Voilà le niveau d’ambition actuel, établi dans un premier temps au niveau de la section et du peloton et progressivement amené vers celui de la compagnie et de l’escadron. 

Si ce blindé de 15 à 17 tonnes est « bien né », certains besoins d’évolutions ne pouvaient être détectés qu’à l’usage. « C’est la poignée placée au mauvais endroit et qui se confond avec les câbles, au risque de les arracher un coup sur deux », mentionne le chef de corps. Ce sont aussi certains équipements en cours de maturation au niveau du système de transmission, ou encore un dessin de la caisse à affiner. Ces défauts de jeunesse n’ont rien d’anormal, rappelle la STAT. Ils sont d’ailleurs rapidement intégrés dans la boucle que celle-ci forme avec le régiment, la Direction générale de l’armement et les industriels. Qu’importe les écueils, « les performances observées viennent confirmer les choix et orientations du programme », résume le lieutenant-colonel Masse. 

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *